"Zu" (produit par la Golden Harvest pour un budget alors très important à l'échelle du cinéma HKongais) est présenté comme le "film manifeste" de Tsui Hark, "la réponse de Hong-Kong à La Guerre des étoiles" ou encore un "monument incontournable" par le livret de mon édition HK Video (!).
Exagérations mercantiles mises à part, on peut avoir du mal à saisir aujourd'hui comment une telle bouillie de cinéma (la pire que j'aie vu de la part de Tsui Hark, pourtant peu avare en la matière) a pu être considérée comme digne d'éloges, voire d'attention.
Script quasiment incompréhensible (dans le détail, si on va au-delà de la simple opposition entre gentils et méchants), montage et photographie épileptiques (même pour du Tsui Hark, ça va ultra-loin), action illisible (faisant passer en comparaison son "The Blade" de 1995 pour un modèle de clarté), esthétique en toc (à faire passer les plus gros délires surréalistes de la Shaw Brothers pour des films de Ozu)...A cela sont venues s'ajouter des conditions de production a priori assez compliquées du fait de la démesure du projet et des ambitions du réalisateur, qui n'ont certainement pas aidé à améliorer le produit final.
Un vrai naufrage (qui a néanmoins ses amateurs, comme d'habitude avec Tsui Hark, qui loueront alors les qualités "expérimentales" de l'ensemble), que je pourrais quasiment qualifier de pathétique vu tous les moyens déployés et qui aura bien du mal à vous tenir éveillé plus d'une 1/2 heure.
Dans cet article (https://www.focus-cinema.com/7639241/seance-rattrapage-zu-les-guerriers-de-la-montagne-magique), on apprend que Zu a été un gigantesque four sur le marché asiatique, et qu'il a surtout eu un succès d'estime sur le marché international (le côté exotique aidant j'imagine). Qu'on aime ou qu'on n'aime pas, il est toutefois indéniable que le film a eu une véritable influence esthético-narrative sur le long terme sur tout un pan de la production fantastico-historique asiatique.