Les vacances sont l’occasion de me mettre à jour dans le domaine du cinéma. Les dernières semaines étaient bien chargées et m’avaient empêché de m’immerger dans les salles obscures autant que je l’aurais souhaité. Mon retour vers le septième a commencé par « Vice versa ». Depuis toujours, je suis un grand fan des univers créés par Pixar. A l’exception de « Cars 2 », j’ai toujours succombé aux charmes de leurs productions. J’étais donc impatient de partir à la découverte de ce nouvel opus sorti le dix-sept juin dernier.
L’histoire nous plonge dans le cerveau d’une sympathique petite fille de onze ans. On y trouve une grosse entreprise cogérée de main de maître par cinq personnages : Joie, Tristesse, Peur, Colère et Dégoût. Tout ce petit monde régit les pensées et les sentiments quotidiens de la demoiselle de son réveil à son coucher. Riley est une enfant joyeuse qui voit son univers s’effondrer quand ses parents décident de quitter son Minnesota natal pour San Francisco… Comment ce chamboulement va être géré par la fine équipe cérébrale ?
Le moins que je puisse dire est que je trouve l’idée de départ splendide. Son originalité est évidente. De plus, son potentiel comique et émotionnel est évident surtout quand Pixar est aux manettes. La bande-annonce m’avait donné un aperçu de la construction scénaristique. J’avais été conquis. J’étais vraleiment curieux de savoir comment le scénario allait arriver à manipuler cette grande machinerie durant une heure et demie.
La mise en place initiale est réussie. Je n’ai eu aucun mal à m’approprier le fonctionnement de l’esprit de Riley. Chacun des cinq protagonistes possède de manière évidente une personnalité propre. Malgré leurs grandes divergences de caractère, ils sont tous attachants et drôles. Leur but commun est le bien être de l’enfant. Ils empruntent juste des chemins différents pour l’atteindre. De manière logique, Joie apparaît comme étant la plus dynamique. Durant les dix premières années de vie de Riley, la joie et le bonheur sont les sentiments qui lui ont le plus permis de construire sa personnalité. Je suis assez admiratif de la maestria avec lequel la narration alterne les scènes vécues par Riley et celles vécues « dans Riley ». L’interaction entre ces deux mondes est remarquablement échafaudée.
L’exil forcé de l’héroïne modifie les équilibres. En effet, la peur, la tristesse ou la colère prennent davantage de place dans cet univers non familier à l’apparence hostile. Joie se voit débordée par les événements et n’arrive à accepter tous ses changements. Les crises s’enchaînent et une succession d’événement fait en sorte que Tristesse et Joie se voient exclues de l’esprit de Riley. La personnalité de la petite fille ne se trouve donc régulée que par la colère, la peur et le dégoût. Autant dire que la gestion est maladroite et compliquée ! L’intrigue consiste donc à découvrir en parallèle la quête de Joie et Tristesse s’allier pour retrouver leurs places initiales au risque de voir le caractère de Riley voir disparaître tout bonheur et les conséquences dans le quotidien de l’enfant des actions du trio restant aux manettes de son esprit.
Le voyage de Joie et Tristesse permette de visiter toutes les arcanes du cerveau de Riley. Elles naviguent dans la mémoire à long terme, le Pays de l’Imagination, la Pensée abstraite ou encore dans les studios de production de rêves. Elles y font des rencontres curieuses. Ce périple est intense émotionnellement pour le spectateur. Il met en lumière le passage de l’enfance à l’âge adulte. Certains souvenirs disparaissent à jamais. Il faut faire le deuil de moments qui semblaient éternels. Je trouve ce film très fort sur ce plan –là. Néanmoins, cela ne m’a pas empêché de bien rigoler au gré des pérégrinations des deux aventurières. L’action est également au rendez-vous. A aucun moment, l’ennui ne m’a guetté bien au contraire. L’attention est en permanence alimentée.
Il faut dire que les initiatives prises par Colère, Peur et Dégoût ne peuvent pas laisser indifférent. Bien qu’elles soient pavées de bonne intention, je ne peux pas dire qu’elles soient d’une efficacité folle. Riley devient irascible et se coupe du monde qui l’entoure. Elle devient une étrangère pour ses proches. Malgré l’évolution négative de sa personnalité, cela ne m’a bien faire rire de voir les trois artistes au commande. Ils sont vraiment très réussis. Je trouve d’ailleurs intéressant que toute la trame se centre autour d’un personnage. En effet, les quelques incursions dans les cerveaux d’autres protagonistes sont réussies mais c’est bien qu’elles soient peu fréquentes. Cela aurait rendu confus l’ensemble et rendu plus difficile l’empathie à l’égard de la « Dream Team Riley ». Le dosage est, à ce niveau-là, remarquable.
Au final, j’ai succombé sans mal aux nombreux charmes de « Vice versa ». Il s’agit incontestablement d’un grand cru du septième art. Il serait vraiment dommage de passer à côté. Je trouve l’animation très réussie et les couleurs vives et simples participent à rendre l’univers captivant. Je ne peux donc que vous inciter à partir à l’aventure au côté de Joie, Tristesse, Colère, Dégoût et Peur. Chacun y trouvera son compte. La perception sera différente selon que vous soyez un enfant ou un adulte. Mais dans tous les cas, vous ne regretterez pas le voyage !