Zootopie
7.3
Zootopie

Long-métrage d'animation de Byron Howard, Rich Moore et Jared Bush (2016)

https://leschlamedias.wordpress.com/2016/05/12/zootopie-enfin/


Il y a quelques jours, nous revenions sur le sexisme omniprésent chez Disney malgré une tentative de contre-pied dans leurs dernières productions. Zootopie, c’est tout l’inverse. Progressiste, tolérant, ouvert, on espère que le film ouvre une nouvelle ère pour le studio de superproductions d’animation.


Judy Hobbs, jeune lapine, vit à la campagne dans un coin tranquille avec ses parents et ses quelques 300 frères et sœurs, et rêve depuis toujours d’intégrer la police de Zootopie, capitale du monde animal. La chose n’est cependant pas aisée. Catégorisée comme proie, à l’inverse des prédateurs, tout le monde la décourage et personne ne croit en son projet, les lapins n’ayant jamais réussi à intégrer les forces de l’ordre. Elle finit par réussir et s’installe dans la métropole. Elle se retrouve cependant rapidement discriminée et bien que majore de sa promotion, elle est assignée aux contraventions tandis que ses camarades primants s’occupent d’affaire plus sérieuses et intéressantes. Révoltée, elle effectuera tout de même sa tache mais se retrouvera embrigadée dans un enchaînement de péripéties bien plus grande, accompagnée par un renard arnaqueur supposé être son prédateur naturel.


Rentrons donc immédiatement dans le cœur du sujet : Zootopie, c’est le long-métrage d’animation de chez Disney qu’on attendait depuis bien longtemps. La thématique principale du film tourne autour de la discrimination. L’histoire repose sur le fait que toute une partie de la population se trouve discriminée en raison d’une différence lointaine. Bien que chacun soit aujourd’hui sur un supposé pied d’égalité la catégorie des prédateurs est stigmatisée en raison de leur condition antérieure à la société contemporaine. Les animaux sont donc terrorisés à l’idée de cohabiter avec de tels énergumènes susceptibles de mettre leur vie en danger. Le parallèle avec notre propre société est rapide à faire, la ségrégation latente en raison des origines ethniques et non pas des agissements présents bien que l’intégration soit effective. Judy Hobbs, elle-même, se trouve discriminée : on n’a jamais vu de lapin dans la police, c’est une lapine, on se moque d’elle parce qu’elle ne réussira jamais son projet. Disney envoie donc un message en grosses lettres d’or aux enfants : il n’est pas question de se fonder sur la différence physique pour catégoriser les personnes. Si la morale semble simpliste et plutôt évidente pour nous, cela ne l’est pas forcément pour nos chers bambins et le mal doit être traité à la racine au plus tôt.


Au delà de cette catégorisation sur les origines, les studios tiennent également un discours de tolérance. Nick Wilde, le renard, est persuadé que sa fourberie se trouve dans ses gènes (allez savoir pourquoi…). Il a donc fauté toute son existence. Son association va cependant le remettre dans le droit chemin. La lapine nous offre un enseignement du pardon et de la seconde chance qui ne pourra pas faire de mal.


La seconde thématique, un peu plus sous-jacente, mais celle qui nous ravit le plus : le FÉMINISME ! Reprenons le synopsis : c’est l’histoire d’une femme, qui souhaite intégrer un milieu relativement masculin, alors qu’elle a en plus des prédispositions naturelles qui ne l’y favorisent pas. Merveilleux, non ? Judy Hobbs veut être policière. Pas princesse, ni chanteuse, cuisinière ou encore se marier. Policière. Qui plus est, elle est tout à fait normale. Elle n’a pas de super cheveux, ni de superpouvoirs de glace, elle est juste comme les autres, à cela prêt qu’elle dispose d’une volonté de fer. Issu d’un milieu modeste de surcroît, cela en fait un personnage auquel les petites filles pourront facilement s’identifier, leur transmettant autre chose que « ton but dans la vie c’est de te marier et de faire des enfants, tu ne pourrais servir à rien d’autre que cela ». En plus de cela, elle est super forte, elle ne se laisse pas marcher sur les pattes, elle passe son temps à sauver la vie de son acolyte homme et la plus grande surprise : cela ne finit pas en grosse histoire d’amour absurde. Nick et elle, à la fin du film, sont juste des supers amis, nouvelle morale : l’amitié entre deux personnes de sexes différents est envisageable, sans sous-entendus amoureux ou une quelconque tension sexuelle. Zootopie remporte la compétition morale sur tous les tableaux.


Si le fond frise la perfection, la forme s’en approche tout autant. Disney a réussi ici à créer un univers et un écosystème crédible et cohérent où aucun détail n’est laissé de côté. La technique est également de plus en plus perfectionniste et minutieuse, comme le reflet d’un personnage dans l’œil d’un autre. Côté écriture rien à dire non plus, les personnages sont développés, contrastés et le film est extrêmement drôle. Bien que la scène avec les paresseux ait été vue et revue dans la bande-annonce, elle reste hilarante, le reste du long-métrage est parsemé de touches d’humour qui fonctionnent diablement.


En somme, Zootopie, est un excellent film d’animation, qui pourra plaire à tout le monde. Si vous en avez marre de voir des héroïnes qui ne cherchent qu’à trouver l’amour, qui se font constamment sauver par un homme voire à se faire éclipser par ce dernier, ce film est fait pour vous, vos enfants et toute votre famille.

Clepot
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2016

Créée

le 17 mai 2016

Critique lue 239 fois

Clément Capot

Écrit par

Critique lue 239 fois

D'autres avis sur Zootopie

Zootopie
Rcan
9

"Et Flash, je t'en raconte une bien bonne?"

Zootopie, dernier né du célèbre studio Disney, était annoncé comme le Disney le plus drôle depuis Kuzco (faut vraiment que je le vois celui là!). La première bande annonce du paresseux était juste...

Par

le 11 févr. 2016

79 j'aime

19

Zootopie
Grard-Rocher
9

Critique de Zootopie par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Il n'y a pas plus adorable que Judy Hopps, une petite lapine pleine d'ambition. Son espoir le plus cher est d'entrer dans la police. Toutefois, face aux policiers "molosses" qui l'entourent, il...

64 j'aime

26

Zootopie
Taguzu
8

Je sais pas vraiment pourquoi...

C'est quand même difficile d'être objectif quand on se demande si on a aimé un film. On a forcément des petits trucs qui font qu'on est sensible à ce qu'on cherche à nous raconter quand on nous...

le 14 févr. 2016

63 j'aime

12

Du même critique

Phoenix
Clepot
8

Claque.

Je suis assis sur mon fauteuil rouge, sans prévenir, le générique surgis. Et là je suis complètement perdu. Une clope, deux clopes, rien n'y fait. Je ne sais plus qui je suis, où je suis ni...

le 7 févr. 2015

13 j'aime

1