Le dernier film dans lequel Edwards a fait mouche, avant d'entrer dans une phase moins stimulante. Inspiré par un vieux film allemand, il construit une comédie admirable, basée sur la transition du genre mais avec un regard beaucoup plus acide. Il propose un jeu aussi brillant qu'incisif autour de l'ambiguïté, avec une formulation qui frôle la perfection.

Film effervescent et ultrasophistiqué ''Victor/Victoria est une farce - une splendide et musicale - intemporelle, bien que sa sensibilité soit strictement des années 1980 et que l' que l'histoire ait lieu à Paris en 1934. Le décor est Paris, un lieu magique, musical- comédie parisienne. Son intrigue, dont une grande partie se déroule dans des chambres d'hôtel, dans des lits d'hôtel, en dessous des lits d'hôtel, dans des placards d'hôtel et à l'extérieur des fenêtres de chambres d'hôtel est d'une sorte de folie béate qui rappelle l'œuvre de Georges Feydeau, ce qui s'est rarement vu dans le cinéma américain peu habitué à ce ton.

Blake Edwards a son propre génie comique, comme il l'a démontré pendant des années dans ses collaborations quasi-classiques avec "Peter Sellers" les "panthère rose" et dans ''The Party''. Mais aussi dans ''Darling Lili'' et plus récemment dans ''10'' et ''SOB''.

''Victor/Victoria'' combine la douceur de ''Darling Lili'' avec l'hilarité débridée de ''SOB'', mais sans l'amertume de cette dernière. C'est un coup de génie sans pareil.

Nous sommes dans une farce et par conséquent tout le monde tombe amoureux de tout le monde, et parce que c'est une farce libérée, les "combinaisons" possibles sont plus que doublées - elles sont au portés au carré. Victor / Victoria et Toddy admettent qu'ils ont des «sentiments» pour le roi Marchan, et le gangster est mortifié de se retrouver attiré par le travesti immaculé nommé Victor.

Bien que ''Victor/Victoria'' prêche la tolérance et la compréhension de l'homosexualité, et bien qu'il utilise le mot ''gay'' d'une manière dont je doute qu'il ait été beaucoup utilisé en 1934 à Paris, même dans le demi-monde dépeint dans ce film, les racines de la comédie sont aussi anciens que l'usage des masques et des déguisements au théâtre.

M. Edwards n'a jamais traité Mlle Andrews, (sa femme dans la vraie vie), avec autant de confiance, d'admiration et de générosité. Elle est absolument géniale et est au sommet de sa forme à la fois en tant que comédienne et en tant que chanteuse. Rien de ce qu'elle a fait auparavant, sur scène ou à l'écran, ne peut probablement égaler le charme exubérant de ses alternances entre Victoria et Victor.

Si elle n'est pas totalement convaincante en tant que Victor, dont les costumes semblent avoir été soigneusement adaptés pour être deux tailles trop grandes, c'est parc que c'est fait exprès : Sa transformation en homme n'est pas destinée à convaincre le public du film qu'elle est un garçon, seulement les personnages du film.

La pureté légèrement étrange et androgyne de sa voix chantée souligne également la comédie de sa mascarade. Ses numéros sur scène sont à tomber par terre, en particulier '' Le Jazz Hot '' et un aussi une sorte de morceau d'inspiration flamenco, qui a été créé , je pense, dans le but principal de permettre à Robert Preston de le parodier à la finale du film.

Cette finale est inoubliable pour moi :

J'avais 18 ans quand je suis allé voir le film au cinéma avec une de mes sœurs qui en avait 14. Un cinéma d'art et d'essai sur le Vieux Port à Marseille depuis longtemps disparu. La salle d'à côté passait "l'amour par terre" de "jacques Rivette" ce qui correspondait plus au style du cinéma. bref, le public composé d'hommes peu enclins à la rigolade se demandait ce que c'était ce que ce film alors que moi et ma sœur riions tellement qu'on en était tombé par terre et que l'on avait du envoyé quelqu'un pour nous dire de faire moins de bruit...

Classique d'un jour classique pour toujours.

César du meilleur film étranger 1982.

Créée

le 20 juil. 2023

Critique lue 14 fois

HENRI MESQUIDA

Écrit par

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