Avant la critique du jeu je souhaitais dire un petit mot sur Eivor. Avant l'aventure, vous pouvez choisir le sexe de votre personnage ou bien laisser l'Animus choisir pour vous. Et si vous laissez l'Animus choisir, vous jouerez automatiquement la version féminine d'Eivor. Et là déjà, ça me chiffonne un peu. Pourquoi nous laisser le choix ? Puisque visiblement celui à faire est le personnage féminin ? Là dessus Ubisoft aurait du nous imposer ce personnage féminin. Car oui, ça a une vraie importance narrative et scénaristique. Ici, je parlerai donc d'Eivor au féminin.
Une technique digne d'Hoder
Commençons par le moins bon. J'ai fait le jeu sur PC, équipé d'une carte graphique RTX-2060 et d'un processeur Intel Core I5-8500.
Soyons clair, je m'attendais forcément à beaucoup de bugs inhérents aux open worlds mais certainement pas à une telle catastrophe technique. Les bugs sont constamment présents tout au long de l'aventure, ça va du simple bug de collision à Eivor qui décide de rester bloquée dans une conversation sans possibilité d'en sortir. J'ai aussi eu des objets qui volent, ou bien une pyrogue qui a eu l'envie de rentrer dans mon drakkar lors d'un amarrage (oui oui, un bateau dans un bateau, un bateau-ception).
Sans évidemment oublier le framerate qui descend à moins de 10 images par seconde sans raisons, ce qui m'oblige à relancer mon jeu plusieurs fois par session; et le pire, le jeu qui crashe littéralement toutes les deux heures. Additionnez tout ça et croyez moi, j'ai eu envie de le désinstaller plus d'une fois.
Au-delà de tout ça, pardonnez moi l'expression, mais bordel ce que c'est beau ! Des montagnes enneigées de Norvège aux plaines verdoyantes d'Angleterre en passant par les pics escarpés du Vinland, vous serez toujours transportés vers d'impressionnants panoramas qui raviront les fans du mode photo. Les multiples châteaux et quelques villes de la Grande Bretagne du Moyen Age sont aussi superbement modélisés. Côté textures, elles sont souvent jolies mais parfois assez baveuses, est-ce vraiment reprochable à un jeu avec un terrain si grand ? A mon sens, non. Petit bémol ceci dit pour la direction artistique: j'ai trouvé les couleurs parfois trop orangées en Angleterre et parfois trop rosées en Norvège. Pour ce qui est des PNJ, les expressions faciales des personnages principaux m'ont agréablement surpris, mais pour l'immense majorité elles se contentent de faire le strict minimum.
Le gameplay et l'immersion se partagent le trône d'Asgard
Et là, Valhalla fait très fort ! Cet opus renoue enfin avec ce qui a fait le succès de la saga par le passé. Exit la lance de Léonidas qui fait l'effet d'un couteau suisse et (re)bonjour la lame secrète avec laquelle vous pouvez assassiner n'importe qui en un coup. Fini aussi les grands camps avec cinq polémarques à tuer pour compléter ses objectifs, dorénavant vous pouvez tout à fait entrer dans un camp, récupérer ses richesses directement et repartir avec un sentiment de fierté de ne pas avoir été repéré.
Le système de combat est quant à lui toujours aussi efficace manette en mains bien qu'il ait assez peu évolué, excepté l'ajout d'une jauge d'endurance bien oubliable. Pour être honnête, je n'ai jamais pris autant de plaisir à me battre dans un Assassin's Creed, démembrements et autres décapitations rendent les combats plus crédibles et consistants. Les raids sont aussi de la partie et font partie intégrante votre immersion en tant que viking. Ils consistent à piller les monastères d'Angleterre pour récupérer leurs richesses et les utiliser au sein de votre colonie, ils sont donc indispensables à son développement. Petite chose sympathique, si vous êtes censé en piller un lors de la quête principale mais que vous l'avez déjà fait en exploration, vous n'aurez pas à le refaire.
Dans cet épisode, le viking c'est vous. On vous le fait bien sentir, vous n'êtes pas le bienvenu en terre Saxonne et vous devrez faire preuve d'un peu de malice pour vous infiltrer là où on ne veut pas de vous. Cachez vous sous votre capuche, marchez parmi les moines ou camouflez vous sur les bancs si vous ne voulez pas être rapidement attaqué par une horde de gardes assoiffés de sang Nordique. Si à tout hasard cette approche ne vous convient pas vous pouvez toujours foncer dans le tas et balancer des grands coups de hache ! Et c'est là que réside une des grandes forces de Valhalla: il vous laisse le choix de l'infiltration ou de la baston là où Origins et Odyssey vous obligeaient à découper la moitié du monde antique (Bizarre pour "Ceux qu'on ne voit pas" non ?).
Les petits événements qui remplacent en un sens les quêtes secondaires sont vraiment bien intégrés et vous feront systématiquement changer de direction pour voir ce qu'il se passe sur votre route. Ce sont de vraies petites bribes de vie qui ne durent que deux à trois minutes maximum et renforcent cohérence et crédibilité de l'open world. Red Dead Redemption 2 serait-il passé par là ?
Pour résumer cette partie, Valhalla ne prend pas de risques et tire le meilleur de ce qui a déjà été fait auparavant dans la saga. Il faut dire que ça fonctionne très bien et on sent que sur ce point là, les joueurs ont été écoutés ! Merci Ubisoft, vous commencez à apprendre avec le temps.
Un scénario trop haché
Au début, les événements s'enchaînent vraiment bien et coulent presque de source ! Vous arrivez en Angleterre pour diverses raisons puis comme vous n'êtes pas souhaités vous devez donc trouver du soutien chez vos pairs déjà installés depuis un moment. Pour cela vous allez devoir parcourir les régions d'Angleterre, couronner des rois, déceler des traîtres et accroître votre renommée. Je commençais à être agréablement surpris. Et quelle ne fut pas ma déception en me rendant compte qu'il y avait quasiment une vingtaine de régions à "conquérir" et que les intrigues se ressemblaient toutes ? Sans oublier que l'immense majorité des personnages secondaires est parfaitement oubliable. Alors c'est quand même sympathique à suivre sur le moment, mais vraiment beaucoup trop long et répétitif.
En ce qui concerne la fin, elle est d'une qualité stratosphérique, je ne me souviens pas d'une fin aussi bien depuis Assassin's Creed 3. Sauf que là ça pèche encore, elle est hachée entre diverses quêtes principales différentes, ce qui la rend, de fait, moins organique et compréhensible que ce qu'elle devrait être.
Conclusion
Petit point VF avant de finir, j'ai été positivement surpris de sa grande qualité pour une grande majorité des personnes du titre. Petite mention spéciale pour les comédiens de doublage Mario Bastelica (Eivor H), Anne Dolan (Eivor F), Emmanuel Gradi (Sigurd), Laurence Dourlens (Randvi), Jérémie Covillault (Ivar), Lionel Tua (Basim), Sébastien Desjours (Aelfred de Wessex).
Pour terminer, je dirais très simplement que j'ai adoré cet Assassin's Creed, bien plus que ses deux grands frères. Il a encore beaucoup de défauts à corriger pour la suite de la saga, mais je pense qu'Ubisoft est sur la bonne voie de ce coté là.
Je conseillerais le jeu aux fans des premières heures de la saga tout comme aux néophytes, ainsi qu'aux personnes attirés par l'univers viking et la mythologie nordique.
Je ne lui octroie qu'un 7/10 car la technique plus que bâclée à la sortie a bien failli me faire casser toutes sortes de périphériques.