Ethan Carter, la VR et moi

Je voulais jouer depuis un petit moment à Ethan Carter. Ayant beaucoup aimé Firewatch, ABZÛ ou encore Stanley Parable, je suis souvent plus flexible avec ce genre et je m'y sens bien. Malheureusement, Ethan Carter n'a pas réussi à me convaincre pour plusieurs raisons...

Ethan Carter est un jeu possédant une belle ambiance, le sound design y est pour quelque chose : très subtile, ce dernier offre au joueur une grande immersion avec des transitions discrètes entre les différents bruitages. De plus, les musiques sont pas mal du tout.

Ce jeu possède également de somptueux graphismes. La photogrammétrie a été maîtrisée de bout en bout. Les éclairages sont très propres et il est toujours agréable de s'arrêter pour admirer le paysage.

Voilà à peu près tout ce que j'aime dans Ethan Carter. Maintenant, penchons-nous sur ce qui ne va pas.

La version VR est juste imbuvable. Les contrôles ne se font pas avec les manettes du Vive mais avec une manette standard. Là où on a l'habitude de tendre le bras pour interagir, Ethan Carter nous rappelle que tout cela est virtuel en nous demandant d'appuyer sur un simple bouton pour faire une action. Pas top.

Les indices sont extrêmement mal foutus. Déjà qu'ils manquaient de subtilité dans la version plate du jeu, en VR c'est tout l'inverse ! Vous pouvez voir n'importe où à travers le portail en fonction de l'orientation de votre regard. Là où la version plate nous indiquait clairement que le portail devait grandir au fur et à mesure, la version VR nous incite surtout à chercher quelque chose à travers le portail. Autrement dit, à cause d'un changement de support, le jeu communique une autre information.

Pour un jeu voulant donner une grande liberté au joueur avec le moins d'indications possible, ça fait très mal comme défaut. Il faut que le peu d'informations affichées à l'écran soient claires. La VR est une nouvelle manière d'interagir, de voir le jeu vidéo. Il est donc normal de concevoir de nouveaux moyens d'interactions, et donc un autre type de game design.

Du coup, ce délire de dire au joueur "démerdez-vous", c'est sympa, mais quand le jeu est pas clair sur la façon dont on doit y jouer, ce qu'on doit faire, etc... C'est loin d'être fun.
Ethan Carter n'est pas le seul jeu qui a cette même idée de transmettre indirectement une information. Portal a même fait une gymnastique encore plus difficile, celle d'enseigner sans un seul mot. Et pourtant, le jeu était fun, précis et fluide.

Pour revenir sur la version VR, les développeurs conseillent de jouer assis. Malheureusement, c'est le seul et unique jeu qui m'a donné la nausée au bout de 30min. Étant donné qu'on arrête pas de marcher dans le jeu, j'ai eu l'idée de jouer debout, comme pour la plupart des jeux VR. Ça allait beaucoup mieux mais je sentais la nausée arriver au bout d'1h. Plutôt triste vu le nombre de personnes enthousiastes sur une version en réalité virtuelle.

Je ne parlerai pas de la médiocrité du menu principal en VR (du texte sur un fond noir), des boutons qui marchent pas si on se met trop près de la cible ou du manque cruel d'options. Dans 90% de mes jeux VR, y'a des options permettant de réduire la nausée, changer le mode de déplacement, changer la qualité des graphismes, gaucher ou droitier, etc. Dans Ethan Carter, c'est-à-dire le seul jeu où je me sens pas super bien, on a droit à que dalle.

Pour couronner le tout, les développeurs ont fait le choix de diminuer la qualité des graphismes avec du gros aliasing, gâchant tout l'intérêt du titre.

Même si ça ne concerne pas directement le contenu du jeu, je tiens à parler d'une chose trop peu discutée concernant la réalité virtuelle.
Parmi les adaptations de jeux en VR, il y a 2 catégories de développeurs : ceux qui offrent la version VR à ceux qui possèdent la version plate (ex: Hellblade, PAYDAY 2, Elite Dangerous) et ceux qui font payer la version VR (Skyrim, Fallout 4, Borderlands 2).
Ethan Carter se situe dans la deuxième catégorie. Ce n'est pas le prix honteux de Skyrim VR qui est de 60 €, pour Ethan Carter ça sera seulement 10 €. Je l'ai même payé moins cher, 1 € en soldes. Précisons qu'il faut le jeu de base pour profiter de cette version VR.

Mais même pour 1 €, c'est juste ridicule. La version VR de ce jeu est catastrophique, et sachant que le prix de base est de 10 €, on frôle l'escroquerie.

Si vous aimez Ethan Carter, vous serez sans doute pas déçu de cette version VR. Et oui, même si c'est désastreux, la magie de la VR est là, on se sent dans le jeu. Le feeling que m'a fait la VR sur Skyrim était indescriptible, alors je n'imagine même pas pour quelqu'un qui aime beaucoup Ethan Carter. Il n'y a pas de raisons que vous soyez aussi déçu que moi si vous aimez le jeu de base.

Mais voilà, que ce soit la version de base ou la version VR, je trouve ce jeu très moyen.

Ethan Carter aurait pu être un bon jeu s'il ne tentait pas de se donner des airs de jeux "mature" qui ne tient pas les joueurs par la main, mais qui aurait mieux fait de revoir la qualité de son level design et de sa clarté.
Ethan Carter aurait pu être un superbe jeu VR, mais uniquement s'ils avaient mieux fait leur travail en terme de contrôles, de gestion des graphismes et d'options. Surtout pour une version VR payante nécessitant le jeu de base.

À la place d'être un bon jeu, Ethan Carter est un beau jeu. Immersif, le titre se met à briller lorsque nous parlons de ses graphismes et de sa capacité à nous transporter. J'ai vraiment un faible pour l'immersion et la direction artistique, mais malheureusement, la qualité des graphismes ne suffira pas pour que je puisse recommander ce titre.
Ethan Carter est un jeu qui prendra la poussière au fond du tiroir et que je ressortirai afin de m'évader, ou bien pour montrer un beau jeu à quelqu'un qui n'a jamais essayé la VR.