Selon moi, pour comprendre l’intention d’Alex Garland, il faut se fier au titre du film qui n’y va pas par quatre chemins : Warfare, ou littéralement “Guerre”. La présence de Ray Mendoza (vétéran d’Irak dont le rôle est campé par D'Pharaoh Woon-A-Tai) à la co-écriture du scénario et à la réalisation ne laisse que peu de place au doute quant à la volonté d’authenticité. À peine le temps d’une courte introduction, qui nous présente les protagonistes dans un dernier moment d’insouciance, puis nous sommes parachutés sans contexte dans l’action. Pas de briefing saupoudré de punchlines viriles, pas de marche au ralenti sous le drapeau. Pendant (seulement) 95 minutes, on s’en tient aux faits, au déroulé de la mission en elle-même.
Huis clos aveugle, Warfare met l’accent sur le réalisme, avec tout ce qu’il a d’ennuyeux et de brutal. La mise en scène se veut terre à terre, relatant les événements avec le plus de fidélité possible. L’attente anxieuse, la confusion, la peur qui se mue en terreur paralysante, le choc qui ne manquera pas d’accoucher de traumatismes physiques et mentaux durables, les hurlements, les corps mutilés… aucun tourment ne nous est épargné.
Un gros travail est fait sur l’ambiance sonore, qui s’attache à nous mettre dans la peau des soldats ébranlés par le déchaînement de violence. L’immersion totale est renforcée par l’absence de musiques. Plan notable de la pellicule, la “démonstration de force” n’a pas manqué de me marquer, malgré des effets de particules numériques un peu visibles.
Pas de message, si ce n’est la froide réalité de la guerre. Sur le terrain, pas de surhomme, rien que des hommes qui, malgré toute la préparation et l’équipement qu’ils possèdent, ne peuvent que subir et survivre. Le récit nous laisse avec pour seule compagnie la question hurlée de la mère de famille irakienne qui résonne dans notre tête : “Pourquoi ?”