La fureur de vivre, dans les rues de Berlin

Trois raisons pour lesquelles je vous conseille Victoria :

• Pour la forme, d'abord. Cet unique plan séquence de 2h14, tourné en temps réel dans les rues de Berlin, produit un film hypnotique, sans temps mort, tantôt bercé par une quiétude délicieuse, tantôt électrisé par une formidable fureur de vivre.


• Pour la performance des acteurs, ensuite. En guise de scénario, ces derniers disposaient d'une douzaine de pages de texte (dialogues, lieux, actions…). Leur jeu intègre donc une grande part d'improvisation. La contrainte du plan séquence les amenèrent également à devoir gérer nombre d'imprévus avec un grand professionnalisme, comme une bagarre hors-champ entre le réalisateur et deux touristes russes alcoolisés. D'ailleurs, pas de triche dans ce film ivre : lorsque les comédiens boivent, il s'agit de véritable alcool ! On s'attache aux personnages même si on ne les comprend pas toujours, même quand ils nous font peur ; on tremble pour eux, ils nous énervent, ils nous font rire...


• Pour la réflexion qui suit la projection grisante, enfin. En sortant de la salle, on est encore sonné par ce que l'on vient de voir, mais petit à petit, comme un grand frisson, vient une réflexion étourdissante. Comment nos choix, même les plus anodins, peuvent-ils tout faire basculer si vite, sans retour possible ?