Dans le monde des remakes, parlons un peu de Vendredi 13. La saga, initiée par le bancal Vendredi 13, a perdurée pendant 10 épisodes (de qualité très variable, avec un épisode X particulièrement nanardeux qui m’a beaucoup fait rire (et que j’ai payé 17 euros), et un IX bisseux au possible), et s’est même offerte le luxe d’un petit duel sympathique avec l’inénarrable Freddy, le pédophile préféré du monde entier. Plutôt que d’essayer de redorer le blason de la franchise, Marcus Nispel décide de jouer là même carte que pour TCM : relecture à fond, dépoussiérage… Sauf qu’il s’agit d’un hommage plat, une sorte de vintage nanardeux ayant l’air de sortir tout droit des années 80, mais en 2009.


Ce remake officiel de la saga (il pioche des éléments dans plusieurs épisodes, dans le 1 pour l’intro, dans le 3 pour le masque…) ne semble absolument pas avoir marqué la communauté cinéphile, essentiellement parce qu’au final, son statut de remake n’apporte rien de plus à la saga qu’il résume. Pour ceux qui auraient manqué quelques épisodes, ce remake constituait une petite chance de se la jouer vintage en allant au cinoche pour une séance pas prise de tête, vaguement divertissante quand des meurtres arrivent, et nanardeuses le reste du temps. Cependant, force est de constater que si il ne transcende pas son sujet, il se contente d’être une gentille récréation dans l'exécution. Insistant à fond sur la débilité des différents protagonistes (le premier quart d’heure est un merveilleux hommage dans sa capacité à ressortir le coup classique des campeurs qui viennent s’envoyer en l’air près du feu de camp), Jason, à défaut de faire peur, fait rire, de ce rire à cheval entre le nanar volontaire et involontaire, où la connivence avec le spectateur est totalement de mise (en cela, le film fait preuve d'une certaine intelligence, car il utilise l'humour pour accompagner ses clichés et créer déjà l'attente de l'exécution sommaire de notre boogeyman en bonne forme (il s'est mis au tir à l'arc !)). De petits meurtres gores ça et là, le spectateur ne sera de toute façon durablement marqué par aucun des différents artifices de la production, même si pendant le visionnage, le plaisir est là. Quand on voit un gros redneck pas lavé attraper Hustler, commencer à parler au poster central (genre « T'aime ça, hein, cochonne ! ») et à lécher la photographie… ben ça c’est du grand cinéma comme on aime ! On tient là des personnages authentiques qu’on ne remet absolument pas en cause, parce qu’on les comprend… Fuck Scorcese et ses personnages torturés type Taxi Driver, là, on tient de l’étude de caractère finement menée ! Et ce qui est succulent, c’est que le film est parsemé de perles dans ce genre. Un étudiant qui se masturbe sur La Redoute, un autre qui, trouvant la cave, se met à picoler et à tout casser, le beau gosse du groupe qui ne pense qu’à tremper son biscuit avec la bimbo de passage… C’est peu dire que d’affirmer qu’on a droit à un spectacle généreux qui ne prend pas son public pour des imbéciles. Une heure et demie à rire de la débilité de l’ensemble du casting, ça fait quand même long pour un divertissement qui ne dépassera jamais les quotas de base et qui applique les codes du slasher sans vraiment se révéler virtuose. Pareillement, on peut un peu regretter la dernière partie qui se concentre sur une intrigue familiale un peu audacieuse vu les précédentes ambitions (comprendre par là qu'elle tente quelque chose qui ne sera pas apprécié par tous les spectateurs d'horreur) malgré l’accélération du rythme. Le fantastique habituellement ressorti dans la saga est ici esquivé (le remake se considérant comme le « premier » dans le genre, il ré-invente un peu les règles, notamment en remplaçant le liquide noir par du sang normal). A défaut d’apporter du nouveau, le goût de vieux de cette production Michael Bay reflète un certain respect pour le matériau d’origine qui fait gentiment son boulot, sans toutefois trop marquer le coup pour supplanter ses illustres prédécesseurs (Freddy vs Jason essentiellement, et dans mon cas Jason va en enfer). Un nanar sympathique qu’on oublie vite après visionnage, et ceux qui voulaient du sérieux repasseront pour la dernière demi heure. Pas si mal en fait, on peut le revoir régulièrement en restant toujours surpris par les blagues régressives.

Voracinéphile
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le 4 déc. 2015

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