Shin Megami Tensei: Persona 3 FES par Liehd

L'heure sombre... Un espace-temps parallèle intercalé entre deux journées, un entre-deux dimensionnel à la lisière entre le rêve et la réalité, hanté de créatures fantomatiques se repaissant de l'énergie vitale d'êtres humains miraculeusement changés en cercueils, un univers figé où seuls peuvent s'aventurer les membres d'une brigade d'élus chargés de veiller sur notre sommeil, lesquels ne peuvent éveiller leur double métaphorique qu'en se posant un revolver sur la tempe et en pressant la détente, un drôle de sourire aux lèvres...

C'est le point de départ d'une ombrageuse curiosité à découvrir, le dernier Persona en date, sur une PS2 qui a visiblement encore de réjouissantes surprises dans son sac à dos.


A nouveau, ici, un de ces ovnis vidéo-ludiques comme seuls les Nippons peuvent les réussir, hybride improbable de jeu de rôle (options exploration de donjons en 3D) et de simulation de vie lycéenne où vous devez, de jour, gérer vos relations avec vos camarades de classe, assister à vos cours (attention aux interros surprises !), pratiquer des activités extrascolaires, gérer votre emploi du temps, vous faire de nouveaux amis, donner des rendez-vous galants et, de nuit, explorer la tour Tartarus, repaire des ombres les plus mortelles qui hantent la vingt-cinquième heure. Le tout, développé sur une année scolaire entière, la nature de vos liens avec les gens que vous croisez renforçant ou non vos pouvoirs... Concept étrange où la naïveté lumineuse du jour tranche étrangement avec l'obscurité malsaine des activités nocturnes durant lesquelles vous vous retrouvez matérialisé en Orphée moderne, guetté par des limbes de plus en plus opaques, perdu dans les pages d'un authentique manga interactif, à mi-chemin entre X de Clamp et l'incontournable Vampire Miyu...

D'une réalisation correcte, bien qu'un peu lisse, Persona 3 se distingue par son interface intuitive, ses designs léchés, la mise en scène remarquable de ses cinématiques et ses musiques japan-jazz-pop chantées, qui ajoutent encore au côté déroutant d'un ensemble hésitant entre une légèreté estudiantine et une noirceur suicidaire un rien gothique.

Subtilement perturbant quand même !