Valeur sentimentale semble avoir fait l'unanimité chez les critiques cinéma et pourtant, tout comme avec Julie en 12 chapitres, c'est un film que j'ai trouvé absolument pas à la hauteur de son ambition.


Tout se veut "grand" dans ce film. Mais tout est rapetissé par l'énorme prétention du réalisateur que l'on ressent constamment, accompagné d'une relative pauvreté intellectuelle dans la manière de concevoir les liens sociaux.


Se revendiquant être dans une filiation autoproclamé qui le lierait à Bergman et Ozu, dont on ressent l'influence par certaines scènes réussies (je pense notamment à la scène du début dans la maison après l'enterrement, la meilleure du film j'ai trouvé), Joachim Trier reste un cinéaste idéaliste qui par la substance même de son art est aux antipodes d'un cinéma comme celui d'Ozu.


Faire un film sur une famille bourgeoise norvégienne sans problèmes matériels apparents est quelque chose de tout à fait légitime. Partir d'une vision empathique de ce groupe social permet de prendre la mesure du fait qu'ils ont eux aussi leurs problèmes, et qu'il y a matière à construire un objet esthétique riche à retranscrire à l'écran. Or à travers l'unique angle choisi par Trier pour représenter ses personnage, relevant de la psychologisation de leurs situations sociales,

ils les déracinent dans sa manière de les filmer et n'essaye même pas de faire transparaître quelque chose qui serait du ressort de leur sociologie. Si cette jeune femme n'est pas heureuse dans la vie, c'est parce que Papa n'a pas été assez présent et que ça lui a crée une blessure d'attachement dont la seule thérapie possible est ... la reconstruction de ce lien. Elle a souffert de la distance émotionnelle avec son père et maintenant elle a du mal avec les hommes dans sa vie. Voilà, c'est tout.


Cela ne peut donner lieu qu'à un cinéma hors-sol, qui satisfera certainement une petite bourgeoisie culturelle, qui souvent adore la psychologie de comptoir (voir le succès d'une série comme "En thérapie" sur Arte) mais qui dans l'histoire du septième art, sera à mon avis vite oublié.





MarinParigi
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le 20 août 2025

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Marin Parigi

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