Plus le temps passe, et plus on se rend compte que Days of Future Past était vraiment très bon. Du coup lorsque la même équipe se lance dans sa suite, on est en droit d’espérer un film du même calibre. Surtout que Bryan Singer à la réalisation c’est : X-men, X-men 2 et donc Days of future Past. Les meilleurs de la saga en fait. Et pas sûr qu’Apocalypse joue dans cette cour là.


Parce que même si le tout est loin d’être dégueulasse, c’est quand même très très léger sur certains points. D’abord, le principal souci, c’est le mutant lui-même. Il n’est pas numérisé comme un certain Thanos, c’est déjà beau, mais l’individu manque quand même salement de charisme. Le ton grave et bas, la haine sourde mais contenue, le minimalisme permanent au niveau des mouvements, ça peut marcher si on fait tout sortir à un moment donné.
Là, force est de constater que c’est juste un pantin fossilisé dans son maquillage bleu nuit qui force un peu sur l’auto tune et se téléporte constamment tellement marcher le fait souffrir. Et puis c’est délicat de faire passer de manière crédible la défaite d’un mutant omnipotent, sachant qu’il a juste à vaporiser la moindre résistance d’un plissement du front pour arriver à ses fins.


Mais le problème principal, c’est le traitement des personnages. Balancer pour la huitième fois la lutte intérieure de Magnéto comme trame principale, c’est désespérant. On a droit à une évolution du personnage plutôt bien menée dans Days of future Past, mais tout est effacé et on recommence à zéro.


Le gentil Magnéto a trouvé une femme avec laquelle il a pu satisfaire son désir compulsif de reproduction et vit maintenant au milieu de la forêt. Il a même réussi à s’intégrer de manière virile dans la société grâce à un travail de métallurgiste qui lui permet de taper sur l’épaule de ses camarades en exhibant son corps couvert de sueur et de charbon. Mais poussé par son cœur noble et valeureux, il utilise ses pouvoirs pour sauver la vie d’un jeune anonyme et se dévoile donc aux yeux de sa nouvelle communauté. Evidemment, les humains vont le menacer avec des arcs en bois et, comme ils sont méchants mais pas trop, réussissent à tuer accidentellement les deux êtres chers de notre beau héros à l’aide d’une vieille flèche déviée. Notons qu’en suivant les règles physiques universelles, celle-ci n’aurait même pas pu traverser 10 cm de polystyrène puisqu’elle est tirée avec la même trajectoire/force que celle que tu as utilisée à la foire de ton village il y a huit ans pour gagner un robot en plastique. Du coup on nous sert la vieille recette à base de cris, sang et métal tournoyant, le tout sur fond d’Auschwitz, et Magnéto peut commencer à détruire le monde pour mieux le sauver ensuite.


L’idylle naissante entre Jean et Scott n’est pas mieux tournée, pas plus que l’intervention du colonel Stryker ou l’affirmation du rôle de leader chez Mystique. C’est d’autant plus décevant que la série s’est toujours attachée à mettre en avant le développement de ses personnages, prenant leurs pouvoirs comme prétexte pour explorer leurs personnalités. Inutile de dire qu’il y avait matière à s’amuser, en laissant Magnéto au point où il en était avant ce film et en s’intéressant à d’autres mutants complètement sous exploités. Psylocke et Angel ont deux scènes chacun, Jubilee n’ouvre même pas la bouche et Kodi Smit-McPhee qui joue Diablo apparait moins de temps à l’écran que sa doublure cascade.


Evidemment on trouve de quoi bouffer si on aime se genre d’univers, et on peut même apprécier la bête sans voir le temps passer, mais le film sent objectivement la grosse flemme scénaristique.
Pour le côté technique, ça assure comme il faut en balançant des effets spéciaux plutôt réussis, des ralentis permanents et des déflagrations dans tous les sens. La scène de l’explosion du manoir avec Quicksilver est géniale même si tout le monde sait que le truc a été cuisiné la veille et réchauffé tranquille avant que les invités se pointent. L’apparition de Wolverine est splendide, avec ce qu’il faut de finesse, de fluidité et d’harmonie pour coller au personnage.


Reste à savoir si Singer va se bouger pour montrer que cet Apocalypse n’était qu’accidentel ou s’il va s’enfoncer sur ce chemin pour condamner la suite de la saga à l’oubli. Et puisque le pire c’est toujours le troisième, on peut être optimistes pour les deux suivants n’est ce pas ?

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le 1 juin 2016

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Caïn

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