Dans la grande famille des films d’infectés, World War Z devait être le père. Un pilier qui marquerait un renouveau du genre en faisant coïncider le côté épique du blockbuster avec l’intimité oppressante propre aux grandes œuvres sur les morts vivants. Porté par un poids lourd d’Hollywood en la personne de Brad Pitt, cette adaptation du livre éponyme n’a pas d’autres ambitions que de devenir une référence.


Une bande annonce prometteuse, une certaine originalité dans la vision des contaminés et une intrigue au niveau mondial, on se dit que la surprise est possible. A l’arrivée, la mission est à moitié remplie. On n’atteint pas l’excellence des 28 jours/semaines plus tard, mais le film pose sa marque dans l’univers des macchabés agités avides de chair fraiche.
La première demi-heure est stupéfiante, et l’effet doit être renforcé pour un spectateur qui n’a pas vu la bande annonce. Cette manière de jeter le spectateur directement dans le sujet, sans préparation ni explications (si ce n’est un rapide générique) est une merveille. Une famille, un matin comme les autres, un embouteillage et ensuite le chaos. Rien de mieux pour vivre l’affolement général comme n’importe quel citoyen. Après cette claque, le film perd malheureusement en intensité au fil des séquences. Pour finir quasiment dans le ridicule. Un vrai sentiment de gâchis.


En oubliant la dernière partie ratée, on ne peut s’empêcher de regretter plusieurs aspects agaçants dans l’œuvre. Brad Pitt repère le point faible des zombies en un clin d’œil, Brad Pitt survit à un crash aérien, Brad Pitt fait le tour de la Terre en deux jours dans un monde ravagé et Brad Pitt a toujours son petit foulard tellement seyant qui pend négligemment au cou. C’est tellement habituel qu’on peut le pardonner mais ça reste agaçant.


Quelque chose de beaucoup moins pardonnable par contre, l’absence de sang, de boyaux, de chairs déchirées, de cadavres dévorés et de curées sauvages. Très sincèrement, désolé pour tous les spectateurs de moins de 12 ans, pour le pognon que ça fait perdre à la production, pour l’association de lutte contre la violence à l’écran et pour les hémophiles mais merde, un film de ce type sans massacre ? Une blague.
Une scène absolument parlante à ce sujet : lorsque les gentils étrangers qui accueillent the Pitt Family décident de rester barricadés chez eux. Ils sont terrés derrière la porte et le verrou est sur le point de céder face à une horde de Zombies. On s’attend à un carnage mais non, fin de l’histoire, on change de plan et on retourne à quelque chose de moins choquant. Frustration quand tu nous tiens.


Pour parler des stars du film, à savoir les méchants morts-vivants sprinteurs, ils souffrent fatalement de ce manque de réalité organique. Ils se situent entre les « vampires » synthétiques de « Je suis une légende » et les zombies blafards de l’indigne expérience cinématographique « Resident Evil ». Finalement, ils se fondent dans la population lors des gigantesques séquences ouvertes de New York pour une tension accrue mais n’arrivent pas à faire trembler quand ils hantent les couloirs étroits du centre de recherche. Dommage là aussi, il y avait moyen de taper fort.


Pour résumer, le film peut se découper en quatre parties (USA, Corée, Israël et centre de l’OMS). La première est grandiose, les deux suivantes agréables mais pas transcendantes et la dernière juste passable. Le tout forme un film prometteur mais loin du niveau qu’il aurait pu atteindre. Les derniers échos font état de deux suites, reste à savoir si elles confirmeront les bonnes choses entrevues en s’épargnant le superflu.


Donnez-nous du brut, du sec, du violent, du bruyant. On a faim.

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le 9 juil. 2013

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Caïn

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