Quand on écrit un film, on établit des règles. Ce ne sont pas des lois jetées à tous vents car une fois ces règles posées, il faut s'y tenir. Ces principes, applicables à toutes œuvres de fiction peuvent se résumer à une simple équation : Cohésion + Constance = Cohérence. Et ce n'est pas Bryan Singer qui dira le contraire...



Cohésion Dangereuse



Après avoir sommeillé pendant des millénaires, Apocalypse, le premier de tous les mutants, se réveille en 1983 et décide de fonder un monde tel qu'il le conçoit et sur lequel il régnerait en maître. Il trouvera résistance en la personne de Charles Xavier (James McAvoy, génial), télépathe surpuissant, fondateur d'une école pour mutants. Ce dernier ne peut se battre seul et doit compter sur élèves et la maîtrise de leurs pouvoirs pour fonder une cohésion de groupe au sein des nouveaux X-Men, dirigés par Mystique (Jennifer Lawrence).


L'histoire déploie une multitude ramifications pour justifier la présence de mutants historiques (Jean Grey, Diablo, Cyclope) et le retour de Mystique, et prend comme acquis les deux précédents films non moins complexes. Des couloirs s'étendent et s'entrelacent pour finalement perdre le spectateur non averti dans un dédale de prénoms, de noms de codes et de localisations floues. Et finalement, c'est le seul élément central du film qui lui fait le plus défaut : le big bad guy.


Pour complexifier la chose, notons que le premier des mutants n'est JAMAIS appelé Apocalypse. Poupée de latex trempé dans du Curaço, l'infâme tyran gardera son nom Égyptien, jetant le trouble dans un assistance plus vraiment sûre de ce qu'elle regarde depuis le deuxième film. Mais ici, pour plus de compréhension, nous l'appellerons Bleutox. Oscar Isaac semble se régaler sous ses heures de maquillages. Gaulé comme une voiture volée, l'interprète de Poe Dameron tend les bras, prend une voix grave et refuse de cligner des yeux. Le cousin éloigné de Pavalaguna s'amuse.



Constant Ignoble



Avec l'avènement au cinéma du genre super-héroïque, il est devenu évident que les personnages munis de capacités exceptionnelles, des persos cheatés en somme, posent problème. D'un coup d'une seul, ils peuvent faire basculer la situation à leur avantage, voire annihiler toutes résistances. Si le script donne à ces demi-dieux des talents hors du commun, le film se doit de les assumer jusqu'au bout.


Un peu d'histoire : pour mener à bien son plan de purification par le fond, ce cher Bleutox décide d'engager les mutants les plus puissants qu'il trouvera sur cette terre afin de se créer une garde rapprochée aux reflets bibliques. Quatre cavaliers au service de l’apocalypse himself. Passons rapidement sur les choix douteux du mutant visiblement pas encore très bien réveillé. Quel intérêt de choisir un éphèbe ailé bâti comme un dieu grec (Angel) et une ninja-laser (Psylocke) aux formes avantage... aaaaaaaaah oui ok pardon. A ces deux personnages fonctions, fabriqués pour tremper les sièges, s'ajoutent deux figures connues du grand public, à savoir Tornade (pas encore Hale Berry) et Magneto, incarné par un Michael Fassbender qui veut rapidement en finir.


C'est là que cette morue de Constance revient d'entre les morts pour nous titiller le scénario. Car au zénith de leurs pouvoirs, les cavaliers souffrent d'une curieuse maladie, quoiqu'assez répandue dans le cinéma : la "Parcequelescénariolexige". Cette affection diminuera aléatoirement les aptitudes des combattants pour prolonger une confrontation ou justifier un trou béant dans le script.



La vie de Brian



10e métrage du réalisateur, X Men : Apocalypse est une revanche pour récupérer son bébé mutant, arraché de ses mains moites et tremblantes à la suite du succès de X-Men 2. Mortifié (et on le comprend) par la médiocrité de l'Affrontement Final, le réalisateur d'Usual Suspect dégaine l'artillerie lourde en produisant deux prequels, et enfin reprend les commandes pour boucler la boucle avec l’ennemi ultime des élèves de Charles Xavier. Dès lors avant même la sortie en sale, le film se trimbale un héritage tumultueux, sans parler de certains squelettes traînant encore dans les placards de l'institut (Wolverine, on en parle ou pas ?). Une production chaotique laissant des traces dans l'ADN de la saga, quitte à faire muter son objet, aggravé par un scénario plus épais et tortueux que les murs des pyramides.


Un film vraiment moyen, pour lequel il convient de tenir compte de la balle en adamantium profondément logé dans le pied du réalisateur. Enfin rappelons-nous que Singer, en portant à l'écran les aventures des mutants en 2000, est le réel nécromancien du genre super-héroïque au cinéma, et ce 2 ans avant le Spider-Man de Sam Raimi. Après un long chemin de croix, Brian signe le testament de sa carrière mutante.

AlainStarman
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le 24 mai 2016

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Le  Fléau

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