Vice-versa
7.5
Vice-versa

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Ronnie del Carmen (2015)

Les émotions font ce que nous sommes

C’est dingue comme il fait beau. Presque trop pour aller au cinéma. J’ai bien dit « presque » ! Les grosses sorties sont de retour, et c’est au tour de Pixar de prendre d’assaut les salles obscures avec son dernier-né Vice-Versa, très attendu et très prometteur. Les critiques ont rapidement été très positives, ne tarissant pas d’éloges à son sujet. Il faut dire que la thématique abordée et le traitement proposé retenaient facilement l’attention et donnaient envie d’aller le voir. Alors, ce succès est-il justifié ?


La réponse est… oui ! Brièvement, Vice-Versa nous propose de nous plonger dans la tête de Riley, âgée de 11 ans, qui déménage avec ses parents en Californie. Une période difficile, où il faut repartir de zéro, et où l’adolescence s’approche dangereusement. Ses actes et ses souvenirs sont commandés et conservés depuis le « quartier cérébral » par cinq émotions principales : la joie, la tristesse, le dégoût, la peur et la colère. Si la joie a été la première arrivée, la tristesse l’a rapidement rejointe, avant que les autres n’en fassent de même, complexifiant la personnalité de la petite fille au fur et à mesure qu’elle grandit. Mais la tournure des évènements vont faire que la joie et la tristesse vont être happées hors du quartier cérébral. C’est ainsi que commence une longue aventure dans la conscience, l’imagination et les souvenirs de la petite fille, et que celle-ci va changer de comportement.


Dans Vice-Versa, on suit donc les actions des émotions de Riley, et la vie de la petite fille elle-même. Après la projection inattendue d’un court-métrage Pixar, Lava, qui raconte brièvement l’histoire d’un vieux volcan, le tout sur une chanson qui dure au moins cinq bonnes minutes qui m’ont paru relativement longues pour tout avouer, j’ai enfin pu me plonger dans cette histoire qui m’intriguait et que j’avais hâte de découvrir. J’ouvris grand mes yeux d’enfant et oubliai le reste.


Pixar a toujours su faire preuve d’imagination et de créativité, à n’en pas douter, et Vice-Versa ne déroge certainement pas à la règle. Le film propose une vaste allégorie du cerveau humain et de son fonctionnement, où toutes ses parcelles sont représentées de manière judicieuse et presque poétique. L’imagination est entre autres habitée et gardée par l’ami imaginaire de Riley, ses pensées voyagent dans un train qui roule sur des rails éphémères, et les éléments-clé de sa vie se voient attribués de grandes îles flottantes (l’île de la famille, des bêtises, de l’honnêteté, ou encore du hockey sur glace, son sport favori). Le résultat est visuellement magnifique et le tout est extrêmement bien pensé.


Les deux narrations parallèles (émotions/Riley) s’enchaînent aisément et permettent d’éviter les temps morts, et ce malgré le côté assez linéaire et convenu de l’histoire de Riley. Dans tous les cas, à la fin, le temps est passé sans que l’on se rende compte. L’autre grand avantage de Vice-Versa, c’est qu’il s’adresse autant aux plus petits qu’aux plus grands. En effet, il permet aux premiers de découvrir et d’apprendre de manière ludique le fonctionnement du cerveau humain, et aux seconds de se rappeler quand et comment ils sont devenus grands, et aussi de se remettre un peu en question. Le film insiste bien sur le fait que toutes les émotions, qu’elles soient positives ou négatives, ont leur raison d’être et ont un rôle bien précis. De plus, l’importance de chacune varie au cours de la vie, passant de la simple joie innocente au tout début, à un renfermement sur soi à l’arrivée de l’adolescence, des éléments qui sont également bien mis en évidence dans Vice-Versa. C’est également sans compter la représentation de la création des rêves à travers un petit studio de cinéma imaginaire, et d’autres nombreuses composantes de l’esprit humain représentées avec justesse et intelligence.


Il est difficile de donner une vraie idée du film ainsi, le mieux restant bien sûr d'aller le voir (ce que je conseille fortement), mais je peux dire que Vice-Versa est une bien belle réussite dans l’univers des films d’animation, et même du cinéma en général. Bourré d’imagination, il est juste assez naïf pour faire rêver les petits, mais suffisamment sérieux pour faire percuter les grands. Tout fonctionne à merveille dans cette sorte de vaste parc d’attractions, et il est impossible de demeurer insensible face à ce spectacle visuel et émotionnel.


Triste, nostalgique, mais surtout optimiste, Vice-Versa fait mouche et répond présent là où l’attendait. Petite merveille du film d’animation, c’est certainement l’un de mes coups de cœur de l’année. Au-delà d’être un simple divertissement familial, il fait passer un véritable message : les émotions font ce que nous sommes, et il n’y a aucune bonne raison pour tenter de les laisser de côté.


Lire l'article sur mon blog

JKDZ29
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Vus en 2015 : Ca va être de la folie !, Les meilleurs films de 2015, Les meilleurs films d'animation Pixar et Les meilleurs films sur l'enfance

Créée

le 24 juin 2015

Critique lue 327 fois

4 j'aime

JKDZ29

Écrit par

Critique lue 327 fois

4

D'autres avis sur Vice-versa

Vice-versa
CinemAd
10

Quand j'avais 5 ans, mon papa m'a emmené voir Toy Story

Lundi 18 mai 2015, Festival de Cannes. Posé devant les marches, dans une chaleur écrasante et au milieu d’une foule monstre, je pleure seul en silence. Cela fait 40 minutes que j’ai vu Vice-Versa et...

le 20 juin 2023

183 j'aime

14

Vice-versa
guyness
9

Sous le goût de l’émotion

Avec bientôt 8 ans et 600 films au compteur, il était important de connaitre l’avis de Timéo, spécialiste du film pour enfant, sur Vice Versa. (SensCritique) Timéo, afin de clairifier les choses...

le 14 juin 2015

163 j'aime

34

Vice-versa
Daevaorn
5

Introduction à la psychologie de bazar

Sans jamais avoir été un adorateur de film d'animations Pixar, j'ai toujours apprécié les long-métrages du studio. Ils réussissaient à dégager beaucoup d'énergie grâce à une histoire simple mais bien...

le 21 juin 2015

118 j'aime

17

Du même critique

The Lighthouse
JKDZ29
8

Plein phare

Dès l’annonce de sa présence à la Quinzaine des Réalisateurs cette année, The Lighthouse a figuré parmi mes immanquables de ce Festival. Certes, je n’avais pas vu The Witch, mais le simple énoncé de...

le 20 mai 2019

77 j'aime

10

Alien: Covenant
JKDZ29
7

Chronique d'une saga enlisée et d'un opus détesté

A peine est-il sorti, que je vois déjà un nombre incalculable de critiques assassines venir accabler Alien : Covenant. Après le très contesté Prometheus, Ridley Scott se serait-il encore fourvoyé ...

le 10 mai 2017

74 j'aime

17

Burning
JKDZ29
7

De la suggestion naît le doute

De récentes découvertes telles que Memoir of a Murderer et A Taxi Driver m’ont rappelé la richesse du cinéma sud-coréen et son style tout à fait particulier et attrayant. La présence de Burning dans...

le 19 mai 2018

42 j'aime

5