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Monsieur Vanderhof le dit, il y a trop -ismes: capitalisme, socialisme, nationalisme, et j’en passe. Et pourtant, on nage en plein anarchisme utopiste, où on peut envoyer balader l’inspecteur des impôts pas bercé par l’altruisme (les deniers vont aux armes et non à l’enseignement), se rebeller contre le déterminisme des classes sociales, et rejeter en masse l’idée qui générera plus tard le maccarthysme. Un anarchisme baigné d’onirisme.


You can’t take it with you se pose comme une fable purement Dickensienne, dans la droite lignée du chef d’oeuvre It’s a Wonderful Life du même Capra, une pièce caricaturale à dessein avec ses vilains banquiers et ses philosophiques rêveurs et doux dingues, ici regroupés sous un même toit. Alors que le film s’amorce comme une comédie romantique en compagnie de Alice (Jean Arthur) et Tony (James Stewart), cette liaison passe rapidement au second plan et sert de prétexte à la confrontation entre Vanderhof (Lionel Barrymore) et Kirby (Edward Arnold), parents respectifs des tourtereaux, représentatifs de deux visions de la vie. Le premier est humaniste et aussi inventif que l’est le cinéaste, se contentant de faire ce qu’il aime tout en encourageant les passions des gens qu’il rencontre (quand bien même ceux-ci y seraient médiocres). Le second est cynique et ne vit que pour remplir ses coffres, refusant toute mixité de sa caste avec celle de ratés dégénérés.


La peur du paraître, qui paralyse Alice et qui déshumanise Kirby et sa femme, se met en contradiction totale avec le message de bienveillance de Capra. Si les écrivains ratés, les inventeurs fous et autres lutteurs rustres prennent plaisir à leurs activités, et qu’ils s’entraînent les uns les autres dans un cercle vertueux d’échange et d’acceptation, alors ils auront une vie réellement riche, dénuée de craintes matérielles. Il emporteront l’amour rencontré dans leur tombe, contrairement à l’amoncellement de fortunes sonnantes et trébuchantes du banquier dont le propriétaire tombera dans l’oubli des mal-aimés.


Le film est sans doute trop simpliste par moments, mais reste fabuleusement bon enfant, prodiguant de larges sourires et un réchauffement des cœurs. Une démonstration, basique dans le fond mais réjouissante dans la forme, de l’adage du sage Biggie : “Mo money, mo problems”.


Créée

le 5 avr. 2024

Critique lue 23 fois

Frakkazak

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