Wolf Creek 2
6.5
Wolf Creek 2

Film de Greg McLean (2014)

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Les touristes ne respectent plus rien de nos jours, ils foulent leurs sandales sur des sites immaculés, détériore la flore et abandonnent leurs détritus sans même se soucier d’altérer l’environnement. Aborder ce territoire est un privilège réservé uniquement aux natifs, par droit du sang. Il faudrait débarrasser la nature de ces va-nu-pieds, ça tombe bien parce que c’est justement la mission que s’est fixé Mike Taylor qui sera le véritable protagoniste de cette suite, ce que l’on devine à son intro tonitruante, où deux flics veulent passer le temps en lui collant une contravention pour un excès de vitesse que le bougre n’a pas commis. Mal leur en a pris, puisque ce dernier va leur raccourcir le scaphandre en abattant les foudres de sa colère d’un tir de sniper. Et si vous vous demandiez ce qui serai advenu des malheureux globe-trotter de Wolf Creek s’ils avaient eu le bon sens de refuser l’aide chevaleresque de leur hôte, ce deuxième épisode vous en donnera un vague aperçu, puisque le camping sur le cratère y est prohibé, et que le chasseur se fera une joie de les en déloger. Wolf Creek 2 effectue alors une transition particulièrement audacieuse en s’élançant dans une course poursuite effréné au plein cœur de l’outback australien sous fond de musique du Roi Lion avec un troupeau de Kangourou broyé sous l’essieu d’un gros camion. C’est l’histoire du Slasher, le cycle éternel de la furie mortelle.


Greg McLean s’attarde cette fois-ci sur les états d’âme de son tueur qui compile toutes les tares d’un ermite solitaire, celui d’être un véritable grouillot qui grouine comme un phacochère, un porc vicieux et arrogant, xénophobe au demeurant et réfractaire à tout dérèglement de l’ordre établi. On prend un malin plaisir à le voir cabotiner comme Freddy Krueger en balançant des répliques cinglantes à l’écran. L’idée s’avère salutaire d’autant qu’il s’agissait d’un méchant réellement fascinant. Mais il y a un mais, car si on apprend à mieux le connaître et à l’apprécier, l’acteur perd également toute sa part de mystère qu’il se doit donc de compenser par une bonne dose jubilatoire de cruauté. Aucune de ses ignominies ne nous est ainsi épargnée, de ses parties de chasse à la maltraitance physique et psychologique qu’il inflige à ses proies jusqu’à une séance de torture ludique et sadique. Comme il se complaît à se présenter, Mike est une légende dans ses contrées, il est le fauve parmi les antilopes en témoigne sa façon de traiter la faune au volant de son camion. On sait parfaitement que rien ne peut ni ne pourra l’arrêter, puisqu’il est le seul à faire figure d’autorité dans ce no man’s land où rare sont les véhicules patrouilles à s’y aventurer. Reste que John Jarrat crève l’écran et insuffle toute sa bonhomie dans ce caractère truculent .On ne peut pas pour autant s’empêcher de faire preuve d’empathie pour les victimes, notamment envers le jeune Ryan Corr puisqu’il n’entre pas dans le carcan stéréotypé du bétail sacrificiel.


Le réalisateur s’embarrasse moins de l’exposition et de la relative suggestion qui faisait la moelle épinière de son premier essai tourné en DV, ici il se permet de rentrer directement dans le lard en lui brisant la colonne vertébrale quitte à prendre le risque de tomber dans la surenchère gore et grand guignolesque ce qu’il évite minutieusement en faisant monter l’angoisse d’un cran ou bien en alternant les prises de vue contemplatives dans des paysages australes de carte postale. En cela, cette suite est dans la continuité du précédent même si son cheminement en prend le contrepied, ce qui évoque à bien des égards ce que Massacre à la Tronçonneuse 2 était au premier. Si le récit semblait vouloir sortir des chemins balisés en s’engageant dans l’immensité aride de ces terres de feux, ce n’est que pour mieux se réfugier dans l’antre miteuse et cloisonné de son forcené qui fera preuve d’un esprit tout aussi étriqué que le sont ses connaissances en matière d’histoire et qui ne peut décemment pas justifier les sévices qu’il opère sur son prisonnier. On sait donc d’avance où le tueur veut nous emmener, reste le choix des armes et de l’assaisonnement ainsi qu’un humour noir percutant.

Le-Roy-du-Bis
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le 20 oct. 2023

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