Avant-propos

Le moins qu’on puisse dire, c’est que j’éprouve un amour profond pour Kaamelott. Les DVD de la série tournent régulièrement, à tel point que certains commencent à montrer certains signes de faiblesse. C’est indéniablement ma série préférée, et j’embrasse tous ses aspects, comiques comme dramatiques, qualités comme défauts, avec beaucoup de tendresse et d’affection. Par contre je ne fais pas partie de ceux qui dégainent des répliques à tout va (même s' ils font bien ce qu’ils veulent), alors pour ceux que ça agace, rassurez-vous, ce ne sera pas le cas dans les lignes qui suivent.

J’ai mis du temps à m’avouer être sorti un peu déçu du premier volet, sans doute à cause de mes attentes trop spécifiques. Je n’en ferai pas la critique ici, puisque j’estime que ce second demi-volet a les mêmes qualités et, dans une moindre mesure, les mêmes défauts. Je me contenterai de dire que j’ai intégré avec plaisir cette suite à mon visionnage de l’intégrale de la série, et l’ai acceptée comme faisant partie intégrante d’un tout.


Le scénario

C’est donc dans un état d’esprit différent, avec moins d’attentes et la volonté de me laisser surprendre que je suis allé voir cette suite.

Et je l’ai aimé ! Je me suis laissé prendre par la main et emmener dans cet univers où j'aurais pu rester volontiers encore quelques heures. C’est un vrai plaisir de voir l’Aventure telle qu'elle est en réalité : des équipes de loustics mal préparés, qui ne savent pas où ils vont, qui ont peur, se surestiment, échouent et se relèvent pour continuer… ou abandonnent. Là où le premier volet passait du coq à l’âne avec des moments clés éludés (je ne me remet pas de l'absence d'une scène de retrouvailles Arthur-Léodagan), je trouve que ce volet ne ploie pas, cette fois-ci, sous le poids du nombre de ses personnages et garde un rythme soutenu tout en prenant le temps de développer ses intrigues. Je peux concevoir un sentiment de frustration face à l’aspect introductif de cet épisode, après un premier film qui était déjà lui-même une réintroduction à l’univers, mais étant prévenu qu’il s’agit d’une première partie, je ne l’ai pas vécu comme ça. À aucun moment je n’ai ressenti le besoin de descendre du bus pour pousser, même si peu des aventures entamées trouvent une résolution avant le générique de fin. Après tout, l’Aventure, c’est avant tout le voyage.

Les différents groupes d’aventuriers constitués ont une belle alchimie, et leurs quêtes sont prometteuses. Les jeunes débordant de bonne volonté vite désamorcée par la réalisation de la difficulté du voyage entrepris prêtent à sourire et s’inscrivent parfaitement dans l’esprit Kaamelott. Malin aussi de leur donner une motivation à l’opposé de celle de leurs aînés à leur grande époque.

Des concessions sont faites sur la cohérence temporelle. En effet, on a l’impression que les missions se déroulent simultanément alors qu’en réalité, certaines sont censées prendre plusieurs semaines et d’autres quelques jours. Une incohérence pas vraiment gênante car sans grande conséquence, tout du moins pour l’instant.

L’histoire piétine parfois avec des sous-intrigues dont le potentiel comique ne m’est pas apparu, comme la rivalité Lucan-Trevor, un prétexte assez inutile pour scinder un groupe en deux… Ça pète un peu le rythme pour pas grand chose.

À mesure que le temps passait, je m’attendais à ce que le film se termine soudainement, ce qui s’est confirmé avec une fin assez brutale (ça ne coupe pas non plus au milieu d’un dialogue, on n’est pas sur 6ter). Les deux parties sont bel et bien un seul film scindé en deux. La frustration alors occasionnée n’est alors pour moi que la conséquence du plaisir ressentit lors du visionnage que j’aurais aimé voir se prolonger !


Les personnages

Le replantage de l’épée annoncé dans la bande-annonce faisait craindre à beaucoup que l’histoire d’Arthur tourne en rond. Mais de son propre aveu, Astier n’est pas du genre à donner aux gens ce qu’ils veulent, et son travail consiste à surprendre, quitte à désarçonner. Arthur est un personnage traumatisé par son passé et découragé. Il se refuse à un destin qui le force à devenir quelqu’un et à faire des choses qu’il ne reconnaît pas. Pour ma part, je trouve son cheminement bien plus inspirant que n’importe autre héros standard, mille fois raconté, parce qu’il est vulnérable. Et face à des Dieux désormais beaucoup moins laxistes, il est maintenant terrifié par leur courroux. On ne se remet pas comme ça de telles épreuves, et chaque pas demande un immense courage. Arthur est mon héros, un héros qui échoue, et qui lutte pour vivre. C’est un humain comme vous et moi, et je veux connaître la suite de son histoire, comme pour y trouver des réponses, de l’espoir.

Mon premier bémol concerne le groupe de la nouvelle garde, aux personnages déjà introduits dans le premier volet. J’ai du mal à accrocher avec leur jeu d’acteur que je trouve exagéré. Leurs textes sont déclamés sans le ton naturel auquel nous sommes habitués. Astier est connu pour écrire ses textes avec un acteur spécifique en tête. On trouve un parfait exemple d’intégration réussie dans le personnage de Goffanan joué par Thomas VDB. Certes, c’est du VDB qui fait du VDB, mais c’est attendu, puisque le texte est écrit sur-mesure pour lui. En ce sens, je me demande si Astier ne manque pas de matière pour ses jeunes acteurs, qui ont forcément des carrières qui n’en sont qu’à leurs débuts. J’ai donc l’impression qu’il ne sait pas tout à fait comment écrire pour eux. Du coup, ils sont tous un peu sur le même mode, et il est difficile de voir se dégager des personnalités différentes et donc attachantes, jusqu’à en être difficile de simplement retenir leurs prénoms.

Parmi les autres ajouts notables au casting, on trouve Redouane Bougheraba qui campe Silas. On le sent moins à l’aise que Thomas VDB dans l’exercice, son personnage étant mal dégrossi par nature, ses dialogues ne bénéficiant pas de la même finesse. On est plus sur un comique de situation le concernant, qui fonctionne malgré tout plutôt bien avec les comparses qui lui sont affublés en la personne de Guillaume Gallienne (Alzagar) et Clovis Cornillac (Quarto) qu’on retrouve avec joie.

Conle le Fameux (Daniel Mesguich) est un personnage fantastique et charismatique, à l’attitude solennelle complètement en décalage, indifférent des réactions qu’il suscite autour de lui, ce qui rend ses interactions avec les autres… fameuses. Il est parfaitement complémentaire de Merlin et Élias de Kelliwich’.

On retrouve avec grand plaisir les duos cultes Séli-Léodagan et Cryda-Ygerne, qui sont toujours très bien servis en dialogues.

J’ai été très surpris par celui formé par Lancelot-Méléagant, qui ont une dynamique assez différente de celle établie dans la saison 5. On retrouve un Méléagant beaucoup moins lugubre, à l’humour sarcastique prononcé. J’ai apprécié ce changement, même si on est tout de même à la limite de l’incohérence.

Je suis dubitatif quant au traitement étrange de certains personnages. À l’instar de Perceval dans le premier volet, les envolées gueulantes de la Dame du Lac desservent un peu le personnage, toujours quasi hystérique. Karadoc, qui se définissait par son appétit insatiable, perd ce trait de caractère qui était pourtant un ressort comique très efficace. Pourtant, les occasions de se plaindre d’une diète forcée ne manquent pas ! Il perd aussi son compère de toujours, dont les échanges invraisemblables les portaient l’un l’autre. Du coup c'est un personnage de premier plan qui perd grandement en dimension comique et c'est bien dommage.

Parlons-en, de l’absence de Perceval. Je trouve qu' Astier a opéré une belle pirouette scénaristique avec cette correspondance loufoque. Une de ses répliques de la saison 4 me revient - où il confie à une prostituée de la taverne son rêve de sortir le Graal de nulle part et de le coller sous le pif du Roi pour que tout le monde se sente comme des cons - et je ne peux qu’imaginer que c’est exactement ce qui va se passer. Du grand Perceval complètement improbable et anti-épique. Dans tous les cas, je croise les doigts pour un retour de Franck Pitiot aux commandes de l’extraterrestre dans le dernier volet !

Globalement, je constate une perte de finesse dans l’écriture des dialogues, dans le choix des mots et la maîtrise du rythme. Les tournures sont parfois un peu plus grossières que dans la série mère. J’ai l’impression qu’il court parfois après son âge d’or, jusqu’à se répéter et être même occasionnellement à la limite de l’auto parodie. Il n’est jamais meilleur que quand il fait preuve de sobriété, et qu'il n'essaye pas trop de faire des clins d'œil.

Toutefois, en comparaison avec le premier film, on est quand même gâtés par de nombreux dialogues que je prendrais plaisir à revoir. Un monologue d’Arthur renvoie aux scènes les plus touchantes de Kaamelott, et se range tout là haut avec par exemple celui de son rêve raconté à Perceval, ou celui, magnifique, écrit pour Pierre Mondy. Un moment suspendu où Arthur et Alexandre se confondent totalement, surtout après avoir regardé des heures d’interviews du réalisateur. Je suis très heureux qu’il continue à croire en ce qu’il fait, et à nous abreuver de ces précieuses réflexions.


La réalisation

Le montage du film, entièrement réalisé par Alexandre Astier, est de bien meilleure qualité que le premier film à mon sens. Vu que l’histoire prend son temps, les changements de lieux et l’incohérence temporelle entre les différentes intrigues sont bien moins déconcertants.

Le film a de la gueule, on sent qu’il a plus de moyens même si le tout reste assez scolaire. Les FX sont de très bonne qualité et ne font jamais cheap. Combinés à un mixage son aux petits oignons, je ne regrette pas de m'être installé dans une salle Laser Ultra pour en profiter au maximum.

Les costumes sont toujours magnifiques et donnent une vraie identité visuelle à l’univers.

J’ai eu l’impression que la musique se faisait plus discrète, même si j’ai reconnu certains des thèmes déjà composés pour le premier épisode.


En conclusion

Les choses changent, évoluent, et même si je me fait rattraper fortuitement par le sentiment que “c’était mieux avant”, rien ne m’empêchera de voir et revoir la série si chère à mon cœur et rien ne viendra l'entacher. Je suis content que cet univers s’étende, s’enrichisse et m’emmène dans des directions inattendues. Je serai bien évidemment au rendez-vous pour la suite !

pendraag
7
Écrit par

Créée

il y a 5 jours

Critique lue 21 fois

pendraag

Écrit par

Critique lue 21 fois

D'autres avis sur Kaamelott - Deuxième Volet : Partie 1

Kaamelott - Deuxième Volet : Partie 1
Kelemvor
5

Autour De La Table Ronde : Le Deuxième Récit De La Quête Pas Aboutie

ACTE I – LA CONVOCATION DU ROI(INTÉRIEUR – SALLE DE LA TABLE RONDE. La lumière tombe à travers les vitraux. Arthur est assis, l’air fatigué. Autour de la table : Léodagan, Karadoc, Bohort, Lancelot,...

il y a 6 jours

45 j'aime

15

Kaamelott - Deuxième Volet : Partie 1
Plume231
4

Je voudrais pas faire ma raclette, mais le film s'annonce pas super !

Elle était attendue avec autant d'impatience que de crainte, cette première partie du deuxième volet. Même si personnellement je l'avais trouvé plutôt correct, le premier film avait déçu pas mal de...

il y a 6 jours

44 j'aime

7

Du même critique

Kaamelott - Deuxième Volet : Partie 1
pendraag
7

À l'aventure, compagnons !

Avant-proposLe moins qu’on puisse dire, c’est que j’éprouve un amour profond pour Kaamelott. Les DVD de la série tournent régulièrement, à tel point que certains commencent à montrer certains signes...

il y a 5 jours

Alien: Earth
pendraag
7

Et j’ai prié : “Alien !”, pour qu’il ne revienne pas

Malgré mon titre bien lourdingue, j’ai un avis assez nuancé sur cette première série estampillée Alien, que j’ai plutôt appréciée dans l’ensemble. Ok, ce n’est pas un chef d’œuvre, mais ce n’est pas...

le 8 oct. 2025

Warfare
pendraag
9

Subir et survivre

Selon moi, pour comprendre l’intention d’Alex Garland, il faut se fier au titre du film qui n’y va pas par quatre chemins : Warfare, ou littéralement “Guerre”. La présence de Ray Mendoza (vétéran...

le 15 juil. 2025