Emouvoir, surprendre, passionner ou déranger, c'est souvent ce que tentent de communiquer aux joueurs les développeurs de cette nouvelle ère du jeu vidéo, l'ère du jeu narré, du jeu scénarisé et mis en scène pour raconter des histoires et simuler une aventure à coup d'esthétique photoréaliste et de cinématiques grandiloquantes. Certains réussissent, d'autres se vautrent lamentablement tandis que des équipes très réduites de créateurs parviennent à concevoir de leur petites mimines des expériences jusqu'alors inexplorées en terme de jeu vidéo. Et le jeu "Brothers : a Tale of Two Sons" parvint à se frayer un passage parmi tout ce bon monde par l'intermédiaire du Xbox Live Arcade en août 2013 puis un mois plus tard sur le Playstation Network, et Steam. Prise de risques moindre donc, pour le studio de développement suédois "Starbreeze" qui semble avoir compris que ces nouveaux moyens de distribution en ligne permettraient de vendre leur jeu. Alors certes pas massivement mais en adéquation avec leur volonté de créer une production moyenne, financée grâce à leur collaboration avec l'éditeur "505 Games". Calibré comme un jeu à mi-chemin entre l'indé et le blockbuster, "Brothers" se classe donc la catégorie du : "Ah oui, j'en ai déjà entendu parler de ce jeu, il est bien parait-il, il faudrait que je l'essaye un jour !".
Est-il donc intéressant de s'y attarder ? C'est ce que nous allons voir dans cette critique vidéoludique.

Deux frères partent en quête d'un remède nécessaire à la survie de leur père agonisant. Si le spitch de départ de "Brothers" peut sembler banal et un tantinet désuet de prime abord, attendez-vous ici à plonger dans une aventure courte mais intense. Courte pour la durée qu'il vous faudra pour atteindre le fin mot de l'histoire et intense pour la qualité du récit qui vous est proposé car nous n'avons pas affaire ici à du lourd en terme de production mais seulement à un jeu qui mise sur ce qu'il a à dire. En fait, le terme le plus approprié pour qualifier le titre serait : compte de voyage. Et oui car "Brothers" est entièrement conçut comme un voyage, une épopée où chaque décor, chaque bribe d'histoire, chaque idée de gameplay sera là pour servir la narration. Narration d'ailleurs aucunement portée par des dialogues puisque tous les personnages ne parlent pas. Un mutisme de choix qui au final, respecte le mystérieux monde que l'on parcours et tous les non-dits que l'histoire comporte.

On incarne ici deux frères bien décidés à braver monts et merveilles pour secourir leur paternel. La première originalité du soft est d'offrir la possibilité de contrôler les deux petits garnements simultanément à l'écran. Le stick gauche et la gâchette gauche serviront pour le grand frère, stick droit et gâchette droite pour le petit. Ainsi le jeu vous obligera à coordonner des déplacements différents et vous rapellera à quelle point l'Homme n'est délibérément pas multi-tâches. Mais nulle inquiétude, bien qu'un court instant d'adaptation et de tatônnements sera de mise, les déplacements et mécanismes à déclenchés ne nécessiteront jamais une précision ou une vitesse d'éxecution punitive.

Votre chemin sera sans cesse parsemé d'embûches et il faudra compter sur l'entraide des deux garçons pour les surmonter, chacun ayant ses compétences à apporter au binôme. Le plus jeune pourra ainsi passer entre des barreaux ou escalader plus facilement que son grand frère qui lui, de son côté, saura nager ou déclencher de lourds mécanismes. Il s'agit là d'une jouabilité basé sur une dualité des protagonistes et qui plus est, intelligemment élaborée. Les énigmes exlusivement construites sur ce double gameplay ne présentent quant à elles aucune difficulté et tout un chacun pourra en venir à bout sans peine. Il aurait toutefois été plaisant de se creuser un peu plus les méninges sur les énigmes d'autant plus qu'on sent que des idées, il y en a !

Mais ne l'oublions pas, "Brothers" se veut être d'une narration fluide et dynamique et il n'est pas impossible qu'implémenter des puzzles retors auraient pu ciseler son rythme si rondement mené. Car oui disons-le clairement, ce jeu est un one-shot : pas question d'aller-retours ou de grandes étendues à explorer. On part d'un point A pour rejoindre un point B. Mais encore une fois, la linéarité du jeu sert complètement le propos, c'est-à-dire gravir et traverser de multiples environnements d'ailleurs très inspirés pour s'imprégner d'une ambiance bien particulière. Montagnes, forêts, villages ou glaciers, autant de décors dont la pâte artistique saura régulièrement vous extirper un petit : "Ouah, j'aime ce jeu". D'autant plus que ces chers développeurs ont eu la bonne idée de disséminer un peu partout des bancs où la possibilité de poser son échine vous motivera à admirer de somptueux arrière-plans.

Oui d'ailleurs concernant la caméra du jeu, il est impossible de la bouger verticalement. La vue étant en perspective ismométrique et les sticks étant réservés aux déplacements des personnages, il faudra utiliser les boutons de tranche de la manette pour faire pivoter la vue. Cela implique de se priver de panorama que l'on peine à apercevoir dans un coin de l'écran et ça c'est vraiment dommage. Malgré cela, comment ne pas tomber sous le charme de la beauté environnante, portée par une musique elle aussi encrée dans le ton et l'esprit bucolique du jeu, les violons se mêlant particulièrement bien aux chants féminins.

C'est finalement par tous ces apsects graphiques, musicaux et de jouabilité que le titre parvient à se forger une identité qui lui est propre, flirtant entre le conte onirique, le jeu d'aventure et une pointe de plateforme. D'ailleurs, l'intrigue adopte elle aussi des tons très différents dans l'avancement du récit qui, une fois amorcé, livre crescendo une vision de plus en plus sombre et dramatique dont le dénouement véritablement osé tranche totalement avec les débuts naïfs des deux frères.

Au final, "Brothers" c'est tout un tas de bonnes idées dans tous les domaines, un rassemblement de talents qui parvient à impliquer le joueur dans un périple riche en déboires et émotions. Un conseil donc, procurez-vous ce jeu, mettez-vous en conditions et savourez cette œuvre touchante de trois heures. Elle ne vous laissera pas de marbre, c'est une certitude ! « Brothers » émeut, "Brothers" surprend, "Brothers" passionne, "Brothers" dérange. Et si la solitude pesait sur vous durant le jeu, n'oubliez pas qu'à la manière des frères aventureux, il est possbile d'effectuer une partie "câlin" en proposant à votre ami la moitié de votre manette en main..
Vincent-Vega
8
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le 1 févr. 2015

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Vincent-Vega

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