Doom
7.9
Doom

Jeu de id Software et Bethesda Softworks (2016PC)

Pas besoin d'être un historien de la question vidéoludique pour se rendre compte que le FPS est à l'état de légume depuis plus d'une décennie (au sens de léthargie, pas ceux qui sont bons pour la santé). Atteint à son tour du virus de la next-gen, il s'est transformé en un amoncellement de genres n'ayant aucune forme de cohésion les uns des autres. Parfois, on se retrouve à grinder un personnage à cause d'une composante RPG qui était déjà ringarde dans des titres sortis il y a de ça plusieurs décennies. Parfois, un scénariste de second rang tente de nous raconter l'histoire prétendument profonde d'un soldat amnésique chargé de sauver une princesse prisonnière dans une tour afin de nous rappeler l'évidence; le racisme c'est pas cool, l'extrémisme religieux c'est pas super, sans oublier des voyages temporelles de dimensions parallèles du cosmos infini à travers le temps, l'espace et le gameplay pas terrible. Deux fois même, on s'est retrouvé à incarner sans le vouloir une fashion victim plongée dans un monde unicolore dans lequel elle devait échapper à des brigadiers myopes, afin de délivrer des messages interdits parce que le totalitarisme et la propagande tout ça. Le tout avec un gameplay parkour qui ne fonctionnait presque jamais comme il le faudrait, et vous aviez un titre qui se termine en 4h sans espoir de remettre les mains dessus un jour. Et si l'ambition de DICE n'était pas d'en faire un FPS, les gunfights étaient pourtant nombreux.


Une question se pose: comment une discipline aussi simple que le meurtre de masses visant des êtres vivants ou des robots du futur portant atteinte à votre intégrité physique, a-t-elle pu autant se perdre ? C'est simple: le public. N'ayant pas la culture vidéoludique nécessaire à la compréhension de titres dont la complexité se résume à "un système de gameplay fin et précis faisant appel à votre cerveau reptilien", leur volonté et leur goût de l'effort s'est envolé il y a bien longtemps. Il n'est plus question de terminer un titre difficile mais jamais injuste afin d'en tirer un sentiment de fierté, simplement de se détourner un bref instant d'un quotidien insupportable.


C'est pour ces différentes raisons que l'existence d'un titre comme DOOM version 2016 est rassurante, voire même miraculeuse. D'autant plus miraculeuse que la dernière fois que l'on a vu Doom, c'était en 2004, et c'était devenu un survival horror chiant et sans imagination, oscillant entre mise en scène inculte, gameplay qui ne sait pas où il veut en venir, graphismes hideux et design sonore atroce. Nan, ici, c'est du sérieux. Il ne sera pas question de se cacher derrière un muret bétonné en attendant que le coulis de fraise subitement apparu sur l'écran disparaisse. Il ne sera pas non plus question d'incarner un personnage tourmenté par un passé McGuffin prévisible. Ici, il est question de gameplay, de son perfectionnement par le studio qui a inventé la formule. Car pour vaincre les légions infernales (si c'est pas ridicule comme scénario), il faut maîtriser les arts de la guerre. Il faut courir, sauter, viser, tirer, esquiver, et éviter de crever. Bref, il faut jouer. Si possible avec une souris et un clavier, car ce n'est pas sur une console qui se voudrait PC mais qui est incapable d'aller au-delà de 30ips qu'un FPS se joue. J'en entend déjà de l'autre côté de l'écran des gogos hurler qu'il est parfaitement possible de terminer un titre de ce calibre à la manette. Grand bien leur fasse, mais autant partir en guerre avec l'équipement nécessaire à sa survie.


Ce qui est d'autant plus miraculeux, c'est que DOOM est un titre moderne. Il y a des upgrades, des merdes à collectionner, de la musique electro-metal-djent et un scénario stupide. Mais les gars de ID Software ont suffisamment de savoir-faire pour ne jamais dénaturer le gameplay. Les upgrades permettent aux armes d'être polyvalentes et pour peu que le joueur sache improviser, peuvent le sortir de n'importe quelle situation. Même s'il est impossible de cuisiner une poêlée de légumes avec le shotgun, ce dernier peut par exemple se transformer en lance-grenade et renvoyer ad patres un groupe d'ennemis qui n'auraient très certainement jamais dû partir là d'où ils venaient. La musique de Mick Gordon vaut ce qu'elle vaut, mais a le mérite de toujours avoir un lien avec ce qui se passe à l'écran, que ce soit calme ou pas. Et l'histoire est un prétexte suffisant au bain de sang.


DOOM n'invente rien. Ses mécaniques ont soit étés reprises ailleurs, soit ID Software les avait déjà mises au point. DOOM n'est pas simplement le meilleur FPS de sa génération, c'est la synthèse quasi-parfaite de ce que le genre a mis au point jusque-là. Le FPS solo, hein, j'entends. C'est un jeu qui est simultanément beau à regarder pour peu que vous ayez un PC à 700 euros, et plaisant à prendre en main. C'est un jeu vidéo ludique, en fait. Un jeu qui prend tout son sens clavier et souris en mains. Si ça c'est pas extraordinaire.

Rn_Ganon
9
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le 9 sept. 2017

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Rèné_Ganon

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