Le conflit du Liban n'est pas des plus représentés au cinéma et le film a le mérite de mettre un coup de projecteurs sur les événements. Le problème c'est que la représentation personnelle du réalisateur sous motif d'une auto-thérapie révélatrice et dénonciatrice a tendance à altérer l'horreur du conflit. Le choix du format dessin animé abonde dans ce sens, ce qui me dérange le plus c'est cette volonté d'insuffler de la poésie à une invasion militaire et de styliser la guerre.
L'animation est vraiment rudimentaire mais elle donne un rythme particulier à l'histoire. La narration volontairement décousue joue sur le principe du souvenir refoulé, un peu comme dans "Mysterious skin" le héros n'arrive pas à se remémorer un épisode du passé et cherche l'ami avec qui il partage son souvenir. Ensuite les flash-back classiques style G.I hanté par le Vietnam éclaircissent le tableau avec en prime les interviews d'autres acteurs comme un journaliste ayant couvert le conflit.
Le style hybride entre animation et documentaire est novateur mais désincarne trop le propos, sans cantonner l'animation à un public exclusivement jeune ce décalage ne fonctionne pas ici. Les interviews auraient gagnées à être en prise de vue réelle car elles montrent les limites d'une animation statique sur un sujet statique sans apporter de valeur ajoutée.
Le traitement du conflit côté envahisseurs bien qu'assez exclusif entre tout à fait dans le projet du réalisateur d'une vision personnelle des événements mais pose des questions, on ne sait jamais quel est le degrés de réalité ou de reconstitution mémorielle sur ce qui nous est montré.