Premier film de la trilogie Yokai Wars, 100 Monsters met en scène l'expropriation d'une pension communautaire par un promoteur véreux et soutenu par des autorités corrompues. Problème : le mépris que ces marlous expriment envers le culte local dédié aux yokai risque bien de se retourner contre eux. Voici donc une série B fantastique de 1968 au rythme tranquille qui développe ses petites intrigues politico-mafieuses afin de rendre d'autant plus savoureuse l'incontournable punition mystique qui s'annonce.
Le spectateur est là pour apprécier le bestiaire atypique du folklore nippon et il est servi par petites touches jusqu'à un splendide feu d'artifice final. Les créatures profitent d'effets spéciaux bien fichus vu leur âge et ont dû ficher la trouille aux gamins de l'époque : la rokurokubi (femme au long cou) conserve le visage inquiétant de l'actrice, et les noppera-bo (fantôme sans visage) sont d'autant plus angoissants qu'ils demeurent immobiles. Le kasa-obake (parapluie cyclope unijambiste, peut-être le yokai le plus connu) apporte une touche plus légère, encore que le voir lécher le visage d'un personnage souffrant de retard mental est assez déroutant ; le film s'autorise même une animation en 2D de son dessin sur un paravent, pour un rendu très sympa.
Le grand barnum final convie multitudes de yokai aux looks des plus extravagants, dont il se dégage une véritable poésie aussi festive qu'étrange. C'est vraiment dans ces séquences que 100 Monsters prend tout son intérêt et justifie le côté plus tradi-planplan du reste de l'histoire. Et puis ça donne envie de rejouer à Pocky and Rocky !