Peut-être… qu’A Plague Tale : Innoncence arrive trop tard. Des jeux narratifs sous forme de road trip initiatique, les années 2010 en a connu. The Last of Us, pour ne citer que lui, assume pleinement sa posture narrative sans singer le cinéma contrairement à ce qu’on peut aisément prétendre. L’équipe de Naughty Dog maîtrise parfaitement la grammaire vidéoludique pour nous livrer ses histoires. Ce n’est, de toute évidence, pas le cas d’Asobo Studio.
Outre le fait d’avoir une écriture basique, voire pauvre, le jeu ne fait pas vivre ses protagonistes grâce à son langage vidéoludique. Le joueur va vagabonder dans des environnements extrêmement linéaires qui sont, certes, esthétiquement plutôt beaux, mais qui sont inintéressants d’un point de vue jeu vidéo, y compris narratif. La mécanique principale pouvait laisser penser à une sorte d’Ico modernisé, il n’en est rien. Le concept de tenir la main de son petit frère aurait dû renforcer ce lien, notamment dans des passages où le joueur est amené à le laisser en retrait (par volonté ou non) mais le jeu rate son intention première. On est peu amené à lui lâcher la main, si bien que s’il ne parlait pas autant, sa présence serait transparente. Et ce n’est pas avec les innombrables situations d’infiltration toutes clonées les unes aux autres que l’intérêt est maintenu. Le jeu brille uniquement dans son dernier souffle en nous livrant un boss final étonnamment impliquant manette en main et réjouissant à affronter.
Il faut reconnaitre que l’histoire se suit efficacement aussi, d’où ce retour critique plutôt positif (et aussi parce que c’est français sans doute). L’immersion a été pour certains au rendez-vous et je peux le concevoir. L’univers médiéval est visuellement réussi. L’histoire reste profondément simple ce qui permet une proximité avec les deux personnages principaux. Mais je ne peux nier que l’écriture était bien trop fade et que l’univers manquait clairement de consistance.
Une déception. Déçu parce que je voulais vraiment l’apprécier ce A Plague Tale. Mais avant tout déçu que le jeu vidéo soit utilisé comme un simple enrobage sans mettre à profit ce qu’il peut évoquer à travers des mécaniques de jeu. Son Requiem me convaincra peut-être…