American McGee's Alice est le premier jeu à ne pas être un GTA-like auquel je joue depuis "Brütal legend", il y a de cela plus de 5 mois. Depuis, j'ai joué à The saboteur, GTA IV et Sleeping dogs.
Alice est un jeu qui me tentait depuis un bon moment, ça ressemblait à une version jeu de ce que le film de Tim Burton basé sur le livre de Lewis Carroll aurait dû être. Maintenant que j'ai lu "Alice au pays des merveilles" justement, j'ai estimé que je pouvais me lancer dans le jeu d'American McGee. J'ai tout de même tardé, à cause de la rareté de l'édition française, mais aussi l'ancienneté du jeu. Les graphismes archaïques me rebutent toujours, en dépit de tout le bien qu'on peut dire sur un jeu.
J'ai finalement acheté une édition anglaise, et j'ai mis au moins 1h à chercher comment jouer en VOSTfr, j'ai testé d'abord en VOST anglais et je ne comprenais pas tout, puis en VF mais la traduction perdait beaucoup de jeux de mots, et la voix d'Alice me semblait trop enfantine.
Après 30mn de jeu, j'ai téléchargé un fichier avec les sous-titres français, mais sans les sons en français, qui du coup ont été mis automatiquement en anglais.
J'ai galéré.

On voit Alice enfant au tout début de la première cinématique, mais rapidement on perd la Alice qu’on connaît, puisqu’un incendie tue sa famille, et l’héroïne se retrouve dans un asile ! Elle est devenue une ado perturbée, au regard noir, un peu dark (elle a gardé le même costume, mais il y a une tête de mort à la place du nœud qui retient son tablier).
Si on s’en tient au fait que dans le roman de Lewis Carroll, Wonderland est un monde qui n’existe que dans les rêves d’Alice, sa nouvelle personnalité explique que le pays des merveilles soit devenu terriblement sombre. Le chat du Cheshire est devenu squelettique et présente des dents acérées, le lapin on dirait qu’il a été ravagé par la methamphetamine ("meth, not even once", comme ils disent), le chapelier fait des expériences sur les animaux avec qui il buvait le thé, dont le loir, horrible à voir, une sorte de cadavre vivant avec des pièces mécaniques qui lui ont été greffées… et il n’est même pas conscient de son sort.
Et tout le peuple est en esclavage, sous la domination de la reine de cœur.
Alice est pourtant toujours assez naïve, du moins au début où l’on remarque qu’elle a encore du mal à comprendre que les personnages parlent en énigme et en jeux de morts ; elle, elle reste très terre-à-terre. Mais maintenant, elle affronte les carte-gardes avec des armes, que ce soit son "vorpal blade" (un couteau de cuisine), ou le maillet de croquet/flamant rose qu’on utilise comme une massue. Par contre, comme tous nos ennemis sont armés, on abandonne dès que l’on peut ces armes de corps-à-corps pour des cartes à lancer ou un bâton réfrigérant.
A la fin, on dispose de 10 armes différentes, sans compter les potions que l’on peut trouver en chemin, dont une qui transforme Alice en être démoniaque, qui décapite et tranche en deux les cartes avec aisance.

A défaut de bénéficier de graphismes évolués, l’univers d’American McGee’s Alice est fort intriguant dès le début, avec ces lieux qui sont comme des îlots flottants dans le vide complet (un écran totalement noir), ou au milieu d’un vortex, avec des objets qui volent autour de nous. Ca donne envie de continuer à avancer.
Par la suite, plusieurs fois, je me suis arrêté pour observer vers le haut ou le bas, j’ai tourné la caméra vers les alentours, pour contempler l’apparente immensité de sommets ou de gouffres. J’ai ressenti une sorte de vertige mêlé à de l’admiration, surtout dans ce décor de damiers à plusieurs niveaux, avec de nombreux trous. L’immersion dans le décor est donc quand même pas mal.
Les décors et les niveaux sont d’une inventivité qui m’a de plus en plus impressionné au fil de la progression dans le jeu, car celui-ci ne cesse d’innover et de proposer des idées nouvelles.
Le temps de quelques niveaux, on se retrouve dans une fourmilière, avec un humain qui piétine le sol pour la démolir. Dans cette même fourmilière, un insecte lâche une boule qui, pour une Alice miniature, est un rocher gigantesque comme dans Les aventuriers de l’arche perdue, et pour une fois on se met à courir (alors qu’on se déplace plus prudemment dans le reste du jeu).
Le temps d’un niveau uniquement, on se retrouve dans un sous-sol glacé, où il faut faire attention de ne pas glisser dans un gouffre.
A une occasion, on doit monter le long d’une paroi rocheuse, sur laquelle des fourmis rouges habillées en soldat balancent des rochers, qu’on doit éviter comme dans Donkey Kong.
Plus tard, on doit progresser parmi les rouages d’une horloge géante, ou alors on se retrouve sur un damier, transformé en pièce d’échec, ce qui oblige à se déplacer d’un certain nombre de cases, en évitant les pièges.
Ce qui est assez admirable, c’est que certaines idées, comme par exemple ce miroir dont le reflet montre la réalité, et indique sur quelles plateformes ne pas sauter, ne sont exploitées qu’une seule fois, l’utilisation unique de ces idées les rendant encore plus appréciables.

On retrouve des éléments de l’histoire de Lewis Carroll, comme la capacité de rétrécir, qui ici rend l’environnement non pas magique mais redoutable : tout devient une source de danger !
Je suis tombé à l’eau une fois, j’ai cru qu’il me suffirait de nager vers le rebord, mais non, un poisson a surgit soudainement pour me bouffer ! Game over. J’ai voulu récupérer de la vie sous un champignon, mais celui-ci a essayé de m’avaler ! A chaque fois j’ai vraiment pris peur, tant c’est inattendu ! Même les fleurs et les insectes attaquent Alice.
Comme personnage du récit original, on retrouve également la duchesse, devenue un boss monstrueux qui veut manger Alice, et qui attaque avec sa poivrière (sa mort est marrante : le poivre la fait éternuer, et sa tête éclate !).
Il y a également le "mock-turtle", qui nous emmène dans un niveau sous-marin angoissant, dans lequel on doit suivre cette créature pour pouvoir respirer les bulles d’air derrière elle, tout en évitant les poissons dont on est la proie, les huitres qui risquent de se refermer sur nous, et les stalactites qui menacent de tomber !
Le niveau "piège aquatique" qui vient plus tard est lui aussi super anxiogène, car on se retrouve dans un labyrinthe sous-marin, on doit retrouver son chemin parmi des de tuyaux, et on risque sans cesse de manquer d’oxygène. Sans compter les poissons qui attaquent. De plus, entendre Alice reprendre péniblement sa respiration en remontant à la surface, c’est terriblement angoissant, j’avais la poitrine comprimée à chaque fois.

American McGee’s Alice garde surtout de l’univers de Carroll l’aspect fantastique, et tisse autour, trouve des nouveautés.
J’ai été surpris par ces pierres dans le décor, qui déploient des pattes et s’en vont quand on s’approche d’elles ! Si elles avaient été des ennemis, j’aurais été encore plus effrayé.
Mais le jeu est déjà plein de créatures cauchemardesques, comme ces chenilles qui rentrent et sortent du sol, ces pions rougeâtres avec un unique et énorme œil, et surtout ces araignées à tête de bébé qui jettent du venin ! Je n’ai pas joué à tellement de jeux, ainsi celui-ci est le premier à m’avoir vraiment fait peur.

Lewis Carroll est un auteur dont les textes sont parcourus de réflexions sur le langage, ainsi je regrette un peu qu’on ne retrouve pas cela dans le jeu d’American McGee. Les personnages ont un langage soutenu, mais sinon, si on excepte quelques jeux de mots peu compliqués, le texte n’est pas tellement recherché.
Mais au fil du jeu, je ne m’en suis pas soucié, American McGee’s bénéficie d’une inventivité admirable et d’une ambiance très prenante. L’univers parvient à être sombre sans nécessairement avoir besoin de faire au glauque ni à de l’hémoglobine en trop grande quantité. Dommage par contre que l’histoire du traumatisme d’Alice ne soit pas plus creusée que ça, qu’on ne l’évoque que de temps en temps ; on fait allusion au fait qu’elle aurait causé l’incendie, mais on sous-entend aussi que la reine de cœur ne serait qu’un double d’Alice, mais ça ne va pas plus loin. Au vu de tout ça d’ailleurs, la conclusion est très étrange, il s’agit d’un happy end très inattendu.
Heureusement qu’il y a eu depuis "Alice : retour au pays de la folie", qui semble rétablir les choses, en plus d’avoir l’air génial rien que graphiquement. J’ai hâte d’y jouer.
Fry3000
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le 15 déc. 2013

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