Faut dégonfler le melon, mais c'est bien essayé

Trop premier degré et débordant de bonnes intentions martelées avec la subtilité d'un marteau-piqueur, Yoroï, qui s'est solidement planté en salle, ne brille pas vraiment par son fond. La métaphore émotionnelle est tétralourde, à faire lever les yeux au ciel. Surtout : pas facile pour le spectateur moyen de se sentir en empathie avec Orel, dont les problèmes de méga-star soulignent, d'une part, la déconnexion avec son public, et de l'autre, un certain égocentrisme. Une phrase sur trois est une auto-référence, c'est parfois à la limite du supportable – surtout dans la dernière demi-heure, dont on pourrait couper au moins la moitié.

Non, la vraie force du métrage, c'est sa forme. Et là, y a à manger : du costume fait main, une photo et une lumière de grande qualité, des combats d'une très grande lisibilité (la séquence dans les rues de Paris rholala...). On sent l'expérience du clip, d'Orelsan et du réalisateur David Tomaszewski, déjà à la baguette pour L'odeur de l'essence.

Orelsan joue correctement (même si au bout d'un moment on préfère quand il se bat plutôt que quand il parle) mais c'est surtout la perf de Clara Choï qui fait la différence. J'ai adoré sa caractérisation par son côté "bourrin" et force de la nature, qui entre assez subtilement en résonance avec la scène de dénonciation de la charge mentale plus tard dans le film (qui elle est beaucoup moins subtile).

Bref, un beau bonbon, une belle tentative de braquage, qui aurait pu faire se déplacer le public avec une promo de meilleure qualité. Surtout, avec un scénario un peu moins grossier et égotique, j’aimerais voir ce que cette équipe pourra donner dans l'avenir, si elle se décide de nouveau à fricoter avec le grand écran.