Tic... Tac... Les aiguilles se sont figées sur minuit moins cinq. Dans une atmosphère de peur et de tension. Où l'on n'est sûr de rien, sauf que le pire arrivera. A un moment où à un autre.


Les aiguilles se sont figées dans un univers passionnant marqué par la peur et la paranoïa. Où il semble avoir changé de voie de circulation. Tic... Tac... L'uchronie, aux allures dystopiques, semble cependant comme étrangement familière. Tant dans la crasse de ses rues que dans son atmosphère poisseuse. Elle prend instantanément vie dès le générique qui balaye sur fond de Bob Dylan plus de quarante ans d'une histoire que l'on pourrait presque toucher du doigt et dans laquelle se sont glissés des masques et des costumes folkloriques. Et le nez de Nixon qui a enquillé les mandats.


Ces costumes appartiennent à des héros. A la première génération des années quarante. Celle des Minute Men. Morts, dans des asiles, ou à la retraite. La relève est dispersée et sous le joug d'une loi anti masques et d'une société qui ne veut plus d'eux. Certains ont raccroché. Au point de devenir vides et désespérément normaux. D'autres se détachent de plus en plus du monde, par indifférence azur ou par cynisme jaune. Un seul poursuit sa quête de justice. Sous l'imper et la cagoule.


Il note ses faits d'armes dans le cahier de sa croisade tout aussi implacable que psychotique. Il enquête sur un tueur de masques. Car ce ne peut être qu'un tueur de masques qui a balancé par la fenêtre de son appartement Le Comédien et son éternel smiley. Tic... Tac... C'est dans cette traque sur fond de marche inéluctable vers la fin d'un monde qu'il réunira les héros. Zack Snyder les filme charismatiques ou désabusés, tragiques ou profondément humains, dans des aller et retours temporels comme autant de mini films sur leurs origines et sur leurs failles. Le Comédien, lui, hante les arcanes de l'oeuvre par sa mythologie que le réalisateur nous conte dans de multiples flash backs. Ainsi, même s'il n'est pas là, son image bad ass s'immisce cependant au coeur du film par son pouvoir de séduction étrange et magnétique.


Les aiguilles, elles, s'approchent du fatidique minuit de cauchemar. Tic... Tac... Alors que Watchmen multiplie les séquences d'anthologie et les images chocs au sein d'un mécanisme d'horloger. Les pièces de la fresque se mettent progressivement en place tandis que Rorschach bouffe l'écran de toute sa folie avec la complicité de ses camarades de jeu dans un film fascinant, sombre et dense qui brouille les pistes quant à la condition et à la nature des héros qui l'animent. L'Amérique observe quant à elle son pire ennemi... En récupérant et en nationalisant l'image d'un Christ bleu aux allures d'ultime menace tout en s'assurant les services d'un mercenaire incontrôlable. Snyder passe de la petite à la grande histoire dans un mouvement de caméra, tout en gardant à l'esprit que l'heure tourne.


Tic... Tac... Watchmen attend minuit pour courir vers une utopie inéluctable qui devient réalité, quelque soit le nombre de cadavres qui viendront soutenir ses fondations. C'est un mensonge qui vient rejoindre les autres mensonges. C'est une utopie en forme de plus grande farce de tous les temps.


Un monde nouveau qui naît dans des chants funèbres.


Behind_the_Mask, qui sort son lance flamme pour allumer son cigare.

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le 12 mars 2016

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Behind_the_Mask

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