Le masqué se demande de plus en plus souvent s'il voit les mêmes films que certains oiseaux de mauvaise augure.


Il pourra ajouter ce Dark Phoenix à sa liste à partir d'aujourd'hui.


Car à l'heure où les plus constipés affirment sans honte que le film offre une des pires scènes d'action de toute la saga, et se souviennent que X-Men : L'Affrontement Final ou X-Men Apocalypse, c'était en y réfléchissant pas si nul que cela, il y a de quoi peut être douter de leurs facultés cognitives.


Ou des miennes, peut être, allez savoir.


Par contre, les mêmes constipés ne sont même plus rigolo : il n'ont même pas osé se foutre du dernier opus mutant et de son niveau soit-disant lamentable en osant un Zézède épouse X qui aurait pu au moins donner le change quant aux références de leur humour lettré. Car aujourd'hui, même sur cet aspect de la critique cynique, il n'y a plus rien à attendre.


Tout se perd, ma brave dame. Tout comme les exigences du masqué en matière de super-héros.


Pourtant, je vous jure, c'est pas si mal, X-Men : Dark Phoenix. Je ne l'écrirai pas sinon.


Bon, oui, il pourra apparaître comme un remake de L'Affrontement Final : il ne faut pas se voiler la face. Sauf que Simon Kinberg réussit là où Brett Ratner sentait un peu, par moments, la chaussette sale. Car le film est avant tout l'histoire de Jean Grey, cette fillette coupable d'être différente et rejetée par celui qui est censé l'aimer de manière inconditionnelle. Elle est dessinée tour à tour fragile, perdue ou incontrôlable dans la première moitié du film de plutôt bonne manière, faisant ressentir toute la souffrance, la colère et le désir de la rousse enflammée. Et l'oiseau de feu de muer plus d'une fois en oiseau au plumage de cristal, quand cette impuissance paradoxale se mêle aux larmes de l'héroïne. Trauma initial, sacrifice, perte de contrôle, abandon et rancoeurs se répercutent immédiatement tant sur son fragile équilibre que sur l'ensemble du groupe en redessinant un jeu d'alliances inédites ou rappelant celles qui étaient un peu passées au second plan.


Tout en sondant l'idéal de Xavier dérivant lentement vers une sorte de paternalisme autoritaire, alors même qu'il est irrigué, pourtant, des meilleures intentions. Du classique, en somme. Mais du classique qui assure de manière plus qu'honnête dans un premier temps, surtout dans un cadre spatial inédit pour nos mutants, rappelant par instants l'attaque de la Maison Blanche mise en scène par Bryan Singer dans X-Men 2. Quant à l'attaque du train, elle envoie méchamment et produit un très bon spectacle, loin du mou de veau pour le chat que certains vous décriront.


Il est clair que la célèbre saga du comics a été élaguée : sauf que son intégration dans la franchise cinéma consacrée aux mutants se fait sans aucun heurt. Une sorte de petit exploit pour ma part. Mais bon, peut être que je me trompe aussi, hein. Aveuglé que je dois être en retrouvant quelques références graphiques aux New X-Men de Morrison / Quitely, ou encore au trait acéré de Joe Madureira lorsque Magneto se trouve en mauvaise posture.


Dark Phoenix est efficace et parfois touchant : il ira par ailleurs droit au but pour raconter son histoire, sans s'encombrer du superflu. Plutôt un bon point, donc...


... Sauf que la deuxième partie du film, toujours spectaculaire, emprunte les chemins les plus convenus du genre super-héros, tout en y greffant une méchante générique qui ne pointe le bout de son nez que pour fournir à Jean une adversaire tangible. Et alors que le supposé geek cinéphile hurlait déjà dans un soir de pleine lune qu'il s'agissait de Lilandra, on se retrouve avec une race alien jamais nommée, jouissant d'une apparition à la lisière du film d'horreur, avant de sagement rentrer dans le rang.


Dommage, car le reste assure plutôt bien. Enfin, non. Rectification : X-Men : Dark Phoenix assure plutôt bien aux yeux du masqué, qui est ressorti plutôt conquis de la salle, même s'il était conscient de certains défauts parfois assez visibles.


Tout comme il est conscient que ses goûts et ses satisfactions sont parfois à côté de la plaque. A moins qu'il ne s'agisse plutôt, cette fois-ci, des moqueurs ?


Behind_the_Mask, X-tinction Agenda.

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