A l’origine troisième opus de la licence True Crime (et sobrement intitulé True Crime : Hong Kong), Sleeping Dogs naît du rachat de la licence par l’illustre éditeur Square Enix.
Se présentant une nouvelle fois comme un gta like, le titre s’attache à nous narrer les péripéties de Wei Shen, flic de San Francisco infiltré au sein des triades de Hong Kong pour démanteler le réseau. Au programme : baston, fusillades, course poursuites et hommage au cinéma de John Woo. Vous en êtes ?


Après avoir passé toute son adolescence en Californie, Wei Shen revient dans sa ville natale, Hong Kong, missionné par sa hiérarchie pour infiltrer les Sun On Yee et démanteler l’important réseau de triades sévissant dans la ville. Intronisé par un ami d’enfance de longue date, lui aussi ancien résidant aux Etats-Unis, il aura pour tâche de faire ses preuves au sein de la mafia locale pour faire tomber les têtes une à une.


Sur ce pitch classique mais efficace, Sleeping Dogs nous intronise dans Hong Kong, ses ruelles sales et ses devantures illuminées, pour un dépaysement qui sera le vrai tour de force du jeu. Plus qu’une simple aire de jeu, la ville se dévoile comme une véritable attraction, tant on prend plaisir à la découvrir, se familiariser avec ses différents quartiers au fil des heures de jeu, puis l’arpenter au gré de nos missions. Tout gta like qu’il est, Sleeping Dogs ne renie bien évidemment pas la formule de base : vaste open world offert au joueur, qui devra se rendre à gauche à droite pour accomplir ses missions auprès de divers protagonistes. A pieds, à moto, en voiture ou à bord d’un bateau, les moyens de locomotion sont nombreux pour conférer une véritable sensation de liberté. Quelques missions secondaires, courses de rues et collectibles parsemées de ci de là achèvent de compléter un tableau classique respectant son cahier des charges de l’open world des années 2010’s.
De là, vous vous imaginez probablement déjà un énième gta like s’inspirant de son illustre modèle dans les grandes lignes, sans toutefois en atteindre les qualités de finitions. Ce à quoi l’on pourrait d’ailleurs résumer les précédents True Crime mentionnés en introduction du présent test. Et cela aurait effectivement pu être le cas, si Sleeping Dogs n’avait pas eu la brillante idée d’orienter son gameplay différemment.


En effet, en voulant s’accorder à l’imagerie du cinéma hongkongais dont il reprend les codes, Sleeping Dogs réussit à appuyer son système de jeu précisément sur les deux points faisant défaut à la licence prolifique de Rockstar : le combat au corps à corps et le parkour. Minimes et mal fichu pour le premier et complètement inexistant pour le second chez nos amateurs de car jacking, les deux segments de jeu se trouvent ici parfaitement mis en valeur au fil des missions. D’une simple pression de touche, Wei enjambe une barrière, se propulse au-dessus du vide, glisse sur une table ou un capot de véhicule lors d’une course poursuite… Relativement scriptés et ne jouissant certes pas de la liberté qu’offrirait un Assassin’s Creed dans ce même créneau, ces sessions dynamiques s’avèrent sympathiques et s’enchainent avec plaisir.
Mais la grande force du titre, point sur lequel il s’ancre tout particulièrement, c’est bien son système de combat.


Fondamentalement, on ne pourra nier que le système puise dans les fondations du Batman de Rocksteady : une touche pour attaquer, une autre pour contrer au bon moment, une troisième pour attraper l’adversaire. Toutefois, afin de ne pas rester sur cette simplicité, Sleeping Dogs a le bon goût de varier ses affrontements par quelque combos (débloquables au fil du jeu en rapportant chaque élément de la collection de statues du maître du dojo). Le tout se voit même sublimé par quelques éliminations contextuelles avec des éléments du décor, pour des finish bien violents. La complétion des missions en respectant un certain sens de l’honneur permettra de progresser au sein de deux rangs différents : police et triade. De là, chaque montée de niveau permettra de débloquer l’obtention de techniques supplémentaires qui pourront être utilisées pour varier les mouvements.
Et si à terme ce panel de possibilité permettra au joueur de régner sur toutes les situations, les débuts pourront s’avérer assez ardus dans les affrontements à plusieurs. Si l’IA ne brille pas particulièrement dans ces phases de jeu, les adversaires font mal et quelques coups peuvent rapidement avoir raison de vous. Le tout s’avère à terme bien dynamique et on prend un réel plaisir à enchainer les adversaires qui osent se présenter à nous. Et si vous préférez être plus expéditif, une balle bien placée est toujours une solution.


Toutefois, quand bien même Wei Shen ne renie nullement son port d’arme, celles-ci ne seront pas toujours disponibles. Pour tout dire, elles surviennent même assez tardivement dans le jeu (du moins au regard de la moyenne du genre) et se cantonnent à certaines missions bien précises. Rassurez-vous, vous en aurez pour votre compte de rafales à tout va, au 9mm comme au fusil d’assaut sans oublier ce bon vieux shotgun des familles. Pour un entre deux, couteaux et feuilles de bouchers sont également à votre disposition. Faites votre choix !
Si là encore le dynamisme est de la partie, on regrettera tout de même un certain manque d’appréciation du recul des armes et donc d’impact dans les balles que l’on délivre. De même, en de rares occasions la visée s’avère perfectible. La faute à un simili auto lock qui vient se positionner directement sur votre adversaire, vous empêchant alors de porter votre réticule du premier coup sur la tête de votre cible. Un coup de main rapide à prendre toutefois, pour un système qui à l’inverse facilite grandement (trop ?) la tâche lors des fusillades en véhicules.


Et la conduite, parlons-en, puisque vous vous retrouverez au volant en de très nombreuses occasions ! Là aussi, au même titre que les mouvements au corps à corps ou les armes disponibles, de multiples types de véhicules vous sont proposés. Débloquables au fil des missions ou achetables directement auprès des concessionnaires locaux, vous pourrez aisément passer de la citadine sans prétention à la sportive italienne qui n’aura aucun égal sur le périph’ de la ville. De quoi vous améliorez au fil des nombreuses courses proposées par le jeu, qui ont le bon goût de proposer une IA certes peu agressive, mais sachant vous tenir tête tout au long du run. Si l’impression de vitesse est bien retranscrite, on regrettera cependant un manque de maniabilité dans les environnements étroits : un virage au sein d’une ruelle un tant soit peu étroite vous demandera en effet de braquer au plus fort, sans quoi ce sera l’accrochage dans le mur illico (et ce sera pire en bateau). Petit regret : la caméra (dont la vue ne peut être modifiée), qui a tendance à s’affoler complètement lorsque l’on tente quelques manœuvres (créneaux, marche arrière…). Il est évidemment possible de la repositionner manuellement, mais cela reste toujours agaçant de percuter un autre véhicule voir de renverser un piéton à cause de cette caméra fuyante (piétons d’une grande fragilité qui plus est).


Du reste, Sleeping Dogs offre quelques occupations supplémentaires pour s’égayer dans cette vaste ville : missions secondaires scénarisées, courses organisées, saisie de drogue dans quelques quartiers. Ces dernières présentent toutefois une articulation qui laisse dubitatif, puisqu’il s’agira de tabasser tout le monde sur place, pirater la caméra de surveillance du coin, puis s’en retourner à la planque pour piloter le dispositif de surveillance… Et s’apercevoir que tous les dealers sont subitement revenus à leur poste. Etrange… Déterminer le chef du groupe ne sera même pas une épreuve puisqu’il est automatiquement indiqué au bout d’un certain temps, et en cas d’erreur il est de toutes façons possible de recommencer autant de fois qu’on le souhaite. Une toute autre mise en scène, par le biais d’un travail de filature par exemple, aurait assurément fait plus sens, tout en diversifiant dans le même temps les phases de jeu.


Le joueur ne sera toutefois pas seulement amené à castagner du malfrat à longueur de temps, et il est également tout à fait possible de profiter des petites échoppes de la ville pour recouvrer sa santé, chanter au karaoké (bien que le mini jeu concerné se révèle vite répétitif), visiter les différents lieux pour découvrir tous les autels de prière, ou encore dépenser son argent à n’en plus compter dans les nombreuses boutiques de fringues et les différentes tenues qui sont proposées. Sobres ou complètement WTF, elles proposent une réelle richesse, et tous les amateurs de personnalisation en seront satisfait. Il vous sera d’ailleurs à terme facilement possible de remplir votre garde robe, car l’argent ne manque pas.
Effectivement, on s’aperçoit bien vite que les paiements pour toutes missions sont assez conséquents. Aussi on se retrouve régulièrement récompensé de 5 à 20 000 $ selon nos objectifs accomplis. De quoi s’offrir sans se priver les différents véhicules proposés à la vente, mais empêchant aussi cette petite satisfaction de l’économie pour la récompense tant convoitée. A ce titre, on retrouve le même sentiment suscité chez GTA IV : ce compte bancaire qui se remplit à l’exagération, sans réellement pouvoir user de tout cet argent (à titre informatif, j’ai personnellement terminé ma partie avec à peine moins de 2 millions $).


Au chapitre des notions mal gérées, on regrettera également une certaine précipitation quant aux liens entre les différents protagonistes. Si le scénario s’avère d’une durée de vie honorable (sans s’allonger inutilement mais sans pour autant laisser le joueur sur sa faim), on se retrouve très rapidement dans les hautes sphères de la hiérarchie des Triades. Et cela, sans réellement avoir fait ses preuves. De fait, on se retrouve avec l’un de nos charmants collègues de travail fortement suspicieux à notre égard…nous considérant finalement comme un real brother littéralement deux missions plus tard. Hum, difficile d’y croire, mais surtout de s’attacher aux personnages et à leur relation tant cela va trop vite. Les différentes copines de Wei Shen tout au long du jeu mettront encore plus cela en exergue, à tel point qu’elle n’ont aucune saveur quelconque tant les liens ne sont pas un tant soi peu exploités.
Ce manque d’approfondissement se ressent également dans la dualité qu’est sensé incarner notre héros, tiraillé entre ses devoirs d’agent de police et son attachement au gang qu’il infiltre. Pourtant timidement mise en scène (les nuits agitées de Wei, ses prises de becs prononcées avec Raymond), ce combat psychologique se meurt bien trop vite; Wei apparaissant quasi immédiatement bien plus attaché à l’univers des triades que celui des hommes de loi. Un aspect renforcé chez le joueur également face à cette hiérarchie peu scrupuleuse avec leur agent double. Une profondeur accentuée à ce niveau aurait pu porter le scénario à une autre ambition.


De même, le final s’avère assez vite expédié : révélations sur ce qu’on savait déjà (la couverture de Wei révélé par son propre patron, finalement ripou jusqu’au bout des ongles), vengeance expéditive sans que l’on ai vraiment les tenants et les aboutissants de ce règlement de comptes… Et toujours ces faibles tentatives de profondeur factive : Wei achevant sa tirade sur sa place qu’il a enfin trouvé à Hong Kong, alors même que cette supposée crise identitaire n’a jamais été soulevée auparavant.


Au final, soyons direct : Sleeping Dogs se révèle une excellente surprise ! En assumant totalement son influence du cinéma d’action hongkongais, il y trouve là toute son originalité. Malgré cela, on aurait pu le voir comme un énième gta like aux saveurs plus fades que son modèle. United Front Games a eu le bon goût de s’attarder d’avantage sur les deux points faisant défaut à son icône d’inspiration : le close combat et le parkour. Un système de combats sympathique et très défoulant, une violence percutante et une mise en scène résolument dynamique teintées des néons de Hong Kong nous embarquent dans l’enfer des affrontements entre Triades. Une sacré bonne alternative à tout amateur qui souhaiterait découvrir une formule moins “américanisée”.
On regrettera peut-être un scénario ne saisissant pas toujours la profondeur de ses inspirations (relations survolées, dénouement final), et une orientation de gameplay qui semble bien souvent sans cesse vouloir s’orienter vers un échange de coups pas toujours bien justifié; mais Sleeping Dogs parvient à maintenir le fun de son côté défouloir. En prime, une réelle identité dans son ambiance, là ou la licence initiale se fourvoyait. Une belle résurrection.


LES PLUS:



  • Hong Kong, dépaysante

  • Combats dynamique

  • GTA like mais réelle identité


LES MOINS:



  • Axes scénaristiques pas toujours poussés

  • Progression sociale trop rapide

  • Trop de bagarre tue la bagarre... ?

David_AVINENC
7
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le 25 oct. 2021

Critique lue 116 fois

David_AVINENC

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