Alan Wake II
8.1
Alan Wake II

Jeu de Remedy Entertainment, Sam Lake et Epic Games (2023PlayStation 5)

Après 13 ans d'attente et avec plus de 30 heures de jeu au compteur, Alan Wake 2, c'est terminé et c'est un sans faute, un 10, un GOTY, une promesse tenue, un system seller.

Dans l'âme, il reste le même TPS random un peu raide qu'il y a 13 ans, voire davantage, on le trouvera nettement plus punitif, mais comme son prédécesseur, il est plus (tellement, tellement plus) que la seule somme de ses parties.

Non content de développer deux approches du gameplay distinctes, une pour chaque protagoniste (Saga avance dans son enquête grâce à un tableau à compléter, et Alan dans ses pérégrinations grâce à sa capacité à altérer la réalité en la réécrivant), ou de convier le joueur à une énième chasse au collectibles qui cette fois-ci se justifie pleinement et ne casse pas le rythme (un bel exploit), cet épisode 2 repousse toutes les limites et propose quelques-unes des séquences les plus folles et les plus impressionnantes de l'histoire du jeu vidéo (ceux qui ont fait Control me croiront sur parole).

Porté par un scénario à tiroirs qui aurait pu pâtir des révélations finales de l'épisode 1, cette suite s'en nourrit au contraire et s'étoffe en proportion, au point d'en devenir un monstre de complexité méta pourtant toujours très accessible, même pour qui n'aura pas joué au précédent opus. Là encore, incontestablement : l'un de tous meilleurs scénarios de jeux vidéo de tous les temps, même s'il laisse une fois de plus de nombreuses questions (annexes, mais cruciales) en suspens pour ses suites et ses DLC.

Les fanboys forcenés (dont je suis) trouveront peut-être à redire sur quelques revirements scénaristiques déroutants entre les deux opus, notamment l'évolution de la figure fondatrice de Thomas Zane (ou ne serait-ce que depuis Control et son motel Ocean View), ou déploreront que la partie "Alan" fasse un peu doublon avec le contenu d'American Nightmare (injustement oublié), mais ce serait pinailler.

D'autant qu'ils seront à la fête en permanence tant les explorations du lore sont fascinantes et tant ils trouveront de références aux autres oeuvres de Remedy, parfaitement intégrées : Alan Wake 1, bien sûr, jusque dans les frissons auto-référencés des derniers chapitres, pensés comme un feu d'artifice de fan service, Control (beaucoup), mais également Max Payne entre les lignes (trop) et Quantum Break, contre toutes attentes. Tout se rejoint et converge vers le centre de ce qui n'est pas une boucle, mais une spirale.

Mention spéciale également pour les nombreuses hit songs qui closent les chapitres en apothéose, toutes excellentes, parfaitement dans le ton (on retrouve Poe avec plaisir, entre deux Old Gods of Asgard) et écrites exprès pour le jeu, ce qui les justifie d'autant puisque leurs paroles participent de la structure narrative.

Alors, non, effectivement, le jeu ne fait pas peur, ou à peine, il est moins effrayant que le premier, qui ne l'était déjà pas beaucoup lui-même (l'apparence trop humaine des ennemis y est pour beaucoup, ceux-ci étant à peine plus menaçants qu'une bande d'ardéchois à l'ouverture de la chasse - voire moins), et oui, on est plus proche de l'expérience narrativo-ludique que du jeu vidéo à proprement parler (chouette !) . Mais le fantastique, le vrai, le pur, est bel et bien au rendez-vous et la tension de l'ambiance ne faiblit jamais.

Et puis bon sang, qu'est-ce que c'est beau.

En conclusion, déjà : vivement la suite.

Et celle de Control, tant qu'on y est.

Liehd

Écrit par

Critique lue 316 fois

10
12

D'autres avis sur Alan Wake II

Alan Wake II
Liehd
10

Le réveil du monstre

Après 13 ans d'attente et avec plus de 30 heures de jeu au compteur, Alan Wake 2, c'est terminé et c'est un sans faute, un 10, un GOTY, une promesse tenue, un system seller.Dans l'âme, il reste le...

le 18 nov. 2023

10 j'aime

12

Alan Wake II
Gahisto
3

Expliquez moi l'intérêt...

Franchement, je comprends pas....Je déteste ce genre de "jeu d'auteur", ça veut péter plus haut que son cul en oubliant juste d'être fun, parce que, avant de parler d'art, le but d'un jeu vidéo c'est...

le 22 déc. 2023

7 j'aime

5

Alan Wake II
val990
6

La peur de briller

Remedy est un studio intéressant, mais qui n'a pas vraiment réussi à complètement me convaincre depuis les Max Payne. D'un côté, il est plein de personnalité. Les devs aiment expérimenter avec les...

le 13 nov. 2023

7 j'aime

6

Du même critique

Black Mirror
Liehd
5

En un miroir explicitement

Avant d'appréhender une oeuvre comme Black Mirror, il convient de se poser la question qui fâche : pourquoi un auteur se pique-t-il de faire de l'anticipation ? Réponse : parce que c'est un genre "à...

le 7 mars 2016

104 j'aime

37

Coherence
Liehd
8

C'est dans la boîte !

Leçon de physique quantique, appliquée au cinéma : L'expérience est simple. Enfermez huit acteurs de seconde zone, cinq nuits d'affilée, dans votre pavillon de banlieue, isolez-les de l'extérieur,...

le 19 mai 2015

101 j'aime

Andor
Liehd
9

Le Syndrome Candy Crush

Puisqu'on est entre nous, j'ai un aveu à vous faire : au départ, je ne voulais pas regarder Andor. Après avoir tourné la page Obi Wan, et usé de toute ma bienveillance partisane à lui trouver des...

le 31 oct. 2022

93 j'aime

26