Les Potos Copieurs

Les frangins Onetti poursuivent une carrière qui jusqu'à présent ne restera pas franchement marqué pas le sceau de l'originalité. Les deux argentins semblent continuer à rendre hommage au cinéma qui les a fait vibrer en reproduisant une nouvelle fois des univers et des films qui ont marqués le cinéma de genre. Après deux film calqués sur la mécanique des grandes heures du giallo ( Francesca et Abrakadabra) Luciano et Nicolas Oneti s'attaquent cette fois ci au survival crasseux des seventies avec comme évidente source d'inspiration le Massacre à la Tronçonneuse de Tobe Hooper. Mais à trop vouloir faire comme les grands, sans vraiment en avoir l'esprit ; il ne reste souvent à l'écran que la vacuité d'un ersatz involontairement parodique.

Los Olvidados ou What The Waters Left Behind nous raconte l'histoire d'une petite équipe de tournage venue faire un documentaire sur la ville d'Epécuen en Argentine. Une ville qui au milieu des années 80 s'est retrouvé submergée par les eaux avant de réapparaître ravagée et en ruine des années plus tard. Sur place ils vont vite découvrir qu'il reste quelques habitants hostiles occupant l'ancien abattoir.

Le principal atout de What The Waters Left Behind est incontestablement son formidable décor naturel de cette ville fantôme d'Epécuen. Immense champ de ruines écrasé par une lumière crue, la ville offre un magnifique décor de cinéma plutôt bien mis en valeurs par les frères Oneti même si l'on sent qu'il n'est pas vraiment exploité à son plein potentiel. La scène dans ce cimetière dont les pierres tombales se sont retrouvées soulevées par les eaux et dont les stèles sont en ruines aurait par exemple méritée une vision plus fantasmagorique et poétique. Pourtant Luciano et Nicolas Oneti sont capables de nous pondre de magnifiques images comme ces quelques plans aériens de la ville ou ces visions crépusculaires au soleil couchant. Malheureusement une fois dit ceci il ne reste plus grand chose à défendre concernant What The Waters Left Behind car si les précédents films du duo rendaient hommage à l'esprit du giallo plus qu'à un film en particulier, cette fois ci la référence Massacre à la Tronçonneuse est bien trop palpable pour ne pas desservir le film faute de comparaison élogieuse.

Luciano et Nicolas Onetti nous ressorte toute la panoplie du parfait petit survival avec le combi Wolswagen, la ville écrasée de soleil, les filles en mini short, l'arrêt à la station service dégueulasse, l’abattoir abandonné, les survivants cannibales crasseux et dégénérés, le grand gaillard un peu couillon qui cache sa difformité sous un masque et même le repas familiale poisseux et hystérique. On aura donc compris que les deux réalisateurs connaissent leurs classiques sur le bout des ongles sales mais quand tu (re)fais systématiquement la même chose en moins bien l’intérêt de l'ensemble devient soudainement des plus discutable. De plus ce n'est pas en rajoutant une couche de crasse sur la crasse que tu vas forcément faire plus poisseux et anxiogène, ce n'est pas non plus en montrant plus de trucs explicites que tu cultives l'effet choc, tout au plus tu risques de sombrer dans un effet contre productif car beaucoup trop caricatural. Le film aura beau utiliser quelques outrances proches du torture porn, se délecter de scènes chocs de viol ou de cannibalisme l'ensemble reste assez inoffensif à l'image de ce dégénéré qui boulotte un mollet fraîchement coupé avant de le passer au hachoir à viande sans avoir retirer le bout de pantalon qui l'entoure, ce qui me fait personnellement sourire plus que trembler.

Si les premiers films des deux frangins avaient l'intelligence de s’inspirer de l'esthétique et des thématiques du giallo sans pour autant en copier des scènes entières, cette fois ci on a désagréable sensation qu'ils se sont moyennement foulé le fion pour nous pondre un sous Texas Chainsaw Massacre. Attention les gars à ne pas devenir les frères mal Onetti.