Assassin's Creed Odyssey
7.2
Assassin's Creed Odyssey

Jeu de Ubisoft Québec et Ubisoft (2018PlayStation 4)

[Version Kassandra]


Après un essoufflement certain de la franchise relancée en 2017 par un épisode intéressant en Égypte Antique, les équipes d’Ubisoft nous offrent un RPG permettant à chaque joueur de personnaliser son aventure. Et quelle claque !


Je ne m’attendais pas à vivre une nouvelle expérience aussi riche avec ce nouvel Assassin’s Creed, que je pressentais comme une suite attendue de la direction prise dans Origins. À l’inverse, j’ai l’impression qu’incarner Bayek n’était qu’une mise en bouche avant de proposer un jeu d’envergure, au cœur d’une Grèce tiraillée entre différentes forces militaires et imbibée de mythologie. Ubisoft nous offre l’opportunité de vivre une des périodes les plus marquantes de notre histoire occidentale, le tout accompagné de musiques envoûtantes et purement divines.


On entre rapidement dans le vif du sujet en incarnant Léonidas lors de la bataille contre Xerxès. Petit épilogue permettant d’introduire l’ambiance spartiate de cet opus ne présentant aucune longueur. La rencontre avec Kassandra fut réjouissante, jeune mercenaire charismatique avec une personnalité affirmée. Son passé est lisible au travers de ces nombreuses cicatrices. Elle n’a pas attendu le joueur pour se construire une voix, une attitude et une volonté que l’on sent travaillées dès les premiers échanges avec les personnages secondaires. Ses répliques sont intéressantes et les choix proposés sont jouissifs dès les premières minutes.


Les animations des dialogues sont à la hauteur d’une production AAA et restent dynamiques malgré leurs nombreuses apparitions tout au long du jeu. Ces discussions permettent de rythmer un scénario riche et éclaté en une multitude de quêtes. Les expressions faciales sont suffisamment réalistes et réussies pour ne pas détonner avec les magnifiques panoramas grecs.


Le premier point fort de cet AC réside pour ma part dans la liberté offerte aux joueurs autant dans leurs déplacements que dans le choix des quêtes à suivre, sans linéarité préétablie. Très peu dirigiste, ce monde ouvert est une véritable bouffée d’oxygène. J’ai à plusieurs reprises réorienté ou débloqué de nouvelles quêtes en me baladant. Nos choix semblent avoir un réel impact sur la suite de l’histoire (influence indéniable de The Witcher III). Cette sensation de réellement découvrir le monde par « soi-même », est au cœur de la réussite de cet épisode. Cette impression d’immensité est décuplée par l’utilisation des déplacements en mer.


Il m’a fallu plus de 100 heures pour finir les quêtes principales et secondaires de cet univers cohérent. J’ai rapidement décidé de délaisser les contrats ou autres quêtes « Fedex » cassant systématiquement le rythme d’un jeu déjà très dense. Alterner entre explorations, prises de forts, attaques de mercenaires, permet de ne jamais se lasser malgré la répétition de certaines tâches.


Le travail effectué sur Kassandra est pour moi le deuxième point fort de ce jeu. Excellente idée de proposer au joueur d’incarner une femme ou un homme pour permettre au maximum de joueur et joueuse de s’identifier au protagoniste principal. J’attendais depuis très longtemps cette possibilité de vivre une expérience vidéoludique à travers le destin d’une femme forte. On sent que les équipes de développeurs ne l’ont pas considéré comme une option en complément d’Alexios, mais comme un personnage à part entière.


Aucun jugement n’est fait sur le fait qu’elle soit une femme et une guerrière puissante. Ni trop féminine ni trop masculine dans ses traits et attitudes, Kassandra ne tombe dans aucun stéréotype de genre avec un physique en total adéquation avec son activité de mercenaire.


Ses remarques partagées uniquement avec nous sur son environnement nous accompagnent régulièrement et la rendent d’autant plus vivante. On ressent sa rage intérieure et sa force dictée par une enfance rude, même si elle est tout autant capable d’empathie et d’humanité. Ce bon équilibre permet de nous attacher facilement à sa destinée. Son intensité donne vie à chacune de ses répliques et actions. Percutante, elle est de loin plus intéressante que l’ensemble des derniers personnages des précédents Assassin’s Creed. Elle apporte en supplément une dose d’humour et de charme bien placée.


Les personnages secondaires que l’on retrouve avec plaisir tout au long de l’histoire sont également très charismatiques, attachants et évoluent. La représentation des hommes et des femmes est intéressante et équilibrée (différentes musculatures, morphologies, couleurs de peau et orientation sexuelle). Mêmes les enfants sont drôles et capables d’attirer notre attention en faisant preuve d’ingéniosité.


Même si les moments joués à notre époque contemporaine se font rares, la métahistoire est omniprésente dans le parcours de Kassandra et la relation Isu / mythologie grecque est facilement compréhensible et justifiée.


Chaque Assassin’s Creed possède cette capacité de saisir l’intensité d’une époque charnière de l’Histoire, avec ce qui nous rejoint tous en tant qu’être humain, peu importe notre situation géographique ou temporel. Dans cet opus, Ubisoft m’a permis de vivre une véritable aventure riche en émotion avec un modèle féminin intéressant, inspirant et indépendant. J’ai vécu ma propre odyssée grecque par le biais d’un personnage qui marquera pour ma part le monde du jeu vidéo.

Eilujrig
9
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Créée

le 7 juin 2019

Critique lue 139 fois

Eilujrig

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