Sorti la même année que les monuments Metal Gear Solid 2 et Silent Hill 2, Max Payne est un autre exemple des barrières qui étaient en train de se briser entre jeu vidéo et cinéma au début des années 2000. Bien qu'à cette période c'était surtout dans un sens, le grand écran n'allait plus tarder à faire les yeux doux à l'industrie vidéoludique.
Max Payne se pose donc là, en 2001, comme nouvelle figure du jeu d'action. Et c'est à travers deux cinéastes au top de leur forme en ce début de 21e siècle que le jeu s'incarne et tente le mélange d'influences.
Dans un premier temps, et comme le montre les premières minutes du jeu, l'histoire et le visuel sont fortement inspirés du Seven de Fincher. Le scénario prend place dans le froid hivernal New-Yorkais, et la trame se déroule intégralement de nuit, renforçant le pessimisme de l'intrigue. Cette ambiance s'offre au joueur grâce à de superbes planches en bande dessinée qui parsèment les chapitres et font avancer l'intrigue. Joli coup de crayon et vrai impact émotif.
Max perd donc sa femme et son enfant lors d'une journée tragique. Désormais en proie à des visions cauchemardesques, illustrées par des niveaux labyrinthiques rythmés aux sons des pleurs de son bébé mort, il n'a de cesse de s'enfoncer plus profondément dans les limbes de la ville. Trucidant des mafieux au kilo, il se retrouve au milieu d'une machination qui le dépasse. Impossible pour lui de s'arrêter, il finira alors sa croisade vengeresse dans les hautes sphères de la ville. Aucun espoir, la grisaille est omniprésente.
C'est en terme de gameplay que les créateurs ont fait appel à une autre influence, celle de John Woo maître du film d'action. Reprenant ses ralentis stylisés (même si on peut y voir une influence Matrixesque également), le Bullet time fait son apparition pour la première fois dans un jeu vidéo. Cette possibilité de ralentir le temps offre des possibilités infinies aux joueurs. Les gun fihgts sont alors de véritables moments de bravoure purement jouissifs. On se prend pour Chow Yun Fat dans The Killer ou A Toute Épreuve, armé de deux beretta et flinguant du malfrat par dizaines.
Deux cinéastes à qui les développeurs feront explicitement référence lors des dialogues.
On regrettera cependant un dernier tiers à la difficulté trop hardue (merci la sauvegarde émulateur) et un scénario qui s'avère au final assez classique, là où la première partie laissait augurer quelque chose d'encore plus sombre et torturé.
On sort fatigué de l'expérience, mais le sourire aux lèvres. Max Payne constitue une sorte de série B ultra-efficace, mariant avec délice le film noir à l'action virtuose de Hong-Kong. Pari réussi.