Ils veulent être des guerriers, je vais leur montrer la Guerre !

Wonder Woman, la dernière production de chez DC, était très attendu au tournant.
Déjà parce qu'avec un premier film de super-héroïne dans le DCCU, on pourrait enfin briser la malédiction des films de super-héros féminins pourris. Non parce qu'avant ce film, on avait Supergirl, Catwoman et Elektra, qui étaient non seulement des films incroyablement nuls mais en plus des productions qui ne renvoyaient pas une image très positive de la femme (Coucou Catwoman où l’héroïne passe plus son temps à rouler du cul en tenue moulante sur du R'nB moisi qu'à sauver des gens !).
Et ce film était aussi très attendu parce que c'est un film de chez DC, et comme Man of Steel et Batman v Superman ont divisé les foules (à tort) et que Suicide Squad était une merde sans nom, y'avait de quoi avoir peur de leur prochaine production.

Mais bon, là c'était un film Wonder Woman, LA super-héroïne par excellence, il aurait vraiment fallu le faire exprès pour foirer un film sur le personnage.

Résultat : Le film est très bon ! A 1 ou 2 détails près, certes, mais il est bien.

Évidemment, la raison principale pour laquelle ce film fonctionne, c'est son personnage principal.
Gal Gadot est Wonder Woman. Je sais que dire ça alors qu'elle est la seule actrice à avoir endossé le rôle, c'est un peu trop facile (Ce serait comme de dire que Alec Baldwin est LE Jack Ryan juste parce que c'est le premier à avoir interprété le personnage en film), mais pour le coup, c'est vrai.
Elle arrive à donner au personnage un tel charisme, même dans les simples scènes de discutions, on voit quasiment qu'elle, et quand elle commence à se friter contre des allemands, elle offre des performances plus sauvages, plus guerrières, là où pas mal d’autres héroïnes de films d'actions ont un jeu plus subtil et calme (plus "femme", lol).
D'ailleurs Chris Pine, l'autre vedette du film, s'en sort très bien, son personnage de Steve Trevor a une réelle utilité dans le film, et je trouve que l'alchimie avec Gal Gadot fonctionne plutôt bien à l'écran.

Ce que je trouve très intéressant dans ce film de super-héros, c'est tout le décalage qu'il crée entre son héroïne, emplie de bonnes intentions et désireuse de faire triompher le bien et la justice, et la réalité d'un monde plus sombre.
En effet, dans ce film, Diana a passé son enfance coincée sur l'Ile des Amazones, et sa seule connaissance du monde se limite aux mythes et légendes que l'on lui racontait étant enfant, histoires qui vont développer chez le personnage une très forte distinction entre le bien et le mal, poussée à un extrême qui finit par rendre le personnage relativement naïf sur la Nature humaine et la guerre.
Cette naïveté fait que lorsqu'elle découvre l’existence de la grande guerre, elle pense immédiatement qu'elle est le fait d'Ares, dieu de la guerre, et que la destruction de ce dernier mettrait fin à tous les conflits. Raisonnement naïf, certes, mais totalement en phase avec le personnage dépeint par le film, et qui se trouvera plus nuancé par la suite.
A mon sens, Wonder Woman symbolise pendant une bonne partie du film cette figure du super-héros "old school", le modèle du héros bon samaritain près à tout pour aider la veuve et l'orphelin en faisant fi de sa propre personne, et l'intelligence du récit selon moi, c'est d'opposer à cette vision simplette de la justice un monde relativement plus froid et violent au travers de la réalité de la Première Guerre Mondiale (Un peu comme dans Man of Steel et Batman V Superman, où Snyder confrontait un Superman boy-scout à un monde plus sombre). Les convictions de Wonder Woman seront alors ébranlées devant la noirceur de l'Homme, et la pousser dans ses derniers retranchements, surtout dans la dernière partie du film, où tout semble s'écrouler.
Pendant tout le début du film, on sent Diana frustrée par son statisme et celui des humains qui l'entourent, considérant d'un œil résolu que la guerre ne connaitra pas de fin, et ne font rien pour changer cela. Et c'est lors de son arrivée dans les tranchées que la colère de notre héroïne atteindra son paroxysme et que, défiant toutes les stupides règles établies par ces bureaucrates impuissants, elle se lancera dans la bataille, dans une séquence magistrale qui montrera la vraie naissance de Wonder Woman.
Je vois ce film comme le récit initiatique d'une héroïne, qui devra se défaire de ses plus fortes convictions, apprendre à redécouvrir le monde sous un nouveau jour qui ne lui plaira pas, et surtout à faire les bons choix au bon moment.
Je noterais d'ailleurs au passage une scène de dilemme, où Diana hésite à tuer un certain personnage, séquence qui pour moi fait écho à celle de Man of Steel où Superman hésite à tuer Zod, et celle de Batman V Superman où Batman hésite à tuer l'Homme d'Acier. Trois scènes mettant en parallèle les 3 grands héros DC pour trois dilemmes, où chacun doit faire ses choix et décider quelle voie il sera amené à suivre pour protéger le monde.
Je sais pas si c'était fait exprès, ou même si c'est juste moi qui affabule, mais je trouve ça classe !

Mais bon, toutes ces questions sur la justice, les héros, tout ça, on s'en fout, on a un film Wonder Woman, et Wonder Woman, elle casse des gueules et c'est tout ce qui compte !
Évidemment il y a La scène vouée à devenir iconique de Diana qui court sur le No Man's Land en parant les tirs de mitrailleuses au bouclier, y'a un énorme élan épique, une poussée d'adrénaline, c'est cool !
Et la bataille dans le village, qui est juste incroyable, que ce soit en terme de chorégraphie, de rythme ou simplement de mise en scène avec en plus le thème supra-badass de Wonder Woman en fond, spectaculaire !
Et y'a la bataille finale, dantesque à souhait. Oui, y'a beaucoup d'images de synthèse, mais on s'en fout, c'est classe !
Tout est fait pour mettre en avant la badassitude de Wonder Woman. Ils y arrivent très bien, et je suis content.

Bon, bien sur le film n'est pas sans défauts.
Déjà je trouve que la naïveté de Diana, même si elle est justifiée, crée parfois des situations assez malaisantes, qui m'ont pas mal dérangé au visionnage. Toute la première partie du film, où Diana découvre la société moderne façon 'Les Visiteurs' a provoqué en moi un fort malaise, et c'est pas super agréable quand en plus tu ne peux pas accélérer le film pour passer ce qui te gène.

Aussi je trouve que les méchants, hormis le big boss qui est plutôt bien pensé, sont mal exploités par le film. On a un général allemand et une chimiste empoisonneuse. Y'avait de l'idée pour faire de bons méchants sympas, mais c'est pas le cas, ils servent plus de personnages prétextes à l'histoire qu'autre chose. Et ça me fait mal au cul de dire ça, mais même Crane Rouge dans Captain American First Avenger avait plus de charisme que ces 2 là réunis ! Oui !

Et puis à la fin, SPOILER, Diana découvre que l'arme ultime contre la noirceur de l'âme humaine et aux sempiternels combats menés par ces saloperies de sapiens aux bâtons de feux, c'est l'Amoûûûûûûr ! Ce qui n'est pas en soi une mauvaise chose, c'est certes naïf et enfantin, mais dans le contexte d'une super-héroïne à l'ancienne, c'est pas si con. Le vrai problème, c'est que la réalisatrice en fait des caisses avec son message, du coup, non seulement c'est naïf, mais en plus c'est un peu lourdingue, surtout vers la fin.

Beaucoup ont dit que Wonder Woman était un film sympathique, mais que dans le DCCU, il n'apportait pas grand chose, à part expliquer les origines de son héroïne, mais pour moi, il apporte quelque chose à la représentation du super-héros au cinéma, en questionnant la place du surhomme dans la société façon Dark Knight ou Man of Steel, mais pour moi il pousse la réflexion plus loin que ses modèles en retournant complétement l'idéologie de son personnage principal, et ça c'est fort.
Wonder Woman est donc un bon film, qui m'a moins scotché que Batman V Superman, mais qui a réussi à faire mouche.
Il a une bonne héroïne, une bonne histoire, des scènes d'action épiques et un vrai propos.
Et ne serait-ce que parce que c'est le premier vrai bon film de super-héroïne, il faut le voir !