Your Name.
7.6
Your Name.

Long-métrage d'animation de Makoto Shinkai (2016)

Rêve? Réalité? Vie antérieure?

Roman de Makoto Shinkai publié en Juin 2016, You’re name, de son titre original Kimi No Na Wa, n’est pas vraiment un roman adapté en film d’animation puisqu’entre la sortie du livre et la sortie du film au Japon, il ne c’était écoulé que deux mois. De plus, ce film est réalisé par l’écrivain lui-même. You’re name, c’est en quelque sorte la relève des films des studios Ghibli (Mon voisin Totoro, Le voyage de Chihiro,…) avec le thème de l’adolescence, du passage à l’âge adulte abordé de nouveau, tout en y ajoutant du mystique et de la poésie. Le film, à sa sortie au Japon, a été un véritable raz de marée au box office. Quant aux critiques, elles parlent d’elles mêmes : un chef d’œuvre fascinant. Mais pourquoi a-t-il autant fasciné? Pourquoi est-il unique ? En voici la réponse…


Une merveille surprenante de justesse


You’re name, c’est un film qui s’adresse à tout le monde mais il est avant tout destiné aux adolescents qui sont en train de grandir. L’adolescence, c’est une période initiatique que l’on a tous vécu, que l’on vit peut être encore en étant adulte et où l’on essayait de trouver sa place dans la société. Les genres de films comme You’re name sont typiquement le genre d’œuvre qui permet de nous aider à répondre aux questions qui nous tiraillent. En ressortant du cinéma ou en éteignant la télévision, on est plus apaisé, car c’est un fait, quand on grandit, on perd beaucoup de choses. On s’éloigne de nos parents dans de bonnes conditions ou parfois dans de mauvaises, on perd des personnes que l’on aimait comme des amis partis vivre ailleurs ou qui ont changés, on part vivre dans une autre ville, changeons de style de vie, partant pour une nouvelle aventure dans l’inconnu. Et ça, ça peut faire peur. C’est là que dame mélancolie montre son joli minois. En repensant à notre passé, il y a forcément de la tristesse, de la souffrance et du chagrin. Curieusement, cette mélancolie, elle nous aide souvent à murir. Dans ce film, il sera justement question de montrer comment on peut vivre en ressentant tout ça.


You’re name c’est un film qui a une histoire sérieuse amenant son lot de dramaturgie, allant jusqu’à effleurer la mièvrerie. Bien que l’intrigue soit clairement axée sur le coté surnaturel de la chose, les évènements qui s’y passent sont réalistes. Je vous vois venir : ca va encore dégouliner de bons sentiments ! C’est là qu’en l’espace de seulement dix petites minutes, le film, qui commençait comme une sorte de comédie romantique vue et revue entre deux lycéens va lentement mais surement balayer tous les aprioris que vous aviez dessus. « Je sais comment ça va se terminer, il va se passer si ou ça, le réal va tout faire pour nous faire chialer ». Heureusement pour vous qui avez pleuré toutes les larmes de votre corps devant un certain « Tombeau des lucioles » où même l’idée de vous ouvrir les veines vous a effleuré l’esprit, Makoto Shinkai il veut vous faire rire et il fait tout pour que vous vous attachiez aux deux héros.


En rigolant, une proximité se créée entre le spectateur et les personnages. Une fois que le spectateur c’est attaché à eux, toutes les émotions qu’ils ressentiront, il les ressentira comme s’il était en leur compagnie. Quoi de mieux pour vous faire mourir de rire que de voir nos deux héros échanger de corps ? Vous avez rit devant les situations des films 30 ans sinon rien et Freaky Friday ? Qui dit échange de corps entre un garçon et une fille, dit forcément en premier lieu état de choc, tripotage (ados ou adulte, on est tous des humains après tout), interrogation (c’est un rêve ou c’est réel ?) et l’entourage qui perçoit tout ça comme une crise de schizophrénie aigue. Fous rires garantis.


La relève de Miyazaki assurée ?


Makoto Shinkai, en plus de vous donner envie de rire, il veut parfois vous faire pleurer en même temps, tout en vous amenant à vous interroger sur l’issue de cette histoire, LA révélation finale, LE moment où vous allez vous dire « Mais mince, j’étais à mille lieu d’imaginer ça ! ». Un conseil : restez attentif/concentrés afin de ne pas vous retrouver perdu entre la chronologie des évènements (les échanges de corps et donc, du relais entre les deux héros) et décrocher complètement du film. Une chance pour vous, il n’y a pas de temps mort, on passe d’un film romantique à de la pure science fiction. Jamais dans l’histoire de l’animation Japonaise, je n’ai vu un film d’animation aussi riche, imprévisible, complexe et pourtant si compréhensible si on reste captivé. Cette idée de mélange de genres (fantastique, drame familial, romance et une petite touche de thriller) est juste parfaite. Réinvention totale de la comédie romantique et du film d’animation Japonais.


Scénaristiquement, on frappe très fort. Et visuellement ? Ca n’est guère mieux. Les films des studios Ghibli ont toujours été réputés pour leur esthétisme poétique. Pour You’re Name, c’est exactement pareil mais en plus poussé. Comme le disait si bien Le Figaro magazine : un tourbillon de beauté. En effet, l’alliance personnages en 2d (dont la gestuelle et modélisation a bien évoluée) et décors en 3d donnent de la profondeur, du relief à cette œuvre qui subjugue du début jusqu’à la fin. Deux points ont retenu mon attention : la séquence d’ouverture qui a l’originalité d’être montée comme un générique d’animé (Makoto Shinkai disant dans une interview qui était fasciné par les génériques des James Bond), et la séquence de la comète qui illumine le ciel.


Ca respire la poésie, la belle poésie. La poésie qui a du sens, la poésie que l’on comprend facilement, que l’on arrive à ressentir, voir presque à toucher (vous comprendrez si vous allez voir le film). You’re Name c’est du film poignant, bouleversant, drôle, haletant, gardant toujours le ton juste, n’allant jamais dans la solution de facilité. Jamais d’exagérations, l’intrigue, à mesure où elle se développe intrigue et captive. De quoi comprendre pourquoi le succès a été retentissant.


Au final, You’re Name est une pure merveille. Génie visuel (les jeux de caméra, d’ombres, de lumières, de reflets, des couleurs pastels), génie musical avec des musiques et leurs paroles collant à la perfection à l’intrigue (restez pendant le générique de fin pour cette musique si émouvante), mais surtout, génie scénaristique avec de nombreux rebondissements. Que vous ayez ou non en horreur les mangas, vous ne pouvez passer à coté de cette œuvre sortie bien trop discrètement en France et qui mérite pourtant toute notre attention.

Créée

le 4 janv. 2017

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Jay77

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