Fear and Loathing in Camden Town.La Vie,l'Amour,les Vaches.Thespian Cheech&Chong.Les Apprentis.

"es-tu une éponge ou une pierre"?...

(visible jusqu'au 28/04/2024 sur https://www.arte.tv/fr/videos/111011-000-A/withnail-and-i/ )

+6 J'ai une énorme gratitude pour Arte à qui je dois encore un bon plaisir.

Je suis ravi de quand même parfois enregistrer Arte la nuit en dépit de son replay pourtant facile d'accès, car avoir à libérer ensuite de l'espace sur mon disque dur augmente mes chances que je regarde quelque chose.

J'avais déjà tenté ce film il y a 30 ans puis revu en partie, en gros tous les 10 ans sans l'aimer, cette fois fût la bonne.

Des amis anglais l'adoraient.

D'autres le connaissaient par coeur...c'était dément.

Je ne comprenais pas cet engouement et je voulais rester honnête et sincère: il est vrai que je l'avais découvert sans sous titres. Et que j'étais aussi quasi puceau et très "square" quand je l'ai découvert et qu'on me l'avait tant survendu...

...moi (et surtout mes lunettes proprettes) on ne comprenait pas du tout ces deux apparents "losers" pour mes pathétiques yeux alors méchants; ces deux "crados"(sic) et tout le temps "bourrés" (je ne savais même pas lors de mon premier visionnage, que lors de la première scène, ils sont en fait drogués)...

...bref bref, je l'ai re croisé une ou deux fois avec le même apriori et sentiment global sans trop le revoir...

alors c'est dire que l'enregistrer sur arte m'était bizarre mais je re-re-donne souvent des chances aux films (comme aux gens et membres de SC).

Et je n'ai cette fois pas arrêté d'éclater de rire hier matin où je voulais juste vérifier l'enregistrement...rires et émotions, surtout lors de la fin plutôt triste.

Le film finit d'ailleurs quasi où il commence, dans le parc et zoo triste(pléonasme).

Fin où le premier livre avec lequel on voyait l'acteur au début, prend alors un tout autre sens prémonitoire:

dés le début il tient, lit et prépare la pièce au titre prémonitoire, 'Journey's End' qui veut littéralement dire: "la fin d'un voyage", ensemble...ce que sera le reste du film; comme la fin d'une amitié et d'une époque...

... comme par exemple, la fin de la cohabitation dans Friends entre Chandler et Joey (acteur aussi).

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Liste de premières remarques variées et en désordre...:

____Le plus petit, hétéro, est joué par un Paul McGann qui parle et regarde comme James McAvoy (je ne dis pas qu'ils se ressemblent forcément, mais leur manière de jouer me semblent similaires).

____Richard E Grant a lui parfois des intonation de Benedict Cumberbatch (surtout quand il dit "Congratulations" à son colocataire; j'aimerais prononcer de sa manière).

Je conseille les mémoires et film de ce Grant, Wah wah wah: où j'avais été marqué par sa mère, ghostée et ignorée par la soi-disante bonne société car ..."divorcée"...une hôtesse serre les mains à toutes les mamans en cercle (de l'enfer), sauf la sienne!.

____Griffiths est le meilleur car son rôle est plus ingrat et difficile: il leur prête la maison de campagne. Je ne connais l'acteur que depuis 'History Boys' de mon Alan Bennett: où il joue un prof d'histoire profitant d'être à moto avec ses étudiants pour les masturber en route...l'ancêtre des étoiles Über?.

Acteur génial mort trop tôt sur une table d'opération: peu de temps après le trop méconnu 'Venus', aussi sur l'amitié et où il est un des proches de Peter O'Toole.

Il semble rendre ici son rôle si facile alors qu'il est dur à défendre.

____Le fermier (un Michael Wardle) est hilarant mais triste: il travaille encore alors que très très blessé; il aide les citadins affamés mais avec un 'twist'; il leur donne une leçon de survivalisme avec un sourire en coin sur son tracteur qui m'a bien amusé.

Par coïncidence, le poulet apparait dans le champ par un mouvement de caméra qui sera identique plus tard pour révéler 'Présuming Ed', une énorme sorte d'Isaac Hayes, qui rira hors-champ quand sera mentionnée "l'invasion de Londres par des réfugiés"...et chantera enserrant de ses puissants bras un globe devant lui, son regard de fou fasciné sur ce globe me faisant penser à un Adenoid Hynkel noir.

____Le braconnier qui sort de son pantalon un long et épais ...poisson,

rentre dans mes scènes de bar marquantes,

avec celle dans le Clint Eastwood où ma mâchoire s'était décrochée lorsque dans 'Le jardin du bien et du mal', je découvrais un client au bar qui tenait en laisse de fil de soie de grosses ...mouches.

____La description du café/Pub à la campagne en voix-off AVANT d'y arriver est ma-gni-fique:

les deux personnages marchent en plus dans un de mes plans préférés (dont je fais une liste: "scène à l'horizon en ombres chinoises");

où la voix-off compare alors ce pub et son proprio, et leurs couleurs à celles de l'intérieur d'un poumon et "d'une théière" etc.

____J'imagine d'ailleurs que cette voix-off du citadin s'enfonçant dans la campagne d'abord très hostile est inhospitalière fait allusion à la voix-off de Willard s'enfonçant dans les contrées hostiles et inconnues d'Apocalypse Now (???)

____je n'ai pas reconnu le second livre dans sa valise; le premier est 'David Copperfield' de Dickens...le second est soit du Proust ou du GK Chesterton (?)...qui s'avère du J.K. Huysmans! "Against Nature" ou "Against the Grain" (info de Jacky Soulié de SC).

Ce que je lis du personnage de ce 'à rebours' de ce J.K Huysmans, me rappelle en effet Withnail (Richard E GRant) et j'avais raté l'allusion: " un antihéros maladif, esthète et excentrique"...

___Griffiths parle un moment en français et pour une fois, c'est vraiment du français, on le comprend; il m'apprend que c'est un poème de Baudelaire...

" Laisse-moi respirer longtemps, long-temps, l'odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage..."

...et ça lui rappelle une relation "sexuelle en barque à Oxford"...qui me rappelle étrangement Maurice et une scène d'Another Country, sortis quelques années plus tôt...

Donc j'ai soudain douté de la véracité des souvenirs sexuels de "l'Oncle Monty", ce gros riche...fantasme? rêve éveillé? (Et puis à cause de cette barque, j'ai aussi eu un flashback d'Obelix en faisant pencher une).

Je découvre 'Another Country' est aussi une pièce de 1981 qu'ont joué Kenneth Branagh, Daniel Day-Lewis et Colin Firth (selon wiki).

___j'ai cette fois éclaté de rire au malentendu et quiproquo expliquant pourquoi un personnage rentre dans la chambre de l'autre mais après s'être fait les yeux et maquillé comme une Spice Girls

(attention, le fond n'est pas si drôle, possiblement un mini harcèlement sexuel mais la forme et les acteurs sont hilarants...et le twist du pourquoi est sarcastique....c'était une canular...des fake news sur une réputation qui auront des conséquences; le pseudo harceleur était sincère mais juste très très mal informé etc.)

___j'avais aimé 'Les Apprentis' de Pierre Salvadori mais je comprends désormais qu'il avait sans doute un peu vu Withnail and I...

____en mini détail: une traduction en sous-titres manque les jeux de mots pourris des fumeurs de marijuana lors de la scène du gros joint soi-disant en forme "de carotte"...j'ai d'ailleurs plutôt pensé à un énorme panais...

Le dealer qui a squatté leur appartement en leur absence,

en compagnie de Baba, le pirate noir d'Asterix et Obelix,

raconte qu'en leur absence, il a mis à la porte leur "propriétaire chauve" qui osait réclamer aux intermittents "les loyers en retard"...et ce dealer sous influence aussi, raconte que le proprio en colère commençait "d'ailleurs à se montrer un peu chauve" dit le sous-titre.

Mais, si "bald owner" veut bien dire "proprio chauve", se montrer "bold" en anglais est plutôt "exigeant et culotté" (le jeu de mot du Sammy sans scoubidou, entre bald et bold n'est donc pas 'faire son chauve' (sic)...je proposerais un truc du genre: "ton proprio à crâne en peau de fesses" était pas content ...et commençait d'ailleurs à être "pète-sec".)

Grant ajoute ricanant que le proprio a sans doute donc été "ratty" (traduit là encore littéralement par "il a montré son rat?"...mais ça voulait dire hargneux&mordant...pourquoi pas plutôt, "ce rat montrait les dents"?).

_____Je jure que comme Jacques Villeret et son visage sans expression quand on lui explique,

je ne comprenais pas pourquoi le générique de fin remerciait "Ralph Steadman (dont Johnny Depp a participé à un bon doc)",

je savais Steadman dessinateur et illustrateur de livres d'Hunter S Thompson auquel ces zygotos me faisaient justement penser avant que je lise le nom de "Steadman"...

puis, j'ai en-fin vu l'affiche du film, qui est en effet du dessinateur Steadman, et ma bouche de carpe s'est enfin fermée de compréhension quant à sa présence au générique. Ces personnages venaient de me rappeler ceux de Las Vegas Parano/Fear and Loathing in Las Vegas de Terry Gilliam adapté de Hunter S Thompsn, film et texte illustrés par Ralph Steadman

___le générique remercie aussi: "MODY SCHREIBER" et "RAY COOPER" mais je ne suis pas encore allé voir qui ils sont.

____depuis quelques années j'essaye de comprendre en anglais un amusant dandy britannique, très provocateur et ancien drogué...à la manière de parler si singulière : un Russell Brand.

Je ne découvre que maintenant qu'il a peut-être calqué son look et approche à ce Ralph Brown qui joue ici le dealer à énorme joint caricatural "de son invention".

(Ralph Brown a peut-être influencé Russell Brand comme Sean Penn en avocat David Kleinfeld dans L'Impasse, a définitivement influencé l'excellent Paul Kaye jouant 'Strutter').

___je ne comprenais pas de suite le dialogue de l'émouvante scène finale avec les loups...: je comprenais "goes on heavely disposition...indeed...I know not...lost of my mirth ....sterile promotry"

et avec ces mots, google m'informe que c'est un monologue d'Hamlet, auquel Oncle Monty faisait d'ailleurs plus tôt justement allusion (devant la cheminée il parlait du "the Dane"; sous titré "Hamlet"): apparemment, cette scène finale est justement quand Hamlet se dit à voix haute combien la nature humaine est parfois admirable puis désespérante ( cf. https://en.wikipedia.org/wiki/What_a_piece_of_work_is_a_man )

____j'aime les dialogues lors de la chasse à courre que mène Oncle Monty/Richard Griffiths envers I/Paul McGann...ce qui crée une danse et chorégraphie entre ces deux personnages qui est très drôle car le petit Laurel ne sait pas comment dire à Hardy qu'il n'est pas intéressé...je sais que le harcèlement sexuel,ce n'est pas drôle, sauf qu'on découvrira que ce n'est pas tant un harcèlement sexuel que cela car le chasseur avait de mauvaises informations...et surtout, sur-tout, il prend/accepte "non" pour une réponse: et s'arrête, lui, au "non". Donc un film de 1988 pas beauf du tout: déjà "Non, c'est non."

Durant leur échange j'ai aimé son "are you a sponge or a stone?", "es tu une éponge ou une pierre"?...

la tête hilarante ce Paul McGann m'a alors rappelé celle de mon Tony Curtis quand Lawrence Olivier lui demande dans Spartacus s'il aime et mange "des huitres ou des escargots? (oysters/snails)"

En moins sexy, leur duo (et la scène dans la chambre) rappelle aussi celui du tableau de Fragonard: Le Verrou...

___en détail, sans doute un hasard, mais la lettre du gros découverte une fois qu'il est parti dans la nuit, est lue à voix haute devant une photo portrait de George VI: donc le contenu de la lettre fait peut-être (??) allusion aussi au frère de ce Roi qui a plutôt connu les mêmes affres que l'Oncle Monty...je crois : "je vous souhaite le bonheur que je n'ai jamais eu...".

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___infos de Jacky Soulié de SC: ""Ce qu'il faut savoir ----------(aussi)-------- est que c'est un film autobiographique, le "I" du titre c'est Bruce Robinson qui a réellement galéré à Camden Town dans un immeuble comme celui du film et que le vrai "Withnail" s'appelait Vivian MacKerrell, à la vie tragique (l'oncle libidineux est Franco Zeffirelli qui a harcelé réellement Bruce Robinson)"".

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le 5 juil. 2023

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PierreAmo

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