Après être sorti dépité face au "Pinocchio" de Del Toro, je me suis demandé si le genre du film de monstre avait encore un avenir aujourd'hui. Qu'est-ce qui pourrait amener un nouveau souffle à ce type de productions qui semblent vouées à tourner en rond, depuis maintenant plusieurs décennies, telle une spirale infernale, faute d'un propos en adéquation avec son époque?

C'est ainsi que la réponse m'est apparue sans crier gare. En effet, en lançant cette adaptation de la série de BD éponyme, j'étais loin de me douter que j'en sortirais avec un sentiment de profonde satisfaction enfantine ...

Car le long-métrage d'Arthur de Pins, co-réalisé avec Alexis Ducord, confirme qu'en de bonnes mains, n'importe quelle production peut renouer avec l'essence même du genre. Avec Zombillénium, on est loin des œuvres aseptisées type la série "Mercredi". Certes, le film ne va pas virer en "fête du gore", néanmoins on peut noter l'envie des réalisateurs d'aborder des thématiques telles que l'enfer du travail, le deuil, la famille ... Et globalement le rejet de tout ce qui sort des carcans imposés par la société de consommation. Car c'est là que réside le véritable intérêt du film, à savoir sa volonté de dénoncer l'exploitation abusive faite des grandes figures de l'épouvante, et comment celles-ci sont progressivement effacées et remplacées par des copies au rabais, "éco+". Une entreprise sans danger car parlant à un public avant tout en recherche d'un contenu "mainstream". Alors, bien sûr, tout cela reste de l'ordre de la satire, cependant la critique est bien présente, et l'accomplissement ne sera pas celui d'un seul type de monstres mais bien de toute une ribambelle de créatures, tel un pied de nez adressé aux franchises se reposant sur la récupération de figures de l'épouvante pour les vider de toute substance horrifique, de sorte à les rendre plus "glamour" et en "vogue", selon les paradigmes d'études de marché.

Alors certes, on pourra faire plusieurs reproches au film comme le manque d'épaisseur de certaines relations qui auraient mérité plus de temps d'écran, le fait que tout s'enchaîne un peu (trop) vite, et surtout un manque de cohérence (quelque chose qu'on peut aussi reprocher à la BD) du style: "un coup, les vampires peuvent vivre en plein jour... Et un coup non... -Et comment ça se passe vraiment, lorsque les monstres retombent au sous-sol de l'enfer, en fait?"

Alors oui le film n'est exempt de défauts, mais ceux-ci se trouvent compensés par la sincérité et la pertinence du propos.

Bref, dans le paysage du cinéma de genre actuel, Zombillénium fait figure d'exception et il en faudrait plus!

Aegus
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le 22 mars 2023

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Aegus

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