Depuis quinze ans, un tsunami de films de superhéros déferle sur le monde, et j'ai choisi de me mettre à l'abri en ne les voyant pas. Et je sais que je fais bien.
Mais de temps en temps, tel Wonder Woman quittant l'île des Amazones, je ressens le besoin d'aller voir par moi-même vérifier que j'avais raison. Et ce film, que je ne déteste pas, me confirme cependant dans ma conviction : je peux bien mieux occuper mon temps.
Ce film s'inscrit dans la veine pulp. La reconstitution de la Première guerre mondiale, et notamment les méchants, est affligeante. Le scénario gère très bien le décalage de situation entre son héroïne platonicienne et droite, et le monde cynique et laid de 1918, en revanche l'intrigue est pleine de flottements. L'émotion vis-à-vis des morts est très sélective, et les personnages sont incohérents : Wonder Woman TUE, bon sang. Va dire après ça, d'un air pénétré, "Je crois en l'amour".
L'esthétique est étrange, oscillant entre le réaliste et des scènes d'action au ralenti très léchées, à la Matrix. A noter un effort pour les chorégraphies, qui reposent beaucoup sur les glissades virevoltantes. Mais bon, on sombre vite dans la surenchère, le "je soulève un char d'une main au milieu d'un aéroport en flammes". Pour émouvoir, il faut toujours plus. Et c'est bien dommage quand il s'agit d'une héroïne de ce genre, qui méritait davantage de finesse.
Le film a un rythme terrible, avec une sorte de conscience qu'il ne réussira que les scènes d'action. Le reste, notamment le premier quart d'heure, est terriblement ennuyeux. Et je suis gentil avec les scènes d'action : elles sentent beaucoup le studio et la retouche numérique.
Alors qu'est-ce qui sauve ce film ? Ben... Les cuisses de Gal Gadot.
J'ai honte, mais c'est vrai. Elle joue bien, en plus. Ce n'est pas pour rien qu'on l'identifie désormais au personnage : elle en a bien saisi l'essence. Bon, elle a juste cette voix rauque et un peu vulgaire des actrices américaines actuelles.
Oui, c'est affligeant. Mais bon, à l'écran comme dans la vie, la chair est faible.
Bref, cela me confirme une chose : si les gens placent ce film dans le haut du panier des films de superhéros, je n'ai vraiment pas besoin de voir les autres.