Je ne vois pas trop quoi dire... j'ai pleuré à la fin, ce n'est quand même pas rien !
Pourtant, les notes du jeu semblent plutôt mitigées... On a l'impression que l'on reproche souvent à demi-mot "l'hypocrisie" d'Ubisoft, qui aurait trouvé là "un parfait moyen de faire remonter sa côte". C'est limite si on ne les traite pas de fourbes. Et si on parlait du jeu en lui-même ?
L'autre critique qui revient souvent est liée avant tout au gameplay, trop peu varié, trop simple... et c'est vrai que c'est plutôt simple. Cela dit, chaque petit tableau se fait très bien, et ce n'est pas pour rien que le jeu est découpé en chapitres. Le mieux, c'est de faire un chapitre d'une traite, comme un épisode de série, et d'y revenir le lendemain ou le surlendemain. De cette façon, chaque chapitre est important, cohérent, et l'attention est maintenue, surtout que le jeu n'est pas très long.
Par ailleurs le jeu a beaucoup d'autres qualités :
Graphiquement, tout d'abord : il est difficile de nier que le moteur de jeu fait des merveilles. En tout cas moi j'ai trouvé ça très beau.
La bande son, qui fait la part belle au piano, est magnifique et même si je ne crois pas qu'elles aient été composées POUR ce jeu, en tout cas elles ont été très bien choisies.
Mais surtout, c'est pour son histoire que le jeu vaut vraiment de l'or. On y suit des personnages variés, qui viennent des deux camps mais qui ressentent l'absurdité de la guerre de la même manière. Le joueur est vraiment impliqué dans l'action, notamment grâce à la maitrise totale des actions sciptées de la part des développeurs. Je ne compte plus les fois où, passant une porte, descendant une échelle, j'esquivais in extremis une explosion, une rafale de balles, un officier ennemi... coincidence ? Point du tout. Juste des scripts parfaitement planifiés. C'est assez difficile à expliquer mais en jouant c'est évident, et très grisant.
Personnellement j'ai été également remué par quelques autres moments bien précis (spoilers) :
Quand Emile sauve au fond d'une tranché un soldat allemand, qui le sauve en retour d'une escouade ennemie. Quelques minutes plus tard, on participe sans le vouloir à l'installation d'explosifs sous un tunnel ennemi... où se trouve le soldat avec qui l'on a sympathisé quelques instants plus tôt ! Quelle ironie.
Quand Karl arrive à Saint Mihiel et trouve sa maison saturée de gaz, j'avais bien les boules. "Pas possible qu'on ait fait tout ce chemin pour la perdre comme ça au dernier moment !".
Quand Emile participe à la bataille du Chemin des Dames, on sent que l'ambiance est beaucoup plus sombre. On a des camarades qui tombent, l'officier en charge TE TIRE DESSUS si tu fais mine de reculer. C'est d'ailleurs par crainte de le voir abattre un de mes camarades que je lui ai abattu ma pelle derrière la tête... je ne le savais pas alors, mais les développeurs comptaient là dessus ! J'ai trouvé ça brillant.
Enfin, la toute dernière séquence de jeu, quand Emile se rend au peloton d'exécution. On peut avancer, ou bien s'arrêter, mais pas revenir en arrière. J'ai contemplé le poteau un bon moment avant de me résoudre à y aller... c'est là où j'ai pleuré d'ailleurs. J'ai regardé quelques Youtubers finir le jeu, mais tous semblaient rusher vers le poteau d'exécution...ce n'est pas un speedrun, nom d'une pipe !
En définitive, Soldats Inconnus est fort, et profite admirablement bien de son statut de jeu vidéo pour installer l'émotion et impliquer le joueur. Non, l'adapter en livre ou en film n'aurait pas eu le même effet. Par ailleurs, certes le gameplay est simple, mais de là à dire qu'il est rébarbatif, il ne faut pas exagérer. Et avec tout ça, je n'ai même pas mentionné l'intérêt éducatif du titre. L'étude des différents objets trouvés, l'histoire et les lieux visités, m'ont clairement appris des choses que j'ignorais au sujet de la Grande Guerre. Un grand coup de chapeau à l'équipe d'Ubisoft derrière ce bijou !