Les douze derniers mois de la famille Lisbon
Coup d'essai coup de maître, comme on dit, sans exagération. En fait, Sofia Coppola est peut-être la seule à avoir comprise David Lynch sans faire de mal au cinéma, et ce premier film se rapproche beaucoup du chef d'oeuvre Twin Peaks, avec son parfum fantasmatique et fantasmagorique, ses allures de soap macabre, ses cinq nymphes adolescentes sensibles dont l’ambiguïté nébuleuse et romantique rappelle Laura Palmer, ses détresses obscures, son innocence à l'agonie.
Que du bon, donc.
Une nouvelle décennie s'ouvre, toute l'âme du cinéma contemporain de qualité se trouve dans ce cocktail d'acidité et de classicisme : cette musique branchée savoureuse (écoutez ça et savourez :http://minilien.fr/a0ngyh), cette atmosphère suave de songe, ce ballet de gestes. D'ailleurs, c'est bel et bien une oeuvre féminine, dans la pertinence et la grâce des gestes, nul homme, excepté David Lynch, n'aurait pu retranscrire cela.
Bref, à l'instar de In the Mood for Love, l'autre pièce maîtresse de l'année, un chef d'oeuvre de gestes, un romantisme douloureux et mélancolique, un souffle désespéré sans être pessimiste. Du cinéma jazzy donc, en plus d'être tragique. Avec en plus cinq actrices (et deux parents) magnifiques, cette première intrusion dans le cinéma est d'une maturité exemplaire, mais peu recommandable à un public susceptible de s'y identifier.