Batman - Arkham Origins est une préquelle à Batman - Arkham Asylum et Batman - Arkham City (dont je dis tout le bien que j'en pense ici et ici).


Ah, Arkham Origins. Episode généralement mal-aimé de la série, c'est avec une petite appréhension que j'ai démarré ma partie. En tant que fanboy invétéré de ses deux grands frères, je ne pouvais néanmoins pas passer à côté de cet opus : au mieux je serais ravi, au pire je l'aurais fait pour la science, et pour savoir de quoi je parle.


Rappelons pour le contexte que contrairement aux autres épisodes développés par Rocksteady, celui-ci l'a été par Warner Bros Games Montreal.


Déjà, première mauvaise surprise : la présence de 11 succès multijoueurs. L’occasion de souligner une fois de plus l'absurdité de pondre un multijoueur artificiel sur un jeu à la base solo et dont les serveurs ne dureront pas plus de 6 mois. Des grosses pontes comme AC et Bioshock s'y sont cassés les dents, mais non, WB ne pouvait pas s'empêcher de consacrer du temps et des ressources sur cet aspect-là, qui je suis sûr a dû rameuter pas loin de 0 joueurs supplémentaire. Bref. Passons.


Origins se déroule donc 5 ans avant Asylum. Nous ne jouons donc pas comme je pouvais l'espérer à la base, son apprentissage et la création du mythe, mais la période juste après, finalement pas inintéressante non plus : le début de sa réputation. Le symbole de la chauve-souris a été créé depuis à peine 2 ans, et la police comme les criminels pensent qu'il s'agit simplement d'une légende urbaine.


Eh bien ma foi, ce n'était pas si désagréable. L'histoire est meilleure que ce à quoi je m'attendais (c'est à dire rien, en fait). Sans entrer dans les détails, les liens avec les autres Arkham sont légions et toujours sympa. Le scénario est peut-être un peu moins complexe qu’a pu être celui de City, mais je trouve qu’il s’en sort quand même bien : c’est du pur comics, mais je ne me sens pas floué, et c’est là le principal. Beaucoup de faux-semblants, des rebondissements sympa, je n’en attendais pas plus.
La relation avec Alfred est également bien ficelée, elle prend une apparence que l'on n'a pas l'habitude de côtoyer : Batou est moins expérimenté, plein de colère (franchement, ça se sent tout le long du jeu, c'est assez bien fichu), partisan de la fuite en avant. Face à lui : un Alfred complètement dépassé, qui se demande comment canaliser son petit protégé. Très bons moments, presque trop courts du coup, et une jolie maturation à la clé en fin de parcours.


Le truc génial au sujet de la nature de préquelle de ce jeu, ça a été de redécouvrir Arkham City avant que ça ne soit Arkham City. Les esprits grincheux hurleront au recyclage facile, mais soyons honnêtes : ici tout est neuf, propre, sans effondrement de terrain ni inondation ni murs d'enceinte, mais on reconnaît néanmoins tous les lieux. Juste bravo pour cet aspect, c'est un sacré boulot qui a été fourni là. En plus de cette zone, un 2e quartier (inédit) a été ajouté. Bref, un terrain de jeu assez énorme et jouissif à parcourir.


Revers de la médaille "préquelle" : les inévitables incohérences technologiques, éternel piège inhérent au genre. Dans City, Batou obtient à un moment un grappin tout juste fabriqué, encore à l'état de prototype ; tandis que dans Origins (5 ans avant, je le rappelle), on l'a dès le départ. C’est ballot. Objectivement, pour le bien-être du joueur, enlever ce gadget aurait été vraiment handicapant. Mais n'empêche, ça fait tâche.
Autre exemple : le système d'enquête. Beaucoup plus complet (et sympa) (et high-tech) (et surréaliste) dans Origins que dans les précédents épisodes qui se déroulent dans le futur. Un piège, je vous dis !


Comme attendu, 95% des mécaniques sont identiques à City (donc top), le 5% d'innovant donnant plus l'impression d'être là parce qu'il le fallait bien qu'autre chose. Seules vraies innovations notables : les gants électriques qui sont bien funky en combat, et le grappin télécommandé qui est à la fois cool (sur les ennemis en prédation) et bof (très limité en tant que tyrolienne). Quelques ajouts sympa en mode Prédateur aussi, mais globalement on est plus dans de l'optimisation que dans de l'innovation pure. Pas vraiment une déception en soi puisque finalement je m'y attendais, à tel point que je suis même presque agréablement surpris de voir 2 petites nouveautés sur ce plan-là.


Coté combats j'ai eu une drôle d'impression : ils m’ont paru un chouilla moins fluides. Le freeflow est toujours d’actualité et est toujours aussi bon, mais parfois certains coups ont du mal à partir, les combos se cassent plus facilement, les gadgets visent à côté... Ce n’est jamais hyper flagrant, mais ça donne toujours l'impression que ce n’est pas tout à fait pareil que dans City.


Le « bestiaire » d’ennemis, préquelle oblige, propose une majorité de méchants moins connus ou alors des premières rencontres, qui sont autant de boss tout le long de l’aventure. Et puisqu’on parle des boss, 2 ont particulièrement retenu mon attention : le premier,


l'Electrocuteur


, m’a fait mourir de rire. Deux fois. Sur ce coup-là, j'applaudis vraiment WB Games d'avoir eu le courage de proposer une telle mise en scène sur un boss : ce n'était vraiment pas gagné, et le résultat est parfait. C'est bien simple, je n'ai jamais vu d'idée semblable dans aucun autre jeu AAA, et j'en suis certain, dans 10 ans ça sera quasiment le seul vilain dont les gens se rappelleront dans ce jeu : bravo ! Bref un bon boulot de mise en scène, une dose d'humour inattendue : je valide. L'autre boss (Deathstroke) m'a beaucoup plu dans l'intensité de son combat, mise en valeur par une caméra très proche des protagonistes : du vrai corps à corps bien costaud entre deux "ninja", finalement très différents des "gros" boss classiques des autres opus. Bonne mise en scène bien nerveuse, très bon moment.
Resteront ensuite des assassins moins top (Shiva, Deadshot), mais rien de catastrophique. Oh, à noter tout de même, en plus de Deathstroke que j'ai trouvé top, le boss Bane, qui reprend un peu le concept de Freeze dans City (furtivité, variation), version plus bourrine. D'ailleurs, notons là aussi un effort global de variation dans les combats de boss : du freeflow, du corps à corps, du furtif, du psychédélique, de l'environnemental (Firefly)... une fois de plus une copie de City, mais une très bonne copie.


Au-delà de ça, j’ai été de prime abord très déçu de la voix VF du Joker, qui change ici par rapport à Asylum et City (et moult autres Batman, alias la voix de Doc dans Retour Vers Le Futur). Après une rapide recherche, je me vois confirmé ce que je pensais : ils ont juste voulu rajeunir la voix, préquelle oblige. Ce que j’ignorais en revanche, c'est que c’est le doubleur du Joker de Nolan dans The Dark Knight (et accessoirement celle de... Alfred dans City) : fichtre ! Je me disais aussi, ça me disait quelque chose. Autre théorie, très personnelle celle-ci : c'était pour faire raccord avec le scénario, vis à vis de Black Mask. Bon... une fois tous ces éléments en tête, j’ai mieux apprécié le personnage.


Pour le reste, on reste sur du City : contenu conséquent (collectibles, énigmes, défis, campagnes, missions secondaires), mise en scène du tonnerre, bon travail sur le son, le doublage, les dialogues, l’humour…


J’ai du coup un peu de mal à comprendre les notes assez moyennes que s’est pris le jeu. Certes, il innove assez peu sur les mécaniques de jeu. Mais gardons en tête que matériau de base était déjà excellent, et que le jeu propose malgré tout une personnalité propre sur son ambiance et sur ses situations. Pour un fan en tout cas, son histoire sympa et ses multiples clins d’œil ne sont pas entachés par des combats parfois capricieux ou une innovation timide.


Finalement, vu le contexte, n’est-ce pas déjà énorme ?

Kaiser-Panda
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le 16 févr. 2018

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