Proximité sociale et racines impossibles à couper

Vingt Dieux, premier long métrage de Louise Courvoisier, plonge dans la vie rurale jurassienne. À travers le parcours de Totone, jeune homme brutalement propulsé dans le monde des adultes après la mort de son père, le film dépeint la rude transition entre insouciance et responsabilités, dans un univers où les racines sont trop profondes pour être coupées.

Courvoisier déconstruit avec une authenticité désarmante le mythe d’une campagne intemporelle. La ruralité qu’elle filme, loin des clichés bucoliques, est jeune, vivante, rugueuse et festive, confrontée aux mêmes fractures sociales que l’urbain.

La justesse du film tient en grande partie à son casting d’acteurs non professionnels, véritables habitants du Jura. Leurs accents, leurs gestes, leur regard sur le quotidien magnifient le récit, sublimé par un format cinémascope qui capte la beauté des paysages et la dureté des existences.

Ici, la fête et la violence coexistent. La fête symbolise la solidarité communautaire, la joie simple et les moments de répit dans une vie marquée par le labeur. À l'inverse, la violence surgit comme l'expression brute des conflits inhérents à la proximité constante des individus.

Porté par une sincérité qui emporte l’adhésion, le film s’impose comme un témoignage authentique d’un territoire et d’une jeunesse, révélant la richesse et la complexité des liens qui tissent la vie rurale.