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On ne voit toujours qu'une moitié de la vérité

YiYi est un film sur une famille de la classe moyenne taïwanaise. NJ, le père, Min-Min la mère et les deux enfants Ting-Ting et Yang-Yang

Ce film me faisait de l'œil depuis un moment, tellement encensé que je m'attendais limite à être déçu et bien pas du tout !


Plans fixes, caméra à distance, on est sur une mise en scène sobre qui nous laisse être en empathie avec les personnages sans les juger et sans utiliser d'artifices ou d'effets, c'est sobre et efficace. J'ai parfois eu l'impression d'être proche du documentaire, notamment quand Yang-Yang se fait réprimander par son professeur.


Il y aussi de vrais belles scènes de cinéma, je pense à la scène ou Min-Min avoue qu'elle ne supporte plus son quotidien, NJ ferme les volets, transformant la fenêtre en miroir qui reflète la circulation nocturne de Taipei. En plus d'être superbe, c'est aussi une belle métaphore de leur isolement pendant que la vie continue.


Le film parle du quotidien, brassant plusieurs thèmes, les personnages remettent en question leurs choix de vie comme le père, cherchent quelque chose de plus profond que l'ennui du train-train quotidien comme la mère, connaissent leurs premiers émois amoureux comme la fille et Yang-Yang s'interroge sur la vérité et la perception que l'on peut avoir de la réalité. L'enfant que je vois comme un alter égo du réalisateur est celui qui nous parle de ce qui est, je pense, le thème essentiel du film : "on ne voit toujours qu'une moitié de la vérité" ce film nous montre ce que les personnages ne voient pas ou ne comprennent pas sur eux, cet angle mort symbolisé par les photos de nuques que prend l'enfant, photographiant ce que les gens ne voient jamais d'eux.


Les mutations de la société taïwanaise sont aussi abordés avec le classique tiraillement entre modernité et tradition. Le père travaillant dans une entreprise voulant grandir à tout prix, quitte à produire des jeux de mauvaise qualité n'étant que des copies bas de gamme des jeux japonais.


On peut aussi voir la scène de mariage au début comme un symbole du poids des traditions, la salle ou se déroule ce mariage semblant bien trop grande pour les gens présents et leur petite vie.

Ce début est d'ailleurs un condensé du film, les tensions entre personnages y étant déjà exposées, et les fissures derrière l'apparence d'unité sont déjà visibles.

La grossesse visible de la mariée vient déjà montrer que la tradition s'efface face à cette situation de plus en plus courante dans la société.

Les dettes que le beau frère de NJ a à son encontre sont évoqués et la grand mère lasse et fatiguée est la représentation du vieux Taïwan en train de disparaître.


Ce qu'il y a de plus fort dans le film c'est quand un peu moins de 3h autant de sujets soient traités, que les personnages aient un développement et une évolution qui nous font comprendre qui ils sont et ce qu'ils ressentent tout ça sans une impression de rush. Tout se passe naturellement, on ne voit pas le temps passé, rien ne semble forcé ou précipité. Une réussite totale.

Moi_C_Alexandre
9
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le 2 nov. 2025

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Alexandre

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