Une certaine idée du cauchemar, de l'imprécation cinématographique...


A l'image de son titre le premier fist de Felipe Eluti se fraye un chemin dans les tréfonds de l'horreur rémanente, permanente et profondément perturbante. Choc et pas cher ( comprendre gratuit, un peu, beaucoup, à la folie... ) ce petit film d'une froideur et d'une sordidité peu communes témoigne d'un savoir-faire suffisamment au-dessus de la moyenne pour mériter une certaine estime de ma part. Tourné avec des moyens budgétaires visiblement assez limités Visceral reste un concentré d'immondices et de malveillance tenant remarquablement sur la longueur, qui produit sur son audience un effet particulièrement éprouvant. Souvent gore, extrême à tous les niveaux, parfois écoeurrant jusqu'à la nausée cet objet filmique pas mal singulier nous plonge dans la psyché dégénérescente d'un boxeur en proie aux déviances les plus inavouables, qu'elles soient de l'ordre d'une sexualité morbide ou d'une série de sévices à la limite de l'insoutenable.


Comprenant à peine plus d'un seul et unique personnage véritable ( un boxeur ascendant psychopathe donc, éventrant, dépeçant, martelant, rouant de coups des corps réduits à quia ) ce torture porn tient indubitablement ses promesses, ne nous épargnant quasiment rien en matière de violence. A la manière de son énorme cliché du pervers maniaque moucheté de sang, oeil globuleux et clope au bec Felipe Eluti nous délivre son film comme un uppercut à répétition, annihilant notre système neuronal et notre bon sens premier.


Sans véritables enjeux, foutraque voire erratique mais d'une énergie terrible et sans rémission Visceral frappe fort et fait très mal ; en bon film pervers il prend le soin d'invertir nos jugements confortables et d'empêcher toute forme d'empathie pour les victimes, prenant les choses et les symboles à contre-sens pour mieux nous placer du côté du Mal. Entre une bande-son ultra travaillée jouant sur les stries, les râles immersifs et quelques rares incantations sataniques et une imagerie d'une laideur peu ordinaire le premier film de Felipe Eluti demeure une réussite étonnante dans le genre. Pour spectateurs avertis, bien entendu.

stebbins
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le 22 janv. 2017

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