Venom réussit un double exploit, chose que l'on expérimente de plus en plus rarement au cinéma :


˗ Même en étant prévenu de la (non) qualité du truc que Sony appelle un film, il arrive encore à décevoir... Triste programme en perspective.


˗ Il arrive à rendre son spectateur furieux, tant le cynisme qui a présidé à sa production s'affiche sans vergogne à l'écran. Et là, le masqué, il l'a encore en travers de la gorge.


Il aura cependant un seul mérite, celui de contredire les anti-fa Marvel / Disney, les gros vilains pas beaux qui ne font des films que pour le fric et qui participent à la débilité de l'humanité. Comme si les grandes oreilles et les collants se présentaient comme des entreprises de philanthropie... Sauf que Disney et Marvel proposent quasiment toujours quelque chose de propre et d'au moins regardable et appréciable. Les fâcheux pourront donc rabâcher leur habituel soliloque gâteux puisque cette fois, il n'y aura absolument rien à leur rétorquer.


L'oeuvre fera même relativiser l'ampleur de la déroute Warner, c'est dire l'étendue du désastre.


Non content de constituer une immonde tâche de vomi sur le C.V. de Ruben Fleischer, Venom n'hésite pas à trahir son vilain vedette et à renier toute sa sauvagerie et sa violence au profit d'une action ripolinée et small teuf. Une action sans queue ni tête dénuée de la moindre goutte de sang, de la moindre intelligence ou chorégraphie de manière un tant soit peu lisible ou virevoltante. Absolument rien à se mettre sous la dent, si ce n'est des effets spéciaux variant entre le juste honorable et le tout bonnement affreux, indigne même de l'industrie des années 80.


Mais si ce n'était que cela... Car Venom signe tout simplement la faillite du jeu de Tom Hardy, à la limite du honteux, qui le verra calmer son mal en bouffant du KFC sorti de sa poubelle ou plonger dans l'aquarium d'un restaurant de fruits de mer pour faire tomber sa fièvre. Le malaise est presque constant, soutenu par des scènes humoristiques pathétiques dont une fait directement référence au Mask de Jim Carrey tout en le faisant se retourner dans sa tombe.


Rien ne nous sera épargné dans Venom, qui finira de niquer sans vaseline sa figure de proue aux allures de dark gloubiboulga dans des disputes vaines avec son alter ego lui faisant apprendre le bien et le mal, en le voyant vampiriser un chien de mémé shampooing, ou encore déchainer sa très maigre violence dans un hors champ lamentable pour ne pas choquer les 4-10 ans, coeur de cible manifeste du bousin. Et le spectateur croira même rêver le temps où le symbiote s'improvise conseiller conjugal pour un couple tarte à la crème dont les protagonistes ne risquent pas de retrouver du travail avant longtemps.


Venom est donc une ignoble trahison, torpillant dans l'oeuf la tentative de Spiderverse chère à Sony, ainsi que ces symbiotes fascinants de noirceur et de folie dans les comics, réduits ici à un monstre gentil qui promet de ne tuer que les vilains pas beaux, et à un méchant qui n'est même pas le vrai méchant. Sans oublier son reporter, transformé pendant à peine une heure trente en Elise Lucet post Cash Investigation du trente-sixième dessous en pleine descente d'organes... On croit rêver devant tant d'ineptie.


Encore heureux que Spider-Man ait jugé bon de ne pas mettre un orteil dans cette aventure car la catastrophe aurait été complète. C'est à se demander si Sony ne sabote pas sciemment ce qui lui reste du Spiderverse histoire de couper l'herbe sous le pied de Disney / Marvel, tiens.


Au point où on en est question cynisme...


Behind_the_Mask, ♫ C'est le pays joyeux, des enfants heureux, des monstres gentils, oui c'est un paradis...♪

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le 10 oct. 2018

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