Une grande maison dans la banlieue chic d'Oslo est traversée depuis des générations par les souvenirs familiaux: les fractures sombres de la seconde guerre mondiale comme les disputes des parents de Nora et Agnes, qui en gardent un poids pesant.
Actrice névrosée rongée par le mal-être, Nora vit très mal le retour de leur père, Gustav Borg, un réalisateur de renommée internationale. Le film trace le dur travail de réconciliation, avec le père, le passé familial, sa carrière d'artiste et sa vie privée.
Le titre du filme laisse entendre son ambition de questionner nos passions humaines, ce qui nous rend humains, nous fait vivre. Malheureusement, il peine à remplir ce noble objectif à cause d'un style ampoulé qui anesthésie notre capacité à nous attacher aux personnages et au récit. Il verse ainsi dans un sentimentalisme où tout est trop gros - quand l'actrice US surjoue dans une scène sensée être poignante ou l'extrait de film sur la fuite des deux enfants pendant la seconde guerre mondiale.
La question du mal-être, pourtant au cœur de nos préoccupations, est portée par un personnage, Anna, pour lequel on a peu d'empathie. Cet état de mal-être est bien des fois impénétrable, mais ici on est frappé par sa cause banale - un couple qui se déchire sous les oreilles et yeux de leurs enfants - que tout le récit en ressort apprêté.
Néanmoins, la solidarité et l'amitié entre les deux sœurs est un élément fort du film.
L'esthétique et la musique du film sont parfaitement maîtrisées, mais participent ironiquement à en faire une sorte de "film IKEA", consensuel, pratique mais qui manque d'authenticité et de vécu. Toutefois, le montage des portraits, plus osé, propose une parenthèse artistique qui casse le rythme assez lent du film.
La figure du père ne semble pas pleinement assumée, lui qui fait des commentaires à caractère sexiste mais semble excusé car étant de l'ancienne génération. On apprécie néanmoins une des questions en toile de fond, à savoir le rôle de l'art et la figure de l'artiste pour se réconcilier avec le monde. Enfin, l'ironie de la scène finale filmée sur un plateau de cinéma apporte une fausse note dans ce film trop polissé, une fraîcheur certes bienvenue mais un peu tardive.