Wanda
6.8
Wanda

Film de Barbara Loden (1970)

J'attendais trop de Wanda. Depuis longtemps, accroché à ma liste de films non vu, je le cherchait partout, sans le trouver. Conseillé par Solange te parle, cette femme très singulière, qui fait des vidéos où elle parle de tout et de rien d'une voix monotone, déprimée, qu'elle accentue, avec laquelle elle joue, magnifique. Donc, voici l'idée que j'avais de Wanda, par cette simple vidéo, en n'y connaissant pourtant rien.


L'actrice, pour laquelle c'est ici son unique film, se met en scène dans son propre film, femme blonde impassible, un peu étrange.
C'est un film qui fait systématiquement penser à du Cassavetes, avec sa caméra qui vrille, ces images toutes plus belles les unes que les autres, cadrées à la perfection, ce personnage de femme paumée, seule, un peu pathétique, qui mange comme une enfant, la bouche ouverte, un peu énervante. Personnage qui fait penser à bien d'autres films, à Gena Rowlands, femme et actrice fidèle des films de Cassavetes, avec la force en moins, à Sue perdue dans Manhattan (encore une fois), au Rayon Vert d'Eric Rohmer, (vous m'excuserez si je fais toujours les mêmes références) ce genre de femme qui tentent de vivre, infiniment seules, profondément bouleversantes, détruites, faibles.


Alors Wanda est là, avec son joli visage et ses cheveux blonds, et on ne connait rien d'elle. Pas plus que les personnages d’ailleurs, cet homme douteux, qui atterri dans le lit de Wanda, trop vite, sans qu'il ne se soit rien passé, presque avec absurdité, tellement tout cela semble incongru. Les deux personnages n'ont aucun lien, aucun rapports, lui n'a même pas de prénom, aucune psychologie. Il est alors bien difficile d'avoir de l'empathie pour les deux êtres, même pour elle, ce personnage de femme que j'aime beaucoup, mais qui est ici même un peu énervante, pas très sympathique, avec son visage impassible qui ne cherche pas à vivre.
Les scènes se suivent sans qu'on ne captent rien, car le montage loupe des trucs, rend le film lent à en mourir, d'une mollesse inconcevable, qui fini par se perdre en lui-même, dans sa propre vase, chamallows qui collent, alors on ne suit plus rien. Les images, seulement les images restent là pour nos yeux assoiffées. Belles, qui occupent le vide en attendant que ça passe.
Il y a pourtant deux ou trois trucs chouettes, ce dialogue, vers la fin, très touchant entre l'homme et cette femme, assise sur une voiture.


Le film aurait pu être magnifique, intimiste, avec de telles images, un personnage de femme seule, détruite. C'est bien dommage.

Lunette

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