Minimalisme pour un maximum d'émotions

Ce film restera sans doute un des plus gros coups de coeur pour moi cette année. Et probablement le plus inattendu aussi. J'y suis allé réticent: le film parle d'une histoire aux antipodes de la joie (Yolande Moreau doit partir en Chine retrouver le corps de son fils mort afin de pouvoir l'enterrer), évoque un univers qui ne m'est pas familier et qui ne m'intéressait pas à première vue, avec une dimension film d'auteur que je redoutais. J'en suis retourné, bouleversé, et émerveillé.
Le simplisme de la mise en scène y est pour beaucoup car il permet de retranscrire parfaitement les dimensions presque oniriques du film: les contrastes entre les décors, les couleurs, les paysages magnifiquement intégrés dans l'histoire. Ajoutez à cela une Yolande Moreau qui joue un registre qu'elle connait bien (un personnage un peu lunaire, paumé, qui arrive dans un monde qui lui est inconnu) et qui se transcende dans une interprétation magistrale.
Ce film doit être vu par tous ceux qui crachent sur le cinéma d'auteur parce qu'ils le pensent prétentieux, élitiste et déconnecté. Ce film doit être vu par tous ceux qui pensent que l'on ne peut plus faire de drame efficace et grandiose, sans musique et violons larmoyants, sans gros plans émotionnels. Ce film doit être vu, tout simplement. Pour Yolande, pour les paysages, parce qu'il parle de la Chine avec à mon sens beaucoup de justesse (on devrait dire même des Chines et pas de la Chine). Parce qu'il parle de la vie, et sacrément bien!