Ohé ohé matelot, matelot naviiiiiiigue sur les flots !

Vous l'aurez compris, Assassin's Creed Blackflag nous emmène dans un univers bien particulier : piraterie, îles Caraïbes, rhum et batailles navales sont à l'horizon !
C'est quasiment un an après Assassin's Creed III, qui avait à l'époque la lourde tache de nous présenter un nouveau personnage (Connor Kenway), après trois épisodes à suivre le très charismatique Ezio Auditore da Firenze, que Ubisoft remet le couvert, et nous fait découvrir un nouveau protagoniste : Edward Kenway, pirate de son état, et grand père du-dit Connor. Tout un programme !


Cet univers est à la fois inédit et passionnant. Les Caraïbes du XVIIIème siècle, la piraterie, l'immensité de la mer et des choses à découvrir et à faire, tant d'arguments qui font de cet Assassin's Creed un épisode très abouti, très riche, et surtout, très original.
Là ou Assassin's Creed III avait ébauché les bases d'un nouveau gameplay en introduisant les batailles navales, cet épisode en fait le point d'orgue du jeu, faisant du Jackdaw (le navire sur lequel Edward navigue) non pas un simple outil, mais quasiment un personnage de l’œuvre : vous allez en effet passer la plus grande partie du jeu à son bord, naviguant sur les flots, combattant espagnols et anglais, envoyant par le fond navires après navires, qu'ils soient espagnols ou anglais.
Ces séquences sont tout simplement hautement jouissives, on y prend un plaisir fou ! Laissez moi vous dépeindre le tableau : vous êtes sur votre navire, vous vous dirigez vers l'îlot le plus proche, quand vous apercevez un convoi isolé. Avec votre longue vue, vous pouvez déterminer quelles sont les ressources que ce dernier contient. Ce dernier transportant exactement ce qu'il vous manque, vous décidez alors de l'attaquer, et de l'aborder, telle la terreur des mers que vous imaginez, quand vous pensez à ce que devait être la vie de pirate. Assassin's Creed Blackflag permet tout simplement de donner vie à ce fantasme, via un gameplay intuitif, face à divers types de navires (du petit canonnier qui parait aussi grand qu'une chaloupe, au Man'o'War, véritable monstre des mers, bâtiment massif, puissant, et empreint d'une certaine beauté féroce), ou même face à des forts, qu'il convient de reprendre à l'ennemi, et qui constituent un certain challenge, puisqu'ils disposent de mortiers, et de multiples protections.
Mais Assassin's Creed Blackflag ne serait pas un Assassin's Creed sans les classiques phases de free running, d'exploration et de combat si chères à la série. Ainsi, Edward à souvent l'occasion de poser pied à terre, et de courir, grimper, sauter, de plateforme en plateforme, maison en maison, arbre en arbre... Il y a ainsi trois villes : La Havane, dont l'esthétique est celle qui, à mon sens, convainc le plus; Nassau, ville des pirates, véritable hub pour ce qui se fait de pire en terme de matelots sans scrupule; et Kingston, petite ville au cachet très sympathique. Ces villes sont l'occasion de faire un grand nombre de choses : vous y trouverez des magasins pour améliorer l'équipement d'Edward, ou upgrader votre Jackdaw, moyennant finances et ressources; vous pourrez y exécuter des contrats d'assassin; effectuer les missions du scénario qui bien entendu ne se déroulent pas uniquement sur le Jackdaw; chercher des trésors cachés... Bref, l'accent est mis sur la profusion des activités, que ce soit en ville, en mer ou sur les nombreux îlots qui se trouvent sur cette vaste map.
Première ombre au tableau, le gameplay pied à terre est toujours sujet aux mêmes problèmes que lors des précédents épisodes : le free running souffre encore d'un manque de précision, et il n'est pas rare de se voir escalader un muret, alors qu'on cherchait à s'enfuir rapidement, nous faisant perdre ainsi de précieuses secondes, ainsi que toute patience, puisque je peux vous garantir que ce genre de situation va vous arriver très régulièrement. Il est dommage qu’après toutes ces années, cela ne soit toujours pas réglé. Coté combat, pas grand chose de nouveau à signaler, la mécanique est toujours la même, les ennemis sont toujours aussi prompts à quelques élans de stupidité dont eux seuls ont le secret, et on ressent toujours tout de même une certaine exultation à enchainer les ennemis au fil de l'épée ou des lames d'assassin.
En bref, Assassin's Creed Blackflag, en terme de gameplay, se concentre sur les batailles navales, et nous offre une copie parfaite en ce qui concernent ces dernières : les sensations sont excellentes, on se sent incroyablement badass, et c'est tout ce qui compte ! Par contre, ne vous attendez pas à une révolution du système de combat, ce dernier est inchangé, mais fonctionne toujours bien.


Il est alors un autre point qu'il convient d'aborder : la question de l'immersion. Nous sommes face à un jeu vidéo. Cette œuvre, en tant que jeu vidéo, se doit donc de nous offrir une expérience, de nous emmener dans un univers pertinent, cohérent, efficace. Trêve de suspens, c'est ici bien le cas !
Quand on joue à cet Assassin's Creed, on se sent réellement pirate : l'univers est incroyablement cohérent, les personnages que l'on rencontre sont un plaisir à observer, criants de réalisme et de charisme. Du pirate continuellement sous l'effet du rhum, à Barbe Noire, en passant par les épisodes de mutineries, tout vous plonge dans l'ambiance de la piraterie.
Naviguer au gré des flots est l'occasion de tomber sur de magnifiques îlots, véritables allégories de ce que l'on peut imaginer quand on pense aux Caraïbes (et pas seulement à une certaine saga cinématographique dont je tairais le nom). On est aussi bien souvent amenés à affronter vents et marées dans des tempêtes aussi impressionnantes que dévastatrices (attention notamment aux tornades qui détruisent tout sur leur passage); et en plus des séances de harponnage dont je parlais précédemment, il est aussi possible de faire de la plongée, à la recherche de trésors, parmi les requins (séquences on ne peut plus angoissantes, tant le personnage est alors vulnérable), ou de trouver des cartes au trésors qui vous donneront les coordonnées de coffres cachés, et qu'il s'agira alors de trouver, à l'aide des croquis que vous fournissent ces cartes.
Bien plus que de simples activités, ces petits détails font tout le sel de cet Assassin's Creed. L'immersion est totale, la manette ne vous quitte plus les mains, et vous vous rendez compte, à 4h du matin, que ça fait tout de même des heures que vous jouez, et qu'il serait peut être temps de quitter le royaume de la piraterie pour aller vous coucher.


Du côté du scénario, on retrouve là un certain problème assez récurrent chez la saga : la dichotomie entre les séquences dans le passé, et celles dans le présent. En effet, il a toujours été souligné dans les précédents Assassin's Creed que les séquences dans le présent souffraient d'un certain manque de panache et constituaient plutôt une gêne, tant elles nous sortaient de notre immersion. Le constat est ici le même.
En outre, pour ceux qui pensaient que cet épisode serait l'occasion de savoir ce qu'il advient du combat Assassins/Templiers après les évènements du dernier épisode, la déception est certaine, puisque l'on ne sait rien du nouveau personnage que l'on incarne (vous n'êtes pas sans savoir que pour la première fois dans la série, nous ne contrôlons pas Desmond). On ne peut notamment pas voir à quoi il ressemble, puisque ces séquences, autrefois en troisième personne, sont désormais en première personne. Ce personnage travaille pour Abstergo, qui fait passer les études des souvenirs d'Edward Kenway en un projet de film sur l'univers de la piraterie. Bien entendu, ce personnage en vient bien vite à comprendre que le but est tout autre et, via un contact inconnu qui lui parle à son oreillette, on est amenés à hacker les ordinateurs d'Abstergo, à la recherche d'informations sur les agissements de ces derniers. Seulement voila, concrètement, on ne sait guère où en est le conflit millénaire entre les deux factions. Bref, on avance toujours pas dans ce scénario.
L'histoire est toutefois bien plus intéressante du coté d'Edward Kenway. D'aucuns diront que ce dernier fait dans le classicisme : on est face à un pirate arrogant, qui ne pense qu'à lui même, à faire fortune, et ne se soucie guère du conflit entre les Assassins et les Templiers; et qui va, au fil de l'histoire, des drames et de la perte d'amis, changer, entrer en quête de rédemption, et s'impliquer moralement dans ce combat qui le dépasse, au coté des Assassins, comme l'avaient fait Altair et Ezio avant lui. Alors, certes, ce n'est pas Assassin's Creed Blackflag qui va révolutionner les codes, c'est du déjà vu. Seulement, l'histoire de Kenway est plaisante à suivre, elle vous prend aux tripes, se paie même le luxe de vous faire ressentir de nombreux sentiments (notamment vers le climax, quand tout semble péricliter pour notre pauvre Edward, et qui est un moment des plus émouvants), et ce de manière très efficace.
En deux mots, pour ceux qui n'auraient pas encore eu l'occasion de mettre la main sur cet épisode, le pitch est le suivant : Edward Kenway, après avoir usurpé la tenue et l'identité d'un assassin qui s’apprêtait à trahir les siens et rejoindre les templiers, rencontre ces derniers, et prend vent de leur plan : ils comptent trouver l'Observatoire, une relique de Ceux qui étaient là avant (la Civilisation que nous avons eu l'occasion de rencontrer maintes fois dans les épisodes précédents) et qui permet, à n'importe quel moment, de savoir ou se trouve une personne. Un pouvoir qui, entre de mauvaises mains, pourrait avoir des conséquences terribles. La course contre la montre dans la recherche de cette précieuse relique est alors lancée.


En résumé, Assassin's Creed Blackflag est un très bon épisode. Son plus gros point fort est son ambiance : l'immersion dans laquelle il nous plonge fait de ce jeu une expérience très plaisante. On a certes pas affaire à un scénario révolutionnaire, la série ne semble pas grandement évoluer du point de vue de l'histoire, mais, diantre, que cet épisode est fun ! Quel plaisir on prend à prendre part à des assauts épiques à bord du Jackdaw, au cœur de bourrasques titanesques, face aux navires espagnols et britanniques !
En outre, Edward est un personnage qui, pour ma part, me parait beaucoup plus intéressant que son petit fils Connor, qui m'avait laissé une petite note de déception à la fin du précédent opus. Edward est un personnage résolument badass, il émane un charisme fou, et on en attendait pas moins de la part d'un pirate ! C'est donc avec un grand plaisir que l'on suit son histoire.
Assassin's Creed IV Blackflag est donc un must have, et je vous le recommande grandement. Vous m'en direz des nouvelles.
Thomas_Quilbeuf
9
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le 9 févr. 2014

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Thomas Quilbeuf

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