Le symbiote est moins convaincant sans Spider-Man !

Venom n’est pas dénoué de défauts et s’apparente davantage à un blockbuster lambda qu’à une véritable prise de risques comme ont pu l’être Deadpool ou Logan (que l’on apprécie ou pas). Le problème majeur du film de Ruben Fleischer c’est qu’il ne sait pas sur quel pied danser. Le cul entre deux chaises, le long métrage ne choisit jamais vraiment ce qu’il veut raconter, et surtout comment il veut le raconter. Après une scène d’ouverture totalement ratée, courte et totalement insipide, le film offre une rapide introduction qui n’est pas indispensable, mais non dénuée de tout intérêt. Venom se fait ensuite attendre, suffisamment longtemps pour avoir aguiché le spectateur comme il se doit. Jusque là le dosage est bon. Tom Hardy est convaincant en Eddie Brok, le spectateur s’attache au reporter, et le ton hésite entre une approche sérieuse et une comédie pop. Comme souvent dans les Marvel, les situations sont dédramatisées avec des ruptures de ton humoristiques. Jusque là rien d’étonnant.


Le vrai premier problème du film c’est que celui-ci n’est pas été classé R, c’est à dire interdit aux moins de 16 ans aux Etats-Unis. C’est la classification de Deadpool et Logan qui ont été de francs succès. Sony a préféré ne pas prendre le risque et signer un blockbuster tout public. Le studio parle déjà d’une version non censurée pour la VOD, histoire de retourner sa veste. Et franchement c’est dommage. Venom est au mieux un super-vilain, au pire un anti-héros. Quoi qu’il en soit c’est un personnage dark et ultra violent qui méritait amplement sa classification R. Il ne l’a pas, ainsi soit-il. Mais le long métrage essaye néanmoins d’être violent, ce qui vient rappeler constamment au spectateur qu’il ne verra aucune goutte de sang, aucune tête arrachée, rien de sanglant. Venom répète du début à la fin qu’il veut tuer, mais ne passe jamais à l’acte. Si le film n’est pas classé R, autant éviter de le rendre faussement violent non ? Ensuite Venom cherche à être drôle. Pourquoi pas. Mais tous ces éléments comiques sont dilués dans une intrigue inutilement sérieuse. Trop pragmatique, le scénario veut se prendre au sérieux, ce qui détonne avec l’apport constant d’humour. Peut-être aurait-il mieux valu que Ruben Fleischer offre une série B décomplexée, une oeuvre définitivement pop qui s’assume à la manière encore une fois de Deadpool. Alors comédie ? Film d’action sérieux ? Ou série B décomplexée ? Ruben Fleischer et Sony ne choisissent pas et Venom est quelque part entre toutes ces approches.


Cela avait été mis en avant pendant la promotion, Ruben Fleischer voulait créer une relation façon Dr Jeckyll and Mr Hyde, déjà abordée chez Marvel à travers le personnage de Banner/Hulk. Contre toute attente cette relation est plutôt bien gérée, même si Venom est « trop gentil ». Cette relation est propice à de nombreux ressorts comiques, notamment dans la dispute du contrôle ou de l’action à conduire. Malheureusement, cette opposition entre l’hôte et son symbiote n’est pas assez exploitée. Les deux entités deviennent rapidement amies et ne se disputent plus le contrôle, Venom n’offrant plus aucune résistance. Le comble du ratage survient lorsque Venom se transforme en conseiller conjugal… Oui oui vous avez bien lu et vous verrez très vite de quoi on parle. Bref on aurait aimé, comme dans Spider-Man 3, que Venom demeure un danger et non pas un petit toutou au service d’Eddie Brock. Cette relation ne s’inspire du roman de ‎Robert Louis Stevenson que le temps de quelques instants, avant de laisser tomber tout son potentiel dramatique, ou comique, pour se transformer en relation ami-ami. Ce Venom, en plus de n’être pas foncièrement beau, n’est pas à la hauteur du personnage créé par David Michelinie, Mike Zeck et Todd McFarlane. Le sombre personnage est finalement un Spider-Man déguisé qui fait des vannes et se contente de tuer deux misérables personnes dans l’entièreté du film. On a connu plus violent. L’antagoniste interprété par Riz Ahmed n’est pas passionnant tandis que Michelle Williams reste en retrait. Quant au combat final il demeure relativement illisible, expéditif, assez brouillon et pas franchement passionnant.


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le 8 oct. 2018

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