- You’re not that stupid. - Don’t overestimate me.

Wedlock n’est peut-être qu’un téléfilm de HBO de l’époque, il ne s’en regarde pas moins avec plaisir, comme une excellente série B qui s’assume. C’est en effet ce que j’appelle un «honnête film», c’est-à-dire qu’il tente de réaliser les promesses de l’affiche, du casting et du synopsis le plus sincèrement possible, et ça se sent. Les dialogues, le jeu des acteurs, le rythme, les situations, tout concourt à cette impression; j’ai vu à l’écran que le scénariste et les acteurs se sont pour sûr amusés, la bonne humeur du film transparaît et happe le spectateur. De plus Wedlock a un charme certain qui vient de ses simplicité et clarté, le manque desquels je blâme souvent dans les productions plus importantes, tant de l’époque (mais moins) qu’aujourd’hui, avec la déferlante de blockbusters insipides (je sais, c’est presque devenu un lieu commun de clasher les «blockbusters sans âme» cependant ce n’est pas sa puissance qui importe ici, mais sa vérité; de toute façon avant c’était mieux) et de séries Z dégueulasses qui capitalisent bassement sur une recette facile.


L’histoire est essentiellement une variation sur les colliers explosifs vus dans Running Man et quelques autres, mais avec en plus une chasse aux diamants volés, et le thème du mariage (si si!).


Futur proche. Un informaticien, Frank, (Rutger Hauer), sa fiancée Noelle (Joan Chen) et un ami (James Remar) décident de faire un coup facile, et dérober des diamants valant 25 millions de dollars. Le manque de chance les sépare dans leur fuite de la police et Frank, qui avait les diamants, les cache avant de rejoindre se équipiers. Seulement ces fourbes trahissent, sa fiancée révèle sa nature perfide et tire sur Frank. Après un séjour à l’hôpital, il se retrouve dans une prison novatrice, où il n’y a pas de murs mais seulement une limite et des colliers explosifs sur tous les prisonniers. Le truc, c’est que les signaux des colliers sont liés deux par deux (c’est justement le «wedlock», littéralement le verrou du mariage), et que si ces deux colliers se retrouvent à plus de 100 mètres l’un de l’autre, ils explosent. Aucun prisonnier ne sait avec qui il est lié, et la ligne existe comme limite pour n’être pas à plus de 100 mètres des autres. Le dirceteur est au courant de l’histoire de Frank et veut bien entendu savoir où sont les diamants, sans quoi la vie de Frank sera un enfer. Après avoir essayé plusieurs méthodes, il fait mine de laisser s’échapper Frank et son «épouse» de collier, Tracy (jouée par Mimi Rogers), pour qu’il le mène aux diamants, ainsi que les ex-équipiers de Frank.


Le scénario est bien sûr orienté de façon à explorer les implications d’une compagnie forcée, parce que le plus simple pour une prison efficace était quand même de faire une ligne qui tue quiconque des prisonniers la dépasse, comme dans Running Man. Le film évoque aussi les possibilités d’un tel système: pouvoir infiltrer un surveillant parmi les prisonniers, avec un collier inactif, ou tuer en déclipsant la sécurité du collier; mais l’essentiel sont les situations où les «époux» sont séparés, malgré eux ou pour faire pression sur l’autre. C’est assez hilarant de voir par exemple Frank, prudent d’habitude, sauter dans une rivière du haut d’une falaise d’au moins 50 mètres, parce que sa compagne est une tête brûlée.


Le film est évidemment balisé de clichés du genre. Il y a bien un prisonnier frêle qui devient ami du héros, un prisonnier vraiment méchant qui veut tuer le héros sans raison valable et qui finit par mourir dans un duel rappelant étrangement celui de Fortress (sorti un an plus tôt) et le directeur (Stephen Tobolowski) qui torture le héros (ici, on enferme celui qui enfreint les règles de la prison dans un coffre à moitié rempli d’eau... franchement, de toutes les humiliations que j’ai vues dans ce genre de films, c’est la plus cruelle, et de surcroît le prisonnier vraiment méchant pisse dans le coffre avant d’y macérer Frank) pour obtenir quelque chose de lui. D’autre part, la partie de la cavale fait intervenir les poncifs du buddy-movie, où deux personnages se supportant mal doivent coopérer.


Je ne suis nullement gêné par tous ces éléments, puisqu’ils collent au ton très léger du film et même je les attends de l’époque de production; car le traitement des clichés (j’utilise ici ce mot de façon neutre) situe le film entre «Running Man», «Haute sécurité» et «Fortress». Le ton, lui, puise du côté des actioners des eighties, avec des situations rocambolesques et invraisemblables (et un final dans une brasserie inactive) ainsi que des punchlines et des blagues quasiment à chaque réplique. Les acteurs se lancent des piques pendant toute la durée, et on voit que ça les amuse au plus haut point. Tous se rendent compte dans quel genre de production ils jouent, et ne se prennent donc pas au sérieux. Rutger, toujours nonchalant, dit ses «Oh, no!» avec une théâtralité marquée, Mimi Rogers a un jeu vif très adéquat pour un contraste avec celui de Rutger, Joan Chen surjoue très nettement, et le prisonnier méchant n’arrête pas de faire les gros yeux de méchant.


Ce qui est intéressant, outre les colliers explosifs, c’est le rôle de Rutger Hauer, à l’opposé de sa carrure nordique. Frank peut certes mettre une ou deux droites efficaces, mais n’est nullement un combattant né, et on constate souvent sa peur, et son envie de ne pas faire d’histoires. Évidemment, le monde ne peut le laisser en paix. Il s’en sort principalement par des ruses. J’aime cette variation par rapport aux héros qu’il joue d’habitude, même si comme d’habitude il a l’air de trouver amusant l’univers entier (sa physionomie me rappelle constamment le meme trollface, par ses yeux naturellement riants).


Le thème du mariage, comme j’ai dit, apparaît en filigrane, à plusieurs moments, meis je doute que le film veuille transmettre un message sérieux. C’est juste un gimmick pour divertir (et blaguer dessus).
Je relève notamment (parmi d’autres, le film est bourré de ce genre de répliques):


Tracy: «You should have believed me.»
Frank: «Last time I trusted a woman, I needed six hours of surgery.»


Tracy: «With the right guy, marriage can be a great institution.»
Frank: «I just got out of an institution.»


Tracy: «She actually shot you three times?»
Frank: «She only had three bullets.»


Tracy: «How do you get even with a guy who double-crosses you and then steals your woman?»
Frank: «Let him keep her.»


Bref, Wedlock fait passer un bon moment, et la «production value» relève davantage d’une série B que d’un téléfilm (pour HBO quand même). Je pourrais le revoir avec plaisir.

Owen_Flawers
7
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le 13 juin 2015

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